Une délégation de syndicalistes internationaux a demandé au richissime émirat d'améliorer immédiatement les conditions des migrants. Le Qatar, pays hôte de la Coupe du Monde de football en 2022, ne commence qu'à réaliser l'«énorme problème» que constitue l'exploitation des travailleurs immigrés du sud-est asiatique, affirme une ONG australienne, auteur d'un rapport mondial sur l'esclavage. «Les autorités qatariennes ne commencent qu'à réaliser que c'est un sujet auquel il faut s'attaquer», a souligné hier, Nick Grono, patron de la Walk Free Foundation qui a publié jeudi le premier rapport mondial sur l'esclavage. Ce rapport remet en cause l'organisation de la Coupe du Monde dans ce pays. En tous cas la question a été soulevée par pluies organisations de défense des droits de l'homme. Les sombres conditions des travailleurs immigrés au Qatar ont été dénoncées par plusieurs syndicats et ONG ces dernières semaines après les révélations du quotidien britannique The Guardian sur la mort de 44 ouvriers népalais sur les chantiers qataris entre début juin et début août 2013. Une délégation de syndicalistes internationaux a demandé le 10 octobre au richissime émirat d'améliorer immédiatement les conditions des migrants employés sur ses chantiers de la Coupe du Monde. Selon la Confédération internationale des syndicats (CSI-ITUC), «la frénésie de construction en vue de la Coupe du Monde de football risque de coûter la vie à au moins 4000 travailleurs immigrés au cours des sept prochaines années si des dispositions ne sont pas prises pour garantir leurs droits». Le rapport de la Walk Free Foundation estime entre 4000 et 4400 le nombre de personnes réduites en esclavage moderne au Qatar, sur un total de 29,8 millions dans le monde. Avec ce chiffre, le Qatar se retrouve à la 96e place sur 162 pays d'un classement dont la Mauritanie, Haïti et le Pakistan sont les trois plus mauvais élèves, selon l'ONG. «Le Qatar emploie des millions de travailleurs immigrés, en provenance principalement du sud-est asiatique, dont beaucoup sont soumis à du travail forcé», a affirmé Nick Grono. «J'espère que les projecteurs vont continuer d'être braqués sur le Qatar et tous les autres pays présentant des cas d'esclavagisme moderne», a ajouté le patron de l'ONG qui fait remarquer que dix des 19 pays du Moyen-Orient et du nord de l'Afrique font encore pire que le Qatar.