Un lourd silence règne au sein de l'imposante bâtisse qui abrite le siège national du parti à Ben Aknoun. En y accédant, on se croirait dans un lieu déserté par ses occupants. Les apparences sont souvent trompeuses. C'était le cas du moins ce samedi, 17e jour du mois sacré de Ramadhan. «Allo, bonjour, je suis bien avec le secrétaire du bureau de wilaya du RND à Sidi Bel Abbès (...) Alors comment se passent les préparatifs des locales à votre niveau (...)? Parfait, l'opération est achevée à 90%, c'est une bonne nouvelle. Entre les candidats y a-t-il eu des querelles sur les têtes de listes (...). C'est une bonne chose. Concernant l'APW, l'on a opté pour votre collaborateur, je pense qu'il est effectivement bon.» Cet extrait est tiré d'une conversation téléphonique entre M.Miloud Chorfi, porte-parole du RND et M.Belahcen, responsable du parti dans la wilaya de Sidi Bel Abbès. Il est 13h25, un lourd silence règne au sein de l'imposante bâtisse qui abrite le siège national du parti à Ben Aknoun. En y accédant, on se croirait dans un endroit déserté par ses occupants. Les apparences sont souvent trompeuses. C'était le cas, du moins, ce samedi, 17e jour du mois sacré de Ramadhan: «Patientez, M.Chorfi va vous recevoir. Il est en train de faire la prière de Dohr», souligne le réceptionniste. Cinq minutes plus tard, nous sommes invités dans le bureau du collaborateur de M.Ahmed Ouyahia. Ce dernier nous remet un communiqué sur l'évaluation que fait le parti de la réconciliation nationale, deux ans après son adoption par le peuple. «En fait, il ne s'agit pas d'un communiqué, mais nous avons préparé cette déclaration dans le cas où la presse nous solliciterait.» Au RND, on semble ne pas laisser les choses au hasard. L'improvisation est bannie, surtout lorsqu'il s'agit d'un dossier aussi sensible que celui de la réconciliation nationale. Dans ce dossier, le parti constate que «les résultats réalisés jusqu'ici sont positifs, ce qui amène le RND à être très optimiste quant à l'avenir du pays». Mais à l'heure actuelle, il y a un autre dossier qui préoccupe le parti, ce sont les élections locales qui s'annoncent dans moins de deux mois. A partir de son bureau, Chorfi entre en contact avec toutes les wilayas pour se renseigner sur la confection des listes électorales. «Sidi Bel Abbès n'est pas un cas isolé, je peux dire sans réserve que nous avons achevé complètement l'élaboration des listes. Les dossiers administratifs sont au fur et à mesure déposés au niveau de l'administration» précise-t-il. Le Ramadhan n'a pas affecté le rythme du travail des cadres du RND, le secrétaire général, Ahmed Ouyahia, en premier lieu. «Il organise des séances de travail avec les cadres, pratiquement chaque jour. Il est en contact permanent avec les bureaux locaux pour évaluer les activités du parti et le rendement de ses militants.» Pour la énième fois, notre tentative de rencontrer Ouyahia est vouée à l'échec. «Désolé, il ne pourra pas vous recevoir, il préside une réunion avec la commission des élections locales», souligne Chorfi, «de toute manière, ajoute-t-il, les positions que j'exprime se réfèrent à ses orientations.» Le RND a décidé de reconduire la majorité des présidents des Assemblées élues en 2002 pour la prochaine échéance. La raison est simple: «De leur mandat, il ressort un bilan très positif. A quelques exceptions près, nos élus n'ont pas eu de démêlés avec la justice.» Deux atouts que le parti compte utiliser à fond dans sa campagne électorale. Pour ces élections, le parti a donné pleins pouvoirs aux commissions locales dans le choix des candidats qui doivent être «acceptés et respectés par la population». «Contrairement à certains partis nous n'avons pas de déficit en candidatures. Bien au contraire, nous avons enregistré un nombre extraordinaire de militants ayant exprimé le souhait de participer dans la gestion locale même au niveau des coins les plus enclavés du pays. Mais il fallait faire un choix et je pense que nous venons de gagner le premier pari.» Qu'en est-il des informations faisant état d'une fronde au niveau de la base dans plusieurs régions? «Ces protestations durent deux jours au maximum. Les choses finissent par rentrer dans l'ordre rapidement.» Chorfi tient quand même à nous parler des ambitions du RND pour le prochain rendez-vous électoral: «Nous entrons en compétition dans toutes les wilayas du pays avec la détermination d' améliorer notre score. Je pense que nous avons de sérieuses chances de dépasser le chiffre des 300 APC réalisé en 2002.» Lecture, rédaction et analyse 14h00. Nous quittons le bureau de Miloud Chorfi pour nous diriger vers la salle de conférences, au 7e étage. Les députés du RND ne chôment pas malgré le congé non officiel de l'Assemblée populaire nationale. L'ex-ministre des Finances Abdelkrim Harchoui préside une réunion avec une trentaine de parlementaires du parti pour examiner les dispositifs de la loi de finances 2008. Nous sommes autorisés à y rester quelques minutes. Harchaoui évoque l'assainissement des entreprises publiques. «Ce dossier doit être traité avec pragmatisme», dit-il en s'adressant à ses collègues: «Nous devons inéluctablement appuyer les entreprises publiques créatrices de richesses. Mais pour les entités déstructurées, il faut absolument qu'on accélère le processus de privatisation.» On en saura plus sur ce débat qui a duré quatre heures, le dimanche, 18e jour du mois sacré, avec notre rencontre avec Harchaoui au niveau du bureau du RND à Alger, sis à la Grande-Poste. L'ex-ministre venait d'arriver de l'APN: «Je suis parti à la bibliothèque de l'APN pour me procurer un livre afin de m'occuper un peu durant cette période creuse. Là j'ai demandé si les députés visitent le lieu, on m'a dit que depuis le début du Ramadhan aucun d'eux ne s'est manifesté.» Passionné de lecture et d'analyse? Harchaoui ne change pas ses habitudes durant le mois sacré: «J'arrive généralement tôt au bureau. Je passe ma journée entre la lecture, la rédaction et l'analyse, trois choses qui me tiennent à coeur. Je suis de caractère très calme, mais je m'emporte facilement si quelqu'un tente de me provoquer.» Ce n'était pas, bien sûr, l'objet de notre visite. Il s'est prêté volontiers et sans réserve au jeu de questions-réponses. Tout d'abord, il affirme que «les rencontres avec les parlementaires visent à créer une certaine cohésion dans la position du parti et à assurer une cohérence entre les différentes interventions de nos cadres au sein du Parlement lors de l'examen du projet de loi de finances 2008. C'est une tradition chez les partis. Tous les projets de loi sont discutés avant d'être examinés en plénière», déclare-t-il. Le RND a présenté 140 propositions, durant la campagne pour les législatives, «dont certaines sont susceptibles d'être prises en charge par la loi de finances 2008. Mais pour cela, elles ont besoin d'un appui financier». «C'est dans ce cadre que vont s'articuler les interventions et les amendements du parti.» Quand sera-t-elle débattue, justement, cette loi? Il pense que le Parlement a largement le temps pour examiner le projet. «Le report a obéi au souhait des parlementaires de retourner à la base pour se ressourcer», soutient-il. Notre discussion est interrompue par «la grande militante par conviction». Son nom? On l'ignore. Quand on le lui demande, elle affirme qu'elle ne veut pas être citée dans le journal: «Je suis une militante du RND et je le resterai jusqu'à la dernière goutte.» Harchaoui confirme: «Effectivement, c'est une grande militante par conviction, elle est toujours en première ligne pour mobiliser les citoyens durant les campagnes électorales.» Mais cette conviction partisane «ne lui pas assuré un toit.» Cette militante est venue réclamer son droit et solliciter les cadres du RND pour l'aider à réaliser son rêve. «Retournez à votre chorba et soyez-en sûre, nous allons tout faire pour résoudre votre problème», affirme Harchaoui. «Vous savez, personne n'a voulu écouter cette dame. Lorsqu'elle en a gros sur le coeur, elle vient soulager sa peine, ici au siège du RND en compagnie des militants», précise Mme Belsahnoun Fouzia, membre du bureau d'Alger. «Voilà un exemple de la Rahma. Elle vient du coeur et elle est sincère, pas comme celle exhibée par Ould Abbès à la télévision.» Mais on ne vient pas au siège du RND à Alger uniquement pour exposer les problèmes sociaux. On s'y rend, ces temps-ci, surtout pour défendre sa candidature aux élections locales. Chihab Seddik, député, est chargé du dossier. Sa mission est loin d'être une sinécure: «Je reçois quotidiennement des dizaines de personnes. A chacun ses doléances. Il y a ceux qui contestent le fait qu'on ait exigé un niveau universitaire, d'autres pensent qu'ils ont été écartés de manière injuste. Ce qui est normal à la veille de chaque rendez-vous électoral.» «Vous vous rendez compte, uniquement pour la wilaya d'Alger, nous avons 4096 candidatures pour 57 communes, et 345 pour l'APW.» Au cours de notre discussion, Chihab Seddik est sollicité pour jeter un oeil sur le dossier administratif d'un militant ayant émis le souhait de se présenter dans la commune de Bordj El Bahri. «Appelez-le», demande-t-il, à son collaborateur. Un candidat binational à la Casbah! Nous saurons plus tard que ce candidat a écopé d'une peine d'une année de prison ferme. Il ne pourra donc pas se présenter le 29 septembre, selon les critères fixés par le RND. Chihab reprend la discussion en mettant en exergue la complexité des procédures administratives, surtout en ce qui concerne l'état civil: «Pour retirer un certificat de nationalité, les candidats s'engagent dans un véritable parcours du combattant surtout pour ceux dont les grands-parents ne sont pas originaires de la région où ils se présentent.» «Les autorités se trompent en pensant qu'en alourdissant les procédures administratives, ils arriveront à contrer les dépassements», soutient-il. Les exemples ne manquent pas. Celui du candidat qui voulait se présenter dans la liste du RND dans la commune de la Casbah, à Alger, illustre parfaitement ce cas: «J'ai mené mes propres recherches sur cette personne dans l'optique de vérifier sa crédibilité dans son entourage. Grande fut ma surprise lorsque j'ai découvert que cette personne a une double nationalité (franco- algérien), bénéficie du RMI en France et il est chef de service dans une administration publique en Algérie. C'est scandaleux!» Chihab sourit lorsqu'on évoque une information publiée le même jour dans un organe de presse qui fait état «d'un exode collectif» dans les bases du parti à Ouargla. «On a aussi écrit qu'un milliardaire s'est présenté dans la liste du parti dans la commune de Kouba.» «M.Ouyahia m'a appelé pour se renseigner sur le cas de ce richard qui s'intéresse à la gestion de la commune. Je lui ai expliqué qu'il s'agissait, encore une fois, d'une information erronée.» Il est 15h30, nous quittons le siège du bureau du RND à Alger. Excepté Harchaoui qui a quitté le bureau pour «un rendez-vous de travail», les cadres et les militants du RND, principalement les membres de la commission électorale, s'affairaient à étudier les derniers dossiers. Le temps presse, l'on est à J-9 de l'expiration du délai fixé par l'administration centrale pour le dépôt des listes.