Les choses s'accélèrent d'une façon inattendue «Par cette décision, la justice vient de sauver le pays d'un affrontement certain», a déclaré M.Belayat commentant ce verdict. Incroyable revirement de la situation au sein du vieux parti. Le Conseil d'Etat a annulé, hier, la réunion que devaient tenir aujourd'hui, à l'hôtel El Aurassi des membres du comité central du FLN. Il y a trois jours, le tribunal administratif a annulé une plainte introduite par des sages du parti dont Salah Goudjil dans laquelle ils ont demandé l'annulation de la réunion qui devait se tenir à El Aurassi. M.Goudjil et ses compagnons ont avancé comme argument la non-légitimité de cette réunion au regard de la loi sur les partis politiques dans ses articles 42 et 43, traitant des règles et procédures relatives aux réunions des sessions ordinaires et extraordinaires et les réunions périodiques des organes des partis. Partant du rappel que la dernière session du 31 janvier 2013 a été clôturée, Salah Goudjil explique que seule la direction du parti est habilitée à convoquer une réunion des organes du parti. Dans un premier temps, la justice a débouté la demande de M.Goudjil et ses compagnons. Ces derniers ont alors introduit une demande en référé auprès du Conseil d'Etat qui a notifié, hier, en fin d'après-midi, sa décision. Le Conseil d'Etat a estimé que l'autorisation délivrée par le ministère de l'Intérieur n'est pas conforme aux statuts du parti. Avec ce verdict qui est tombé tel un couperet, toutes les cartes sont rebattues. La réunion d'El Aurassi est annulée et celle programmée au siège du parti par les partisans de Belayat n'étant pas autorisée. «Nous sommes à présent dans une nouvelle situation politique, nous devons convoquer une autre réunion qui va rassembler toutes les tendances du parti» a réagi Salah Goudjil saluant cette décision de la justice algérienne. «C'est réellement la prédominance du droit et de la jurisprudence», a-t-il dit à L'Expression. Hier, le siège du parti était en liesse où a été improvisé un point de presse animé par le coordinateur du mouvement de redressement, Abdelkrim Abada et le coordinateur du parti Abderrahmane Belayat. Etaient présents également Salah Goudjil, Abderrachid Boukerzaza, L'hadi Khaldi, Bourezam et d'autres responsables. Le coordinateur du FLN, Abderrahmane Belayat, a lui aussi applaudi la décision du Conseil d'Etat. «J'ai la décision d'annulation. Le Conseil d'Etat a annulé la réunion. Je vais préparer tranquillement l'organisation d'une session de cette instance», a précisé M.Belayat. «Par cette décision, la justice a sauvé le pays d'un affrontement» a ajouté M.Belayat expliquant qu'il a refusé de convoquer la tenue de la réunion du CC pour ne pas approfondir la division au sein du parti. «On a voulu nous forcer la main mais nous, nous maîtrisons bien la situation», a-t-il ajouté annonçant qu'il animera aujourd'hui à 10h un point de presse pour clarifier plusieurs points. De son côté, le coordinateur du mouvement de redressement, Abdelkrim Abada a estimé que «c'est une victoire du FLN et de ses militants». «C'est une erreur administrative corrigée par la justice», a ajouté M.Abada accusant sans sourciller les membres du bureau politique «être derrière cette catatstrophe». Le coordinateur du mouvement a de ce fait souligné que désormais «seul M.Belayat est habilité à convoquer la réunion du comité central et que toute tentative de convoquer une réunion sans son aval sera avortée par la force de la loi». Tout était fin prêt. Les travaux de la session du comité central du FLN, convoquée par le groupe d'Ahmed Boumehdi qui soutient la candidature de l'ancien président de l'APN, Amar Saâdani, devaient s'ouvrir ce matin à l'hôtel El Aurassi. Le bras de fer était alors engagé: d'un côté, les partisans du coordinateur du bureau politique, Abderrahmane Belayat, qui, convaincus de la justesse de leur action, ont gardé jusqu'à l'ultime minute l'espoir de voir le Conseil d'Etat, auprès duquel ils ont introduit un recours après avoir été déboutés par le tribunal administratif, invalider l'autorisation accordée par l'administration au groupe de Boumehdi de se réunir à l'hôtel El Aurassi. D'un autre côté, les partisans de Boumhedi, forts de l'autorisation du ministère de l'Intérieur, préparaient sereinement leur rendez-vous qui allait porter Amar Saâdani à la tête du FLN. Ils affirment que «dès aujourd'hui, Saâdani sera le nouveau secrétaire général du FLN». Plusieurs d'entre ces membres avaient déjà occupé les chambres à l'hôtel El Aurassi. Mais c'est sans compter sur les revirements de dernière minute dont seuls les vieux routiers du parti ont la formule magique.