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El Islah rêve de prendre le pouvoir « un de ces jours »
voyage à l'intérieur des partis
Publié dans El Watan le 05 - 04 - 2006

16h30. Avant de quitter le siège national du parti, appartement en location-vente, au carrefour de Bir Mourad Raïs et en contrebas du Palais présidentiel, sur les hauteurs d'Alger, Abdallah Djaballah, araqiya blanche sur la tête, s'arrête un instant devant la porte, ajuste la veste de son costume comme s'il s'apprêtait à affronter quelqu'un ou quelque chose tapi dans la cage d'escalier.
Deux fois candidats à la magistrature suprême, il est le leader d'un parti « d'essence intellectuelle islamique », comme aiment à le définir les cadres, le Mouvement pour la réforme national (MRN), El Islah (la réforme), formellement né en août 1999, suite à un schisme provoqué au sein d'Ennahda, reprise depuis par Lahbib Adami, « qui a fini par être nommé ambassadeur extraordinaire en Arabie Saoudite », indique Lakhdar Benkhellaf, chargé de l'organique à El Islah.
Formellement », car il existait sous différentes formes depuis les années 1970. « Tous ceux qui ont contribué à faire éclater Ennahda ont été largement récompensés », ajoute le même homme, qui a rejoint Djaballah dans la clandestinité en 1978. Il a cité quelques noms... Abdallah Saâd Djaballah, lui, était rentré en clandestinité en 1974 et l'on se souvient de lui à l'université de Constantine, lui le natif de la région de Skikda, à l'est du pays, et son groupe s'appelait, on le devine, Djamaât Djaballah, le « groupe de Djaballah ». l'Islamisme, le berbérisme et le communisme, lors de cette ère du « socialisme spécifique » prôné par le système du parti unique drivé par Houari Boumediene, avaient rejoint le maquis de la contestation. « Avec l'ouverture du champ politique en 1989, nous avons lancé l'association pour la réforme sociale et culturelle et on voulait, avant de passer au statut de parti une année plus tard, jauger la volonté du pouvoir à aller réellement vers le multipartisme », raconte le chargé de l'organique. Quelles étaient les relations avec le fougueux Front islamique du salut, né après l'adoption par référendum de la Constitution du 23 février 1989 ? « Nous leur disions en juin 1991 : ‘‘Attention, n'allez pas à la grève, à l'insurrection civile ! Il en découlera une situation dangereuse.'' Mais... », lâche Benkhellaf, qui rappelle que son parti est signataire du « contrat national de Rome » (adopté à Sant'Egidio en janvier 1995), « actuellement en application », estime-t-il.
Programme présidentiel ? « Idée caduque »
Il n'exclut pas que des anciens du FIS rejoignent El Islah aujourd'hui à la faveur de l'actuel climat « réconciliateur ». « Chaque citoyen jouissant de ses droits civiques et politiques peut nous rejoindre, à condition », précise ce proche de Djaballah, « de croire à l'action politique pacifiste, officielle et publique »... Et s'acquitter des 200 DA annuels de droits d'adhésion et des 200 DA de cotisation mensuelle. « Nous sommes ouverts à tous. Avec les salafistes, on peut discuter et voir si on peut unir nos efforts pour le l'intérêt général », poursuit-il. El Islah est-il un parti islamiste ? « Nous n'aimons pas cette qualification », dit M. Benkhellaf, avec une moue désapprobatrice. « Nous sommes un parti politique avec une référence intellectuelle islamique. En fait, toutes les formations qui n'ont pas cette référence devraient être déclarées anticonstitutionnelles, car l'article2 de la Constitution proclame l'Islam religion de l'Etat et l'article 49 charge les institutions d'interdire, entre autres, les pratiques contraires à la morale islamique. » Mais l'article 2 est exactement le levier sur lequel Ali Benhadj s'est appuyé à maintes reprises pour légitimer la politisation de la religion et sa pénétration à travers les espaces publics. « Oui, je sais... », répond l'homme qui nous reçoit dans son bureau au quatrième étage feutré de l'APN, la chambre basse du Parlement. Bureau moyennement faste : trônent sur les murs le portrait officiel de Abdelaziz Bouteflika, un verset du Coran calligraphié et la déclaration du 1er Novembre 1954. « Sommes-nous pour l'instauration d'un Etat islamique ? Notre souci est de construire l'Etat de Novembre 1954. La première partie de cet idéal », « l'Etat algérien souverain, démocratique et social », a été réalisée par les moudjahidine de la guerre de Libération. Reste à concrétiser la suite de la phrase, « Dans le cadre des principes islamiques ». Le second objectif de la déclaration historique, revendiquée par tous les pouvoirs successifs, par l'ANP et les scouts et par toutes les formes d'opposition, de l'ex-FIS au PST, précise comme deuxième objectif de la Révolution : « Le respect de toutes les libertés fondamentales sans distinction de race et de confession ». « Nous ne voyons aucun modèle étranger pour le mode de gouvernance qu'on veut... Je ne veux citer aucun pays... Mais ce qui est sûr est que, si on accède au gouvernement, nous avons nos conditions », ajoute M. Benkhellaf : « Respecter nos quotas de ministres selon les résultats électoraux, on intervient dans le programme gouvernemental, car l'idée d'un ‘‘programme présidentiel'' est caduque, et ce sera nous qui choisirons nos ministres et non les autorités, comme c'est souvent le cas. Ministres qui jouiront de leurs prérogatives. » Le parti se prépare, « officiellement depuis le début 2006 », pour les échéances de 2007, année des élections législatives et locales : meetings, réunions de cadres, etc. « On prépare même à l'avance les listes pour les deux élections afin de ne pas avoir de mauvaises surprises », indique-t-on. « Nous ne faisons pas comme d'autres partis qui participent au gouvernement en acceptant de nommer de ses rangs les ministres les plus dociles », attaque calmement M. Benkhellaf. Commentant les élections locales de 2002, El Watan notait que « le net recul du MSP et d'Ennahda semble être lié à leur logique participationniste : être au gouvernement et faire l'opposition. Chose à laquelle s'est rendu compte Abdallah Djaballah d'El Islah qui, après les législatives, a refusé de faire partie du gouvernement Benflis. El Islah évolue à contresens du MSP et d'Ennahda. Il a, entre les législatives et les locales, gagné plus de 200 000 voix ». En 2002, El Islah a glané 43 sièges à l'APN et siège dans 628 communes sur les 1541, il en contrôle 55. Le parti est également présent dans 44 Assemblées populaires de wilaya. Seule l'APW de Skikda, wilaya d'origine de Djaballah, est sous contrôle d'El Islah. « En matière de voix, et avec toute la fraude qui a entaché les élections successives, nous sommes le deuxième parti après le FLN », assure-t-on à El Islah, qui rappelle qu'en avril 2004, M. Djaballah s'est retrouvé à la troisième place avec un peu plus de 5%, derrière Ali Benflis avec 7,93% et le gagnant, Abdelaziz Bouteflika, avec plus de 84%. « Nous ne sommes pas dans l'opposition rien que pour faire de l'opposition. On veut prendre le pouvoir un de ces jours », proclame-t-on à El Islah qui revendique 220 000 adhérents. « 65% sont jeunes, entre 60% et 65% ont un niveau universitaire, et à peine 8% sont des femmes... Ces dernières sont bien représentées parmi nos élus locaux », dit fièrement le chargé de l'organique. Mais une seule femme El Islah siège au Parlement.
Djaballah maximo !
Djaballah n'est-il pas à la tête d'El Islah depuis trop longtemps ? Le zaïmisme, protubérance maligne du leadership, ne frappe-t-elle pas ce parti autant que certaines autres formations sans parler du pouvoir ? « Même en pleine clandestinité durant les années 1970 et 1980, le congrès secret élisait Djaballah et parfois, lui-même demandait à en être déchargé vu les risques et la lourde responsabilité. Et depuis 1994, le congrès l'a toujours plébiscité... Tenez, je me suis moi-même présenté aux élections pour le poste de président d'El Islah », lance M. Benkhellaf avec malice, se rattrapant de suite : « Mais je n'étais pas le seul candidat face à Djaballah... » « Souvent aussi, le président nous dit : ‘‘Je vous mène jusqu'au congrès et après votez pour quelqu'un d'autre'' », confie-t-il. Le cheikh est-il fatigué ? « Il s'est lassé du niveau dégradé de la pratique politique », poursuit le chargé de l'organique et un des hommes de confiance de M. Djaballah, avec un air de tendresse. Ce n'est plus comme avant ? Pas complètement, car elles ont de beaux jours devant elles, les pratiques de type opération « redressement », avatar atténué du « redressement révolutionnaire » de 1965 guidé par Boumediene contre Ben Bella. Après la guerre Adami-Djaballah en 1999, le « cheikh » est confronté depuis plusieurs mois à une fronde menée par l'ancien président du Madjliss echouri, conseil national, Mohamed Boulahya, exclu du parti avec 12 autres « redresseurs » par la commission disciplinaire en décembre 2003. Depuis, le groupe de frondeurs multiplie les « congrès » dans certaines wilayas et signe des communiqués avec le sceau d'El Islah avec Mohamed Djahid Younsi comme « secrétaire général » de ce El Islah-bis. L'affaire a été portée devant les tribunaux et le ministre de l'Intérieur a déclaré, en juillet 2005, que le « congrès » des dissidents était « illégal ». Ce qui n'est pas pour décourager M. Boulahya : « On attend les décisions de justice. On a la majorité du groupe parlementaire et, pour 2007, nous sommes prêts car bien présents dans les instances de wilaya. » « Chaque fois qu'un tribunal se déclare incompétent, ils crient à la victoire. C'est pathétique », lâche un jeune cadre d'El Islah. Comme pour l'opération de « redressement » qui a fait du FLN un attelage solide pour la monture présidentielle en 2004, certains cadres d'El Islah pensent que des mouvements de dissidence sont fréquents à l'approche des rendez-vous avec les urnes En juin 2005, le parti a accusé le RND d'être derrière ces « tentatives de déstabilisation ». Le RND d'Ahmed Ouyahia a cordialement démenti. Sans plus, ni suite. Retour à l'appartement qui sert de siège à El Islah : M. Djaballah descend seul les escaliers, attend un moment devant l'entrée de l'immeuble où se trouve une station d'essence. Des passants lui jettent des regards d'une « tête déjà vue ». Les gardes se positionnent discrètement de l'autre côté de la rue. Il monte dans une Mercedes « quatre phares - belloggi » noire immatriculée au Val-d'Oise (95), en région parisienne, en France. Clignotant à droite. A petite vitesse...


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