La situation prévalant actuellement en Kabylie n'a pas laissé indifférents certains acteurs politiques restés en marge des événements jusque-là. C'est le cas de nombreuses personnalités connues dans la lutte menée par le Mouvement culturel berbère. Ces derniers viennent de prendre une initiative salutaire en appelant à un débat pacifique et démocratique en Kabylie. Dans leur déclaration-appel, ils font d'abord un constat selon lequel «une culture d'intolérance et de violence s'installe de plus en plus en Kabylie», qui, regrettent-ils «s'est transformée d'un vaste forum de débat, d'échange d'idées, de compétition intellectuelle et politique en un espace fermé et asphyxiant». Ces citoyens énumèreront ensuite un certain nombre d'éléments qui illustrent parfaitement ce climat. «Des événements déplorables et douloureux ont été enregistrés», lit-on dans la déclaration qui note aussi que «des affrontements physiques entre citoyens se réclamant de visions politiques différentes», sont légion dans un climat de tension, de suspicion et de défaitisme. A cela s'ajoutent, estiment encore les rédacteurs «la violence verbale, l'anathème, l'insulte et l'invective, devenus des arguments les plus utilisés». Face à cette situation «porteuse de risques de dérapage», les initiateurs de l'appel interpellent «les acteurs politiques en particulier et la société civile en général pour plus d'engagement, de probité intellectuelle, d'éthique politique pour asseoir un débat libre et pacifique en mesure de clarifier les enjeux et de permettre l'émergence d'un Etat de droit». Parmi les signataires de l'appel figurent des noms connus sur la scène politique locale, à l'image de Brahim Tazaghart, Amar Mazdad, médecin et auteur d'expression berbère, Rachid Oulebcir, journaliste, et bien d'autres noms du monde culturel, artistique et économique. Par ailleurs, les observateurs politiques de la région se sont montrés très sceptiques, jugeant «l'opportunité de cet appel», qui risque de ne pas faire long feu. Même s'il n'est jamais trop tard pour bien faire, il n'en demeure pas moins qu'intervenant à la veille de la présidentielle du 8 avril, nombreux seront les citoyens qui douteront de sa sincérité même si aucune allusion au scrutin n'est faite, même de manière insidieuse.