Vigilance, vigilance... Plus de 10.000 soldats y veillent de jour comme de nuit avec l'installation de 60 nouveaux points de contrôle aux frontières avec la Tunisie et la Libye. Quel mot d'ordre a été donné à l'ANP pour préserver la sécurité de ses frontières? De quelle nature sont les mesures récemment prises par l'institution militaire pour affronter la menace terroriste qui assiège le pays? L'ANP traquera-t- elle les terroristes en Tunisie et en Libye? Ira-t-elle jusqu'à passer outre son sacro-saint principe de non-intervention au-delà des frontières? La réponse coule de source: l'Armée algérienne a pour mission première de protéger les frontières du pays et n'interfère pas dans les affaires internes des autres pays. Cependant, on croit savoir, selon des sources autorisées, que l'Armée algérienne serait prête à aider les voisins tunisiens et libyens dans la lutte contre le terrorisme et serait, selon les mêmes sources, d'accord pour poursuivre des terroristes en dehors de son territoire. A ce niveau, nos sources précisent et soulignent avec insistance «que cela ne se produira jamais sans la demande express de ces mêmes pays et en respect de leur réglementation». L'Algérie combat le terrorisme depuis 1992. Son expérience en la matière est reconnue par les armées les plus aguerries dans le monde. Aussi, quand des pays voisins et amis sollicitent son aide elle ne lésine pas à prêter main-forte pour venir à bout de l'hydre terroriste. Aux aguets, l'ANP estime qu'il n'est pas question d'inquiéter la sécurité du pays qui connaît un essor économique remarquable laissant le temps aux autorités civiles de se pencher sur les problèmes sociaux. «Non, l'Algérie n'est pas prête à laisser les choses se dégrader ou de remettre en question sa sécurité nationale et sa souveraineté», confie à L'Expression un haut responsable de l'ANP. L'Armée algérienne a eu à intervenir par deux fois en dehors de ses frontières et ces deux fois cela s'était fait dans le cadre de la Ligue arabe durant les guerres de 1967 et 1973 contre Israël. Si aujourd'hui, le débat est de retour, cela reste une simple hypothèse même si des sources rapportent que la décision serait prise en concertation avec les autorités tunisiennes et libyennes pour traquer les terroristes de l'autre côté du tracé frontalier. L'enjeu des frontières Est et Sud-Est demeure de taille pour l'ANP d'où l'élargissement de sa stratégie de prévention visant à éviter que le grand désert partagé par l'Algérie avec la Libye et la Tunisie ne soit un terrain fertile pour les bandes criminelles. Si la coopération de lutte antiterroriste entre ces trois pays a atteint un niveau aussi élevé, cela donnerait effectivement le feu vert à l'ANP d'agir comme il se doit, dans le cadre des mesures prises en commun accord avec les pays voisins. Il convient de noter que les services de sécurité ont fourni de précieux renseignements à l'armée tunisienne, dont les noms de certains terroristes. Il s'agit entre autres, de Khaled Hamadi Chaïb, Mahmoud Saâd Houcine, Abdelghani Wahichi, Ahmed Ben Ahmed Bakar, Ismaïl Gharissi et Mohamed Ben Arbi Ben Massaoud Ben Ali. Leur identification a été possible grâce aux aveux obtenus par les forces de sécurité d'un terroriste arrêté à El Oued répondant au nom de Kamel Ben Arabia, alias Lyès Abou Fida. La Tunisie n'a jamais pour autant caché son souhait de voir l'Algérie s'impliquer plus. Ces souhaits interviennent au moment où la situation sécuritaire n'est pas reluisante en Tunisie. Quatre terroristes présumés ont été tués hier, à Sidi Hassine dans le gouvernorat de Tunis. Les assaillants ont été mis hors d'état de nuire suite à un accrochage entre ce groupe et une unité de la brigade antiterroriste, selon l'agence de presse tunisienne, qui souligne que «des opérations de ratissage se déroulent, actuellement, dans la même région en vue de localiser d'éventuels terroristes dans les zones d'habitation et de déterminer la provenance des armes utilisées». La même agence ajoute: «Le groupe de terroristes avait été encerclé suite à des informations parvenues depuis une dizaine de jours sur des déplacements suspects d'individus recherchés, à Sidi Hassine». Deux des terroristes abattus seraient impliqués dans l'assassinat des opposants Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, -a-t- on également indiqué. La Tunisie vit au rythme des risques d'attentat depuis l'installation au pouvoir des islamistes sous la bannière d'Ennahda dirigée par Rached Ghannouchi. Cette situation ne sera pas sans conséquence quant à la sécurité de l'Algérie qui fait face à la menace terroriste grandissante dont les activistes occupent comme base arrière le désert libyen qui échappe à tout contrôle. L'ANP, en mobilisant les GGF, des unités spéciales et les forces héliportées, se préserve de tout relâchement quant à l'alerte maximale maintenue depuis plusieurs semaines tout au long de ses frontières avec la Tunisie et la Libye, soit sur un tracé de 2000 km. Plus de 10.000 soldats y veillent de jour comme de nuit avec l'installation de 60 nouveaux points de contrôle.