«L'Algérie continue à découvrir des gisements de gaz et de pétrole» Le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, a annoncé que la production nationale d'hydrocarbures doit doubler d'ici l'horizon 2020. Entre l'Algérie et son pétrole, la flamme n'est pas près de s'éteindre. Une idylle qui dure depuis pratiquement un demi-siècle. Et cela continue. C'est au moment où bon nombre d'observateurs donnaient le secteur des hydrocarbures pour moribond que celui-ci renait pratiquement de ses cendres. Paroles de ministre. «L'Algérie va doubler sa production de pétrole et de gaz naturel d'ici 7 à 10 ans», a annoncé Youcef Yousfi, le 1er octobre à Londres dans une déclaration répercutée par l'agence américaine Bloomberg spécialisée dans l'information économique et financière. Quelles sont les raisons de cet optimisme? «L'Algérie continue à découvrir des gisements de gaz et de pétrole dans des régions faiblement explorées (Illizi et Hassi Berkine, Ndlr)» a fait remarquer le patron du secteur des hydrocarbures qui a ajouté que son département «est en train d'évaluer les régions faiblement explorées dans le sud-ouest du pays, où des découvertes de pétrole et de gaz ont été faites, il y a deux semaines». Youcef Yousfi avait annoncé la couleur le 9 septembre. «Le rythme des découvertes est supérieur au rythme de l'exploitation du gaz. Les réserves de l'Algérie en gaz sont en augmentation et non pas en diminution», avait-il indiqué lors d'une conférence de presse qu'il avait animée conjointement avec Noureddine Bouterfa, P-DG de Sonelgaz. Que disait le patron de Sonatrach à la fin de l'année 2012? «Nous sommes dans le même niveau de production que celui réalisé l'année dernière, mais avec une petite diminution de la production de nos partenaires en association qui est justifiée par certains gisements qui sont en déclin», avait déclaré Abdelhamid Zerguine aux journalistes en marge de sa visite d'inspection du site de la future raffinerie de Tiaret. «Pour la production, nous avons toujours dit que nous avons des réserves modestes» avait-il ajouté. Il fallait un miracle pour prouver le contraire. Vraisemblablement il a eu lieu. Le sous-sol algérien vient de prouver qu'il est généreux. Ses potentialités sont inestimables. 31 découvertes ont été réalisées dans le secteur des hydrocarbures en 2012. L'Algérie, tout naturellement, met le paquet pour exploiter des ressources qui font tourner son économie. L'information tombe au moment où les exportations d'hydrocarbures ont sensiblement baissé dans le sillage des prix du pétrole qui risquent de chuter après avoir, il est vrai, atteint des niveaux qui ont été jugés élevés au point d'évoquer le recours à des coupes budgétaires pour ne pas mettre en péril les équilibres budgétaires. Les recettes engrangées grâce à la commercialisation des hydrocarbures ont reculé de plus de 3 milliards de dollars à la fin du mois de mars 2013. 17,53 mds de dollars pour le 1er trimestre contre 20,37 mds de dollars durant la même période de 2012, soit une baisse de près de 14%. «Cela peut s'interpréter comme un choc pour la balance des paiements extérieurs en 2013», avait fait remarquer, le 10 juin, au cours d'une conférence de presse qui a porté sur la situation financière du pays, le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci. Le ministre de l'Energie reconnaît la baisse des exportations. L'Algérie a-t-elle perdu des marchés ou bien a-t-elle été obligée de réduire sa production? Youcef Yousfi dédramatise: «L'Algérie a accepté de réduire ses exportations vers le marché européen pour une courte période, mais nous n'avons pas réduit notre production... Nous allons exporter vers de nouveaux marchés», explique-t-il. Il n'en dira pas plus. L'annonce de Youcef Yousfi, qui participe depuis mardi dernier avec une délégation de cadres de son ministère aux travaux de la 34e conférence «Oil & Money 2013» qui se tient à Londres, doit être interprétée comme une bouffée d'oxygène pour une Algérie qui n'a pas perdu toutes ses ambitions d'assumer son statut de puissance régionale, voire continentale. La mise en oeuvre de chantiers titanesques en matière de construction de logements (3 millions) d'infrastructures routières, de lutte contre le chômage, contre la vie chère, ne peuvent être menées à bon port sans cette fabuleuse manne financière qu'assurent les exportations d'hydrocarbures en général, de pétrole, en particulier. Près de 97% des recettes en devises sont moissonnées par ce secteur qui vient de décider qu'il n'a pas encore renoncé à demeurer le véritable poumon de l'économie nationale.