Pas de grande affluence au nouveau siège du parti El Islah sis à la rue Bouchenafa, dans la commune de Belouizdad à Alger. Une construction toute nouvelle qui appartient à l'OPGI. La bâtisse, qui accueille la direction de campagne du candidat Djahid Younsi, est en chantier. «Cela fait moins de dix jours depuis que nous sommes installés ici. Juste le temps de mettre en place nos affaires et installer les commissions», indique Mohamed Salah Mana, le chargé de l'information. En fait, rien n'indique un début de campagne électorale en faveur du candidat islamiste : ni affiches ni haut-parleurs qui appellent à un vote massif… Absolument rien qui fasse allusion à l'élection présidentielle d'avril 2009. Sauf peut être le chassé-croisé des voitures des militants et du staff de campagne mais aussi du candidat lui-même qui se rend régulièrement au siège du parti pour s'enquérir de l'évolution des préparatifs. «La campagne n'a pas encore commencé» affirme, simplement, notre interlocuteur. Le représentant du candidat Djahid Younsi soutient toutefois que «tout est fin prêt pour le lancement de la campagne électorale le 19 mars». C'est le candidat lui-même qui l'inaugurera par un meeting à Blida. C'est également lui qui la clôturera par un autre à Alger. Le parti El Islah prévoit une centaine rassemblements dans différentes wilayas du pays. Selon M. Mana, qui estime le budget alloué à la campagne électorale «modeste» pour ne pas dire «faible», en comparaison avec «les moyens mis à la disposition» du candidat Abdelaziz Bouteflika, l'équipe de Djahid Younsi se lance avec «optimisme» et «détermination» dans la course électorale. «Nous n'avons pas d'autre choix que de nous lancer dans ces élections présidentielles pour contribuer au changement. Nous respectons ceux qui appellent au boycott mais nous refusons la politique de la chaise vide», explique M. Mana, rappelant à l'occasion le slogan de campagne du candidat Djahid Younsi : «Les élections, votre chance de changement». Appelant ainsi à une participation large des citoyens au scrutin du 9 avril prochain, le représentant du candidat islamiste soutient que c'est seulement avec sa mobilisation et sa participation aux élections que «le peuple algérien pourra être maître de sa destinée… Le contraire, ce sera le chaos». «Le changement ne sera possible que par une participation massive des citoyens. Si les Algériens ne s'expriment pas, ils n'auront pas ce à quoi ils aspirent… Nous leur offrons cette chance de changement», lance, de son côté le candidat Djahid Younsi qui entre dans son bureau, quelque peu pressé. «C'est en donnant leurs voix au candidat de leur choix que les citoyens algériens réussiront à barrer la route aux tentatives de détournement de leur volonté», dira encore le candidat d'El Islah, non sans exprimer, lui aussi, son indignation devant «l'inégalité des chances» offertes au candidats. «Le candidat Bouteflika utilise les moyens de l'Etat pour sa campagne. C'est une grande erreur de sa part qu'il fasse davantage d'erreurs de ce genre ! Je saurais comment m'en servir», lance-t-il. Pour ce qui est de l'engouement pour cette campagne électorale, M. Mana, qui ne cache pas sa crainte de voir les citoyens y tourner carrément le dos -surtout après les appels au boycott de quelques partis politiques et certaines personnalités nationales et autres- estime que le pouvoir en place incite plus au boycott qu'au vote massif. «Malgré toutes les campagnes de sensibilisation lancées ça et là pour amener les gens à voter, c'est le contraire qui risque de se produite», affirme-t-il. Pourquoi? «Problème de chômage, crise de logement, mauvaise prise en charge médicale… sans compter le problème des disparus, des travailleurs licenciés pour cause de leur appartenance au FIS dissous… et tous les autres impacts de la tragédie nationale. Les Algériens se sentent exclus, marginalisés, non concernés par ce qui se passe dans leur pays», poursuit-il. Le candidat Djahid Younsi termine par afficher sa détermination à aller vers le changement: «Je vais faire de mon mieux pour apporter le changement». K. M.