Le MSP, pourtant membre de l'Alliance présidentielle, est lui aussi parti en guerre contre ce projet. Le président du mouvement El Islah, M.Abdallah Djaballah, n'a pas mâché ses mots lors de la conférence de presse qu'il a animée hier, marquant ainsi son retour en force sur la scène politique après une brève léthargie estivale. En s'attaquant aux amendements apportés par le gouvernement concernant le code de la famille, le président d'El Islah sait très bien ce qu'il fait. Le sujet est très sensible. Il a failli, d'ailleurs, faire éclater l'Alliance présidentielle à plusieurs reprises. En excellente forme, M.Djaballah développera longuement son argumentaire autour des «modifications» du code qui régit la famille algérienne depuis 1984. Durant deux heures, l'ex-candidat aux présidentielles de 1999 et 2004, dans un arabe parfait, expliquera dans le moindre détail les raisons de son opposition au projet du gouvernement. Pour le conférencier, c'est carrément la chariâ qui est visée, en indiquant que ce n'est pas la première fois que les tenants du pouvoir tentent un coup de force pour abroger le code. «La première tentative a eu lieu en 1973 et il aura fallu la mobilisation de près d'un million de femmes pour que les pouvoirs publics, en ce temps-là, fassent marche arrière.» Pour le président du mouvement El Islah, il ne fait aucun doute: «Les forces proches de l'Occident sont derrière ces attaques contre les fondements mêmes de l'Islam.» «Profitant de la situation internationale caractérisée par le terrorisme, dira Djaballah, ce courant proche de l'Occident revient à la charge.» Pour Djaballah, l'avant-projet du gouvernement, qui sera soumis prochainement aux députés, n'est ni plus ni moins qu'une «campagne visant à éloigner la femme et la famille de la religion musulmane». Le conférencier énumérera seize raisons et autant d'observations qui ont fait que son parti refuse catégoriquement d'entendre parler d'amendement du code de la famille, en étayant ses dires par des versets coraniques et des hadiths du Prophète Mohamed. Mais réellement, que peut faire son parti contre le projet du gouvernement? Abdallah Djaballah dira que le courant qu'il représente emploiera toutes les actions pacifiques que lui confère la loi pour faire barrage aux desseins de l'Exécutif. D'après Djaballah, son parti a entamé des campagnes de sensibilisation à travers tout le pays pour expliquer aux citoyens, notamment les femmes, les dangers que représente un tel projet sur la société algérienne. Pour le président d'El Islah, ce n'est pas réellement Bouteflika qui est à blâmer, car ayant clairement clamé, lors de sa campagne électorale, qu'il modifiera le code de la famille. Pas d'alliance conjoncturelle Djaballah, sans le citer, décochera des flèches empoisonnées contre le MSP. «Ils ont soutenu le candidat-président et maintenant, ils claironnent qu'ils sont contre la modification du code de la famille», dira l'ancien dirigeant d'Ennahda. «J'accuse toutes les parties qui ont soutenu le président pour sa réélection à un autre mandat d'avoir cautionné le projet du gouvernement», assènera Djaballah en appelant solennellement les députés à voter contre cette loi. «Le problème ne concerne pas seulement le courant islamiste, mais concerne tout le peuple algérien», indiquera-t-il. Quant aux accusations de quelques membres de la commission qui a planché sur le dossier du code de la famille et qui accusaient le gouvernement d'avoir falsifié leurs conclusions, Abdallah Djaballah assènera clairement: «Cela ne m'étonne pas du gouvernement.» hier, lors de la conférence de presse animée au siège d'El Islah, Djaballah a été très clair: «L'avant-projet de loi modifiant et complétant la loi n°84-11 du 9 juin 1984 portant code de la famille, sera combattu par tous les moyens pacifiques et ce, jusqu'à son retrait.» Le président d'El Islah a clairement, et à maintes reprises, lors de ses conférences, affiché sa détermination à aller jusqu'au bout. Mais si on se réfère au discours du président du Sénat, lors de l'ouverture officielle de la session parlementaire, le projet de loi passerait comme une lettre à la poste. Le président de la République y tient énormément. La guerre des députés va commencer Alors, sachant pertinemment que le nouveau code passerait sans encombres devant les deux chambres parlementaires à majorité FLN et RND, pourquoi les islamistes s'agitent autant? Le MSP, membre de l'Alliance présidentielle, savait très bien que le président de la République, dans son programme, allait procéder à la révision du code de la famille. En soutenant Bouteflika dans sa quête pour un second mandat, Bouguerra Soltani était très conscient. En déclarant que le MSP rejetterait le texte dans le cas où il serait présenté devant le Parlement, le parti du défunt Nahnah n'est qu'à une contradiction de plus. Il est certain que ce parti fait face, ces derniers temps, à une vague de contestations sans précédent de sa base qui reproche à la direction de cette formation politique d'avoir cautionné un projet contraire à la chariâ. Pour rattraper le coup, le MSP, après avoir organisé une rencontre, il y a deux semaines de cela, au siège du parti, décide de faire, à son tour, campagne contre le texte de loi qu'il avait pourtant approuvé en toute liberté lors du conseil de gouvernement, le 18 août dernier. Ainsi, le Mouvement de la société pour la paix prévoit d'organiser un «rassemblement» à la salle Ibn Khaldoun, vendredi prochain, et dans un communiqué, a appelé les hommes de culture, la classe politique, les associations...à prendre part à la manifestation pour débattre du code de la famille et de la chariâ. Bref, le MS, semble sortir le grand jeu pour défendre la chariâ, contre des «amendements qui ont été dictés par des forces extérieures et étrangères au pays». Là-dessus, Abdellah Djaballah a été très mordant lors de la conférence de presse qu'il a animée hier. «Comment peut-on être avec quelqu'un et être en même temps contre sa politique»?