Insulter son ancienne maison et la télévision qui lui a permis d'être une vedette à Al Jazeera Sport, n'a pas été apprécié et a largement surpris la majorité des Algériens. La guerre est officiellement déclarée entre la télévision algérienne (Eptv) et la chaîne Al Jazeera Sport, membre actif du puissant groupe médiatique qatari Al Jazeera. Depuis la fermeture du bureau d'Al Jazeera en 2004, suite à une polémique provoquée par l'émission Itidjah el Maakiss de Fayçal Al-Qassem, sur la situation en Algérie, au lendemain de la dernière élection présidentielle, les rapports entre les deux chaînes étaient tendus, mais depuis l'épisode du match Burkina Faso - Algérie, les relations entre les deux télévisions ont atteint un degré de non-retour. La guerre froide qui a fait rage entre les deux chaînes durant plus de dix ans s'est brusquement transformée à l'occasion de ce match, en bataille médiatique entre les deux médias. La raison du conflit ce sont les droits de retransmission du match de l'Equipe nationale. Depuis l'annonce de l'adversaire de l'Algérie en septembre pour les matchs barrages de la Coupe du Monde, Al Jazeera Sport qui avait les droits télés pour la zone Mena avait mis la barre très haut, proposant des prix hors d'atteinte: 5 millions de dollars au départ avant de baisser son offre à 1,5 million de dollars. Lors des années précédentes, Al Jazeera Sport avait arnaqué l'Algérie en lui vendant pour 10 millions de dollars les droits télés de la CAN 2010 pour une diffusion terrestre alors qu'elle avait cédé gratuitement les matchs pour les Egyptiens, les Marocains et les Tunisiens, provoquant la colère des responsables algériens qui avaient exigé le droit de diffuser les matchs sur le réseau satellitaire. Mais cette fois, la chaîne qatarie est tombée sur un «os dur» à la direction de la télévision algérienne. Le DG actuel de l'Eptv, Tewfik Khelladi, qui est un véritable spécialiste des droits sportifs, n'a pas cédé au chantage. L'Eptv qui négociait à travers son directeur commercial, M.Khodja avait proposé de payer la somme de 500.000 dollars, estimant que c'est plus que le prix ordinaire du moment qu'il s'agit d'un seul match et surtout qu'il sera diffusé sur le réseau terrestre qui n'a aucune incidence sur la diffusion satellitaire. Pour les responsables de l'Eptv, l'Algérie est prête à payer le prix, mais on ne doit pas prendre cette force financière pour une faiblesse. En réalité, Al Jazeera allait arnaquer une nouvelle fois l'Algérie en diffusant le match en clair sur le Canal 1 d'Al Jazeera Sport. Cette dernière a refusé l'offre algérienne, démontrant une velléité extrême envers l'Algérie. Mieux encore, la chaîne qatarie aurait demandé au DG de l'Eptv de lui donner la promesse de rouvrir le bureau d'Al Jazeera à Alger. Un chantage de trop pour la direction de la télévision qui a tout de même mené les négociations jusqu'au bout. Une dernière tentative de négociation, la matinée de samedi, jour du match, a buté sur le refus de la télévision qatarie d'accepter la proposition algérienne. A 16h et après l'expiration de tous les moyens de négociations, la décision a été prise par le DG de l'Entv de faire passer les images de la télévision burkinabée sur son réseau terrestre. Une décision qui mit hors d'eux les responsables d'Al Jazeera Sport qui se sont empressés de diffuser une pancarte rédigée avec un marqueur rouge où il était écrit: «Le match est diffusé par la télévision nationale algérienne de façon illégale sans qu'elle n'ait obtenu aucune autorisation.». C'était la provocation de trop pour l'Eptv qui a répliqué rapidement en direct du JT de 20h à travers un communiqué lu par le journaliste Hichem Saâdoudi, dénonçant cette acte odieux de délation de la chaîne qatarie et rappelant surtout que c'est Al Jazeera Sport qui avait elle-même piraté les matchs algériens en diffusant le match de la finale de la Coupe d'Algérie sans l'autorisation au préalable de l'Eptv. Le DG de l'Eptv, M.Khelladi, a également expliqué que son entreprise a «protégé le droit des téléspectateurs algériens de voir évoluer leur Equipe nationale en dehors de son territoire» et que «les détenteurs de ces droits (Al Jazeera, Ndlr) auraient dû sous-licencier à la télévision algérienne, conformément à la pratique universelle, les droits de diffusion terrestre». Le plus grave dans cette affaire et qui aura des conséquences fâcheuses sur son avenir professionnel en Algérie, c'est l'attitude incompréhensible du commentateur d'Al Jazeera Sport, Hafid Derradji, qui a critiqué vertement l'Eptv en déclarant que c'est là une première dans le monde du football qu'une télévision pirate un match, avant de poursuivre: «L'Eptv risque de graves amendes et des sanctions que la CAF pourrait lui imposer.» Le plus célèbre commentateur sportif a visiblement commis le commentaire de trop. Insulter son ancienne maison et la télévision qui lui a permis d'être une vedette à Al Jazeera Sport, n'a pas été apprécié et a largement surpris la majorité des Algériens qui ont dénoncé à travers Facebook l'attitude déshonorante de l'ancien responsable de sport à l'époque de l'Entv. Au lieu de critiquer la télévision algérienne, Hafid Derradji qui se présente souvent comme un professionnel et un nationaliste, aurait pu jouer l'intermédiaire entre son ancienne maison et son employeur actuel pour régler ce problème de droits. Derradji aurait pu prendre l'exemple du ministre tunisien de la Jeunesse et des Sports, Tarek Dhiab et ex-consultant d'Al Jazeera Sport qui a obtenu des dirigeants de la chaîne qatarie la diffusion en clair du match de la Tunisie. Cet épisode du feuilleton entre la télévision algérienne et Al Jazeera a enterré définitivement la réouverture du bureau d'Al Jazeera à Alger et à travers ce message, les responsables algériens ont voulu expliquer aux Qataris, que l'Algérie est un pays souverain et indépendant, qu'il n'est pas comme certains pays arabes, qui sont prêts à vendre leur âme au diable pour obtenir les droits gratuitement des matchs de leur pays.