Le président américain Barack Obama a appelé mardi soir le Congrès à ranimer le projet de réforme des lois encadrant les armes à feu, enterré en avril, après la tuerie de la veille qui a fait 13 morts, dont le tireur. Au lendemain de ce nouveau massacre, Barack Obama a estimé qu'une «majorité écrasante» d'Américains soutenaient la réforme que ses alliés démocrates avaient échoué à faire voter plus tôt dans l'année, en raison de l'opposition inflexible de la plupart des républicains, ainsi que du lobby des armes. «Je m'inquiète face à ce qui devient un rituel, que nous subissons tous les trois ou quatre mois, avec ces horribles fusillades», a-t-il dit dans un entretien à la chaîne hispanophone Telemundo. «Tout le monde dit être horrifié, avec raison. Nous soutenons tous les familles (...) et pourtant nous ne sommes pas prêts à agir de façon élémentaire», a-t-il ajouté. «Au final, c'est au Congrès d'agir», a lancé le président, après avoir rappelé qu'il avait signé une série de décrets dans la foulée de la tuerie de l'école Sandy Hook de Newtown (Connecticut, nord-est), en décembre 2012. Mais au Congrès, les lignes ne semblaient pas avoir bougé depuis le printemps, et les partisans de la réforme faisaient part de leur pessimisme. «Nous allons nous y atteler aussi vite que possible, mais il faut d'abord que nous ayons assez de voix», a déclaré Harry Reid, chef de la majorité démocrate du Sénat, où le projet de réforme a été rejeté de peu le 17 avril. «J'espère que nous en aurons assez, mais aujourd'hui nous ne les avons pas». Parmi les ambitieuses mesures promues par le président figurait la généralisation des contrôles d'identité et d'antécédents judiciaires et psychiatriques avant l'achat de toute arme. Ces contrôles ne sont aujourd'hui obligatoires que dans les magasins agréés, mais pas sur Internet ou dans les foires, sauf dans les Etats qui ont voté des lois plus restrictives que la loi fédérale. Il avait au total manqué cinq voix, sur 100, pour que le projet survive au Sénat, pourtant à majorité démocrate. Le volet sur les maladies mentales pourrait être plus consensuel, même s'il semble difficile de le séparer de la systématisation des vérifications d'identité. «Il est évident que cet homme était profondément troublé, voire cliniquement malade, et une initiative sur la santé mentale aurait peut-être pu faire quelque chose dans ce cas», a dit à des journalistes le sénateur démocrate Richard Blumenthal, en référence à l'individu qui a tué 12 personnes lundi à Washington dans un immeuble de bureaux de la Marine américaine, avant d'être abattu par la police. «Je parie qu'il ne se passera rien, personnellement, mais nous verrons bien», a lancé le sénateur républicain Bob Corker. Lors de son entretien à Telemundo, Barack Obama a aussi défendu sa décision de maintenir un discours économique lundi, alors que la confusion régnait encore sur les circonstances de la fusillade à quelques kilomètres de la Maison-Blanche. Il avait d'abord évoqué la situation, avant de prononcer son discours. «Je me suis exprimé sur la fusillade alors que nous étions encore en train de rassembler toutes les informations», a-t-il expliqué. «Tout le monde comprend qu'à la minute où quelque chose comme cela se passe, je suis en contact avec le FBI, avec mon équipe de sécurité nationale, et nous faisons en sorte que tous les moyens soient en place».