A quelques jours du lancement officiel de la campagne électorale, la wilaya de Tizi Ouzou donne cette impression de vivre en dehors de cet événement. Certes, au niveau de la ville de Tizi Ouzou, les associations et autres soutiens au président-candidat multiplient contacts, rencontres et meetings. Une activité soutenue, mais apparemment sans impact réel sur la population. Il est vrai qu'en dehors des partis politiques tels le RND, l'UDR ou autres, le reste de la mouvance offre le spectacle désolant de personnes bataillant pour des...postes. C'est le cas par exemple, pour la bataille déclenchée autour de la présidence du directoire de campagne pour la wilaya de Tizi Ouzou. Une bataille assez rude que les partis politiques associés voient d'un mauvais oeil. L'autre aspect est cette fièvre qui semble caractériser quelques régions de Kabylie, et cette violence qui commence à percer. Ainsi et après que les archs de l'aile dite dialoguiste a empêché une conférence à Tizi-Rached, le même scénario et en plus violent est signalé à Timizart contre une conférence du RCD. Cette position des archs étonne plus d'un, et les gens du FFS et ceux du RND ; cet étonnement est d'autant plus grand que cette aile des archs, laisse les activités de la mouvance présidentielle se faire dans le calme. C'est ce qui fait dire à beaucoup de citoyens que «les choses sont loin d'être claires!» C'est dans la rue que les choses semblent se dessiner. A Tizi Ouzou-ville garnie d'affiches noires de la Cadc des archs dialoguistes, appelant au rejet de l'élection, les citoyens abondent en commentaires : les uns prônant le rejet, les autres appelant à voter en masse. C'est ainsi que Ouerdia, une jeune enseignante de Tizi Ouzou dira: «Je pense que la région ne votera pas. La Kabylie a toujours eu le plus fort taux d'abstention. Les choses viennent, à mon avis, de loin si l'on s'arrête seulement à 1962, nous constatons que les élections truquées ont tué les élections! Personnellement, je ne crois pas aller aux urnes. Il semble, à lire la presse, que les jeux soient faits!» Un autre jeune, refusant de donner son nom, mais insiste pour dire : «Qualité chômeur» commence par expliquer: «Le plus important est d'abord de coller aux réalités du pays ! L'essentiel pour nous: c'est un travail et ce n'est pas cette consultation qui va nous en donner. Je ne sais pas si je voterai, probablement pas!» Assistant à cet entretien, un vieux qui se présente comme «ancien moudjahed et militant de coeur du FLN», intervient: «La Kabylie s'est toujours isolée de la vie nationale. Nous devons aller en masse ce 8 avril et choisir l'homme de la situation. Et à mon avis, M.Ali Benflis est tout indiqué!» Plus loin, c'est un groupe de personnes qui discutent ferme de la prochaine élection. Au centre des discussions, les présidentiables, après avoir passé en revue les candidats et «analysé» ce que les uns et les autres sont en mesure de réaliser comme score le jour du scrutin, le groupe finit par dire: «Pourvu que les choses se passent bien! On a soupé de la violence!» Approchés, ces citoyens semblent donner une autre vision des choses, pour eux: «Le président passera certainement, il sera suivi de Benflis, puis de Djaballah!» Pour eux: «Sadi a la malchance d'être kabyle, il aura beau faire...Louisa Hanoune est une femme et Rebaïne pas réellement médiatisé!» Par ailleurs, le collectif des femmes du Printemps noir appelle la population à rejeter massivement cette élection...et appelle les femmes à montrer leur prise de conscience en rejetant massivement ce qu'elles appellent «une énième mascarade électorale.»