Dès 2005, date de l'attribution des logements Aadl, le problème des pannes des ascenseurs s'est posé On s'interroge sur ces pannes récurrentes dans les cités Aadl, alors que des ascenseurs vieux de plus de 80 ans fonctionnent normalement. Locataires et copropriétaires de logements de l'Agence de l'amélioration et de développement du logement (Aadl) vivent au quotidien depuis plusieurs années un véritable calvaire: une panne des ascenseurs d'immeubles allant jusqu'à 20 étages qui dure. Pour les habitants de plusieurs cités de l'Aadl de la wilaya d'Alger, construites en unités urbaines intégrées, les pannes des ascenseurs d'immeubles de 16 étages et plus sont devenues de plus en plus fréquentes, les mettant devant un affreux dilemme: emprunter les escaliers pour descendre et monter chaque jour des milliers de marches. En fait, dès 2005, date de l'attribution des logements Aadl, le problème des pannes des ascenseurs s'est posé. «Il se pose aujourd'hui avec acuité tant il devient incommodant pour les habitants, notamment les personnes âgées, les enfants, les femmes enceintes, les handicapés et les malades chroniques (asthme, diabète et autres), affirme un habitant. A la cité Aadl de Bir Mourad Raïs, un résident a indiqué que la plupart des habitants des étages supérieurs étaient «assignés à résidence» à cause d'un ascenseur capricieux, tombé en panne peu avant le mois de Ramadhan, alors que l'autre ascenseur de l'immeuble «a rendu l'âme depuis plusieurs années et n'a pas été réparé». Les témoignages sur cette situation ubuesque sont nombreux. «En raison de son diabète, un habitant du 15e étage a été obligé de déménager jusqu'à la réparation de l'ascenseur», selon ses voisins. Nombreux sont, par ailleurs des habitants de ces cités qui s'interrogent sur ces pannes récurrentes d'ascenseurs des cités Aadl, alors que des ascenseurs vieux de plus 80 ans fonctionnent normalement dans les vieux quartiers de la capitale. Les ascenseurs de certaines administrations publiques et établissements hospitaliers, avec une grosse pression toute la journée, 7j/7 et 12 mois/12, fonctionnent également sans «accrocs» ni «panne intempestive». Muraille de Chine «C'est comme escalader la muraille de Chine», lance un locataires excédé. Des questionnements «sans réponse», affirment des résidents. Pour étayer leurs «ras-le-bol» devant une situation qui tourne au cauchemar, ils exhibent des lettres et un rapport détaillé sur ces pannes adressées à la direction générale de l'Aadl depuis août 2012. «La direction générale de l'Aadl est bien au courant de ce problème, apparu depuis l'affectation des logements de l'agence à leurs copropriétaires», renchérit un résident d'El Achour. Dans ce quartier, considéré parmi les meilleurs de l'agence, les pannes affectent un ascenseur sur deux au niveau de chaque immeuble, a-t-on constaté Interrogés, les résidents ont tous affirmé qu'un seul ascenseur était insuffisant pour répondre à la demande de 60 familles habitant l'immeuble. Dès lors, ils demandent une séparation entre les charges relatives aux coûts des prestations et les mensualités pour l'acquisition du logement. «Il est de notre droit de refuser de payer les charges mensuelles si nous ne bénéficions pas des prestations énoncées dans le cahier des charges», s'est exclamé un habitant du quartier Aadl de Sebala. «L'agence nous oblige à payer les charges et les mensualités du logement, alors que les ascenseurs ne fonctionnent pas», a-t-il poursuivi. Selon les habitants, les ascenseurs installés au niveau des tours sont de «mauvaise» qualité au vu des pannes fréquentes. Un ingénieur spécialisé dans la maintenance des ascenseurs qui a requis l'anonymat, a révélé que les ascenseurs installés dans la plupart des immeubles ne sont pas fabriqués par les groupes reconnus mondialement, faisant remarquer que l'Aadl a opté pour des constructeurs à bas coût au détriment de la qualité. Plus de 1200 pannes ont été recensées Il a ajouté que l'Aadl a recouru même à des équipements déjà utilisés dans d'autres quartiers pour dépanner, selon des sources informées. Pis encore, des habitants pointent du doigt les techniciens de l'agence qui, pour réparer des ascenseurs en panne, se contentent de bricolages rapides et approximatifs en réutilisant parfois des pièces de rechange extraites d'ascenseurs en panne. Le directeur général de l'agence, Elias Benidir, reconnaît qu'il «est difficile d'améliorer les choses au niveau de ces quartiers où plusieurs dépassements sont à déplorer». «Nous avons rencontré d'énormes difficultés pour la concrétisation du cahier des charges relatif à la gestion des cités relevant de l'agence du fait d'un passif, notamment pour ce qui a trait aux critères de recrutement d'embauche des agents», a-t-il déclaré. «L'année dernière seulement, l'agence a congédié 14 gardiens dont la majorité a refusé de quitter les habitations qui leur ont été attribués en contrepartie de l'entretien de l'immeuble», a-t-il dit, imputant les pannes d'ascenseurs au manque de gardiens chargés de l'entretien. Le responsable a cependant, souligné la détermination de l'agence de poursuivre ses efforts à travers sa filiale «Gest Imo» pour l'amélioration des conditions de vie dans ces quartiers. «Sauf que cette filiale, a-t-il regretté, compte pour remédier aux pannes sur un petit groupe composé de quelques ingénieurs et techniciens n'ayant pas de formation dans le domaine des ascenseurs. Il a déploré, d'autre part, le manque de civisme chez 80% des habitants qui s'adonnent à des actes de sabotage sur les appareils et la destruction des câbles électriques. Il est inconcevable de faire transporter des matériaux de construction dans les ascenseurs, conçus initialement pour le transport de personnes puis venir, par la suite, annoncer une panne», a-t-il ajouté. Par ailleurs, l'opération de réparation des ascenseurs a coûté près de 56 millions de DA au budget de l'agence en 2012 et 60 millions de DA les six premiers mois de l'année en cours, selon le responsable de l'agence qui a tenu à faire savoir que désormais, l'agence «ne prendra plus en charge la réparation d'ascenseurs tombés en panne plus d'une fois». Pour les habitants des cités Aadl à Alger interrogés, le vrai problème «n'est pas tant dans ce qui est chargé sur ces ascenseurs, mais la qualité, la fiabilité et le manque d'entretien périodique de ces appareils». Au cours du dernier mois de Ramadhan, au moins 1200 pannes ont été recensées. «Trop c'est trop», lâchent, dépités, des résidents. L'Aadl a lancé un appel d'offres international début août dernier pour la réparation de quelque 1456 ascenseurs. La formule location-vente, lancée en 2000, a permis la construction de 55.000 logements à travers 24 wilayas, dont 25.000 logements Aadl dans la wilaya d'Alger.