24 heures avant le début officiel de la compagne électorale, le siège du parti El-Islah était en alerte. M.Benabdessalam, le chargé de communication, n'a plus le temps, contrairement à ses habitudes, pour engager de longues conversations avec la presse nationale. «Je m'excuse, je suis très préoccupé», a-t-il répondu à la quasi-totalité des sollicitations des journalistes. Faisant les cent pas dans les locaux restreints du parti, le «gentleman» d'El Islah n'avait à l'esprit que la tournée d'aujourd'hui qui conduira Djaballah à Boumerdès. Donnant des coups de fil par ci, en recevant d'autres par là, il a tout passé au peigne fin afin de ne rien laisser au hasard. Exceptionnellement, la porte principale est restée momentanément ouverte. Les va-et-vient incessants ont rayé les formalités ordinaires. Au bas de l'immeuble, les véhicules des députés, bien entendu d'obédience El-Islah, n'ont point cessé d'affluer. Chacun avec ses conseils et ses remarques, «l'événement» de Boumerdès n'est pas du tout pris à la légère. «Tous les militants et sympathisants sont ardemment mobilisés afin que l'entame de la compagne électorale soit une réussite majeure pour notre candidat», nous a déclaré un député d'un ton frisant l'optimisme. En effet, d'après les confessions de certaines sources proches de Djaballah, tous les élus locaux du MRN ainsi que d'autres cadres ont été instruits de «se dépenser à fond». Aussi, selon les mêmes sources, plusieurs militants ont fait le déplacement, il y a deux jours, à la wilaya de Boumerdès dont la mission consistait à prendre le pouls de cette contrée. «On ne craint rien ; mais c'est bien de prendre ses précautions», nous a-t-on signalé. Au coeur de cette effervescence extraordinaire, des expressions de joie accompagnent machinalement les gestes de tout le groupe. Le charisme du «cheikh» qui a su conquérir les coeurs de tant de militants islamistes, a laissé la famille du MRN ne penser qu'au chemin qui mène à El-Mouradia. Du simple militant au responsable supérieur, on s'extasiait à s'échanger «les prouesses» de Djaballah. Ces discours constituent une référence à toute explication. En dépit de cette volonté de fer, le «peu» de moyens est fortement regretté. «C'est avec des moyens rudimentaires qu'on s'apprête à engager une bataille capitale», a regretté un député. «Cependant, un pareil cas de figure, a-t-il renchéri, ne nous empêchera aucunement d'aller jusqu'au bout». A se fier à leurs aveux, les sympathisants de Djaballah sont «prêts à se dépenser à fond afin de faire du cheikh un roi au lendemain de 8 avril».