Il n'y a pas que le hip-hop L'Institut français d'Algérie organise «ce temps fort» dans l'ensemble de son réseau et ce, du 2 au 10 octobre, mis à part à Alger Temps dansé est le nom attribué à un événement destiné à l'art de la danse chorégraphique, plus particulièrement contemporaine en Algérie. L'Institut français d'Algérie organise «ce temps fort» dans l'ensemble de son réseau, à savoir à Constantine le 3 octobre, le 5 octobre à Annaba, Oran le 8 octobre et enfin Tlemcen le 10 octobre, le tout à 18h, mais pas à Alger malheureusement, un spectacle de ce genre ayant déjà eu lieu le 29 septembre dernier par l'excellente chorégraphe Catherine Dreyfus. Par ailleurs, pour mettre en contact le public algérien avec les différentes formes de danse contemporaine, il a demandé à la chorégraphe Nacéra Bélaza qui fait souvent ses déplacement, en Algérie depuis 2001 d'assurer la direction artistique de cet événement.. La chorégraphe présentera également ses travaux. Les représentations seront accompagnées d'ateliers menés par les chorégraphes à l'attention des jeunes danseurs, d'un travail de formation de photographes à travers un reportage photographique dont la matière fera l'objet d'expositions, et enfin de rencontres avec les équipes artistiques à l'issue de chaque représentation. Autour de ces représentations, ainsi, un stage de photographie: «La danse en image» avec le photographe Philippe Sebirot tout au long du festival, des ateliers de pratique menés par les chorégraphes, la veille des représentations (15h-16h30) et des rencontres et échanges avec le public coordonnés par Michel Sala et Nacéra Bélaza à l'issue des représentations. «L'idée de cet événement est née d'un résultat: la danse est le parent pauvre des programmes au sein de l'Ifa», a déclaré un de ses responsables et d'estimer que les spectacles de danse qui s y tenaient ne reflétaient pas entièrement la danse contemporaine française... le partenariat avec Nacéra Bélaza qui est souvent entre les deux rives s'est donc imposé par lui-même, de par aussi sa sensibilité particulière en matière de danse. Pour Thierry Perret, le chargé des relations culturelles et audiovisuelles au sein de l'ambassade de France, l'objectif d'un tel événement est de fédérer bien sûr, les réseaux des Instituts français en Algérie, d'établir un programme complet, surtout en incluant des formations ou des initiations à certaines formes d'art, a fortiori dans la danse qui en a grand besoin en Algérie d'où cette carte blanche donnée à Nacéra Bélaza qui s'est employée à dévoiler la ligne éditoriale de cette manifestation. D'emblée, Nacéra Bélaza fera remarquer que la danse en Algérie est marquée d'une forme d'«éclatement, et d'absence de coordination somme toute ponctuelle». Pour elle, l'ouverture sur d'autres villes était primordiale afin dira t-elle d'«amener la danse dans des territoires méconnus» tout en étant dans l'exigence d'une certaine qualité esthétique, qui sera d'une certaine façon décryptée ou accompagnée lors des ateliers et rencontres avec le public qui n'en sortira pas «muet» et «avec ses incompréhensions» car un espace de dialogue sera mis en place à cette occasion. Pour Nacéra Bélaza, les trois compagnies de danse qui ont été choisies par ses soins correspondent à un univers de danse singulier qui la touchent particulièrement. Elle en donnera comme exemple le chorégraphe et danseur irakien Muhanad Rashee qui présentera Insomnia. Pour l'auteur de Le cri, le temps scellé et Le trait notamment, le hip-hop en Algérie est pratiqué à grande échelle car c'est une danse libre que connaissent plus les garçons. Elle est aussi la plus médiatisée et repose sur des revendications que peut porter un individu comme dans le monde entier mais elle est loin d'être la seule forme de danse à promouvoir d'où la nécessité de donner à avoir autre chose que le hip-hop qui se veut une réponse immédiate alors qu'il existe d'autres formes de danse. «Il est important qu'il existe des contrepoints à ça...» Décliné en des duos et des solos essentiellement, le programme concocté par Nacéra Bélaza, dévoilé partiellement en vidéo a tout l'air d'être bien ficelé et les choix judicieux et forts en émotion et en technique scénique. On notera Valse en trois temps, création signée Chrisitan et François Ben Aim et interprétée par Aurélie Berland. Il y aura également Hamid Ben Mahi de la compagnie de danse Hors série qui présentera Prémices du Kombat. Le chorégraphe et danseur Hamid Ben Mahi a choisi de partager la scène avec le musicien Camel Zekri, guitariste et joueur de oud, amoureux du jazz et des musiques traditionnelles. Ces deux artistes d'origine algérienne proposeront au public une rencontre sur le thème de l'identité. La compagnie Nacéra Bélaza présentera pour sa part Le Temps scellé - Le Cercle. «Et s'il était possible d'aller à la rencontre de sa propre disparition de crier sa révolte au monde, de tout dire puis de procéder à l'effacement minutieux de ses propres traces afin qu'il ne reste de soi que le désir de se fondre, se confondre à l'air, au ciel, au vide où vient résonner le vacarme assourdissant de nos existences» souligne la chorégraphe dont les pièces sont souvent marquées du sceau de la rigueur et de l'opacité dont se plaignent souvent certains. Cependant, exigeante avec elle-même et les autres, le travail de Nacéra Bélaza est remarquable de profondeur car il prend le temps nécessaire de l'aboutissement intérieur. Son dernier travail a été d'ailleurs présenté l'année dernièr au festival d'Avignon.