Si les six candidats s'accordent tous sur la nécessité de réformer l'école, ils ne semblent pas, toutefois, converger sur le contenu qu'elle doit véhiculer. Le candidat Benflis stipule, dans les 100 engagements, que «la démocratisation de la gestion du système éducatif et l'émergence d'un enseignement de qualité constituent une priorité». Concrètement parlant, Benflis recommande la dynamisation du Conseil supérieur de l'éducation, l'aide de l'Etat aux associations des parents d'élèves et l'élaboration d'un statut digne de l'enseignant. Dans la même optique, l'ex-chef du gouvernement promet de déployer tous les moyens nécessaires pour améliorer le rendement du système éducatif. Concernant l'aspect matériel, il envisage d'élaborer un programme spécial pour la réhabilitation des infrastructures et des équipements scolaires. D'autre part, Benflis est pour le développement des langues étrangères dans tous les cycles de l'enseignement. Quant au président sortant, il souligne que «la modernisation du service public est de la responsabilité de l'Etat et elle englobe la poursuite de la réforme du système national d'enseignement et de la formation». Ainsi, Bouteflika indique que cette réforme se fera «dans l'attachement à notre identité nationale, dans la réhabilitation de l'esprit civique et dans la quête de la science et de l'ouverture sur la modernité». Pour ce faire, le candidat envisage «la révision des programmes et des cycles d'enseignement à tous les niveaux, le perfectionnement continu des enseignants et l'amélioration de leur statut social». En outre, Bouteflika estime capital de développer l'apport du secteur privé à la politique d'éducation et de formation aux côtés d'un système public efficient. Pour ce qui est des enfants démunis, le candidat prévoit de renforcer l'aide publique à la scolarisation des enfants des familles défavorisées. Le candidat islamiste, Djaballah, milite pour un système éducatif «authentique où se réunissent le leg civilisationnel et les inventions humaines». Affichant la couleur, le chef du MRN indique qu'il faut soustraire les manuels scolaires et les méthodes éducatives des contenus colonialistes. Poursuivant son raisonnement, Djaballah juge primordial de «prémunir les élèves de l'invasion culturelle». Par ailleurs, le candidat plaide pour l'adéquation de l'enseignement avec le monde du travail. S'agissant de la condition sociale du personnel de l'éducation, le président d'El-Islah promet de revaloriser les salaires des enseignants et d'améliorer les oeuvres sociales. Quant à tamazight, Djaballah demande tout simplement qu'elle soit transcrite en caractère arabe en contrepartie d'une académie pour sa promotion. Hanoune, apparemment très préoccupée par les questions de privatisation et des multinationales, ne s'est pas montrée prolixe sur l'avenir de l'école. Ainsi, la candidate du PT s'est contentée de dire que «l'éducation nationale doit bénéficier prioritairement de rallonges conséquentes permettant de couvrir les énormes besoins sociaux». Pour Rebaïne, le système éducatif doit s'accommoder avec les exigences de notre époque. Dans ce sens, le candidat de AHD 54 prône une école moderne et développée. Mais cet objectif nécessite une prise en charge effective du personnel de l'éducation. En fait, le candidat promet un statut pour les enseignants afin de les mettre à l'abri des aléas matériels et politiques. Sur un autre chapitre, Rebaïne relève qu'il n'y a aucun antagonisme entre l'école privée et publique. L'essentiel, argumente-t-il, c'est les programmes qui doivent se projeter dans la modernité. Sadi, un démocrate pur et dur, lutte pour une refonte totale du système éducatif. D'après le candidat du RCD, «l'école doit préparer le citoyen à vivre en démocratie». Dans le fond, Sadi prévoit l'élaboration des programmes scolaires qui réhabiliteront un enseignement objectif de l'histoire pour «former une conscience nationale émancipée». D'ailleurs, ce farouche militant des droits de l'Homme a résumé en une seule phrase la vocation de l'école: «Elle doit former des citoyens et non des militants.»