Une bombe a été désamorcée hier sur une voie ferrée en Egypte, pays en proie à des violences meurtrières depuis que l'armée a destitué le président islamiste Mohamed Morsi et réprime dans le sang les manifestations de ses partisans. Dans le même temps, l'armée a affirmé avoir lancé une nouvelle offensive aérienne et terrestre dans la péninsule du Sinaï (nord-est), bombardant des repaires de combattants islamistes. Une «bombe artisanale», deux obus de mortier et une grenade reliés à un système de détonation, a été neutralisée par les démineurs de l'armée sur la voie ferrée qui relie la ville de Suez à celle d'Ismaïlia (nord), le long du canal de Suez, ont indiqué des responsables des forces de sécurité. L'engin visait, selon eux, un train qui devait passer là à 6h00 du matin, mais des habitants du village d'Abou Aref l'ont aperçu et immédiatement appelé l'armée. Hier également, des inconnus ont lancé une grenade, sans faire de blessés, sur un commissariat de police dans un quartier populaire du Caire, selon des responsables de la sécurité. Jeudi, le ministre de l'Intérieur Mohammed Ibrahim avait échappé à un attentat à la voiture piégée au Caire et aussitôt mis en garde contre une «vague de terrorisme». Le ministre est l'un des principaux maîtres d'oeuvre de la sanglante campagne de répression des manifestations pro-Morsi depuis que l'armée et la police ont ouvert massivement le feu le 14 août sur deux rassemblements de partisans du président déchu au Caire, tuant des centaines de manifestants. Un millier de personnes ont été tuées dans la semaine qui a suivi, des manifestants pro-Morsi pour l'immense majorité, et l'armée et la police ont arrêté plus de 2 000 membres des Frères musulmans, la confrérie islamiste de M.Morsi qui avait largement remporté les dernières législatives de 2012. Les Frères continuent d'appeler à des «manifestations pacifiques» mais ne mobilisent plus guère, décimés ou désorganisés par l'emprisonnement de quasiment tous leurs leaders. La confrérie est accusée, depuis la destitution et l'arrestation de M.Morsi par l'armée le 3 juillet, d'«actes de terrorisme´´ par le nouveau gouvernement mis en place par les militaires. Des experts ont prévenu que des mouvements islamistes estimant que l'élection démocratique des Frères musulmans et de M.Morsi en 2012 ont été «volées», pourraient se radicaliser rapidement et lancer une campagne d'attentats. M.Morsi doit être prochainement jugé notamment pour «incitation au meurtre» de manifestants. Par ailleurs, hier, l'armée a mené plusieurs frappes aériennes visant des combattants islamistes dans leurs bastions de la péninsule du Sinaï et déployé des blindés autour de leurs repaires présumés à Sheikh Zuwayid et près de la frontière avec le territoire palestinien de Gaza, ont assuré des officiers sans fournir de bilan. Les opérations militaires ont redoublé d'intensité ces dernières semaines depuis que les attaques visant les forces de l'ordre ont connu une recrudescence dans le Sinaï après la répression sanglante des manifestations pro-Morsi.