A l'occasion du 18e Salon international du livre d'Alger, cette maison d'édition a mis le paquet en matière de publication entre romans et essais politiques. On notera d'abord le retour d'Akli Tadjer qui nous revient avec un nouveau roman au titre bien singulier Omar, l'ANI (arabe non identifié). C'est l'histoire et cet Algérien qui de La Garenne-Colombes, de retour en France après un séjour en Algérie, embarque à Alger sur le car-ferry Tassili, direction le port de Marseille. Il vient de s'essayer pendant près de trois semaines à un stage d'adaptation volontaire (un SAV) au pays de ses ancêtres. La dernière amarre est larguée. L'Algérie s'en va. «Le bled» l'abandonne. Avec lui, sur le Tassili, des travailleurs émigrés: Chérif et L'bomba Tomic, un couple de «black-parards», deux Françaises genre «le tiers-monde ne me fait pas peur», un touriste belge, Fehrat alias Féfer, guitariste de banlieue parisienne, et Petit Rouget, un gamin qu'il adopte, le temps de la travesée. Omar n'est plus seul, et la séparation lui semble moins pénible. Il aime faire la discussion à ses nouveaux amis ANI. Et ils le lui rendent bien... Sous l'effet de gouaille, les tabous sautent en éclats. Avec un oeil acéré et rigolard, le coeur tendre et chaleureux, Akli Tadjer écrit avec un naturel insolent le premier roman drôle sur les émigrés. Nous sommes en 1984, Les ANI du «Tassili» est en fait son premier roman! De son côté, l'écrivain Rachid Sidi Boumediene rassemble ses mémoires dans un livre intitulé Yaouled! Parcours d'un indigène. Aujourd'hui sociologue et considéré comme l'un de nos meilleurs spécialistes de sociologie urbaine, auteur de plusieurs études et articles sur les problématiques de la ville, l'auteur nous lègue l'héritage d'une époque, d'une expérience, d'un combat, d'un idéal, d'une éducation, d'une culture, qu'il a portés et tentés de transmettre le long de sa vie. C'est toute une génération, après avoir militér pour une Algérie libre et consacré sa vie entière pour la construction de l'Algérie indépendante, que narre Rachid Sidi Boumedine à travers son parcours personnel. Un parcours tout simplement passionnant. Dans la collection Dissonance: Gorges Crom écrit Pour une lecture profane des conflits, sur le retour du religieux dans les conflits contemporains du Moyen-Orient. Un livre d'actualité qui parait d'ores et déjà très important à lire. Samir Amin pour sa part, s'intéresse l'éveil du Sud, plus précisément à l'ère de Bandoeng, en dressant un panorama politique et personnel de l'époque. (dans la collection Dissonance). Produit des victoires de la Libération nationale, l'éveil du Sud se déploie au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Les sociétés des trois continents entrent dans la modernité et l'industrialisation, accomplissent des bonds en avant gigantesques dans l'éducation et la santé qui transforment le visage de la majorité de l'humanité. Cette évolution laisse croire à de nouvelles avancées possibles du socialisme. La page de la mondialisation inégale imposée par l'expansion européenne durant quatre siècles est définitivement tournée; les peuples du Sud n'accepteront plus jamais le sort que le capitalisme réellement existant leur réserve. L'auteur raconte dans ces Mémoires cette histoire qu'il a vécue de l'intérieur en militant du socialisme internationaliste et de la libération nationale des peuples opprimés. Il analyse avec sévérité les raisons de l'épuisement de cette première vague, et le grand bond en arrière que constitue la dérive du nationalisme populaire aux illusions parareligieuses et ethniques, celle des pays «émergents» - produit de leurs succès même au cours du XXe siècle, l'enlisement de l'Europe dans le libéralisme et l'atlantisme. Cet intellectuel engagé animera à l'espace Esprit Panaf du Sila le jeudi 7 novembre à partir de 16h30 une conférence portant sur «Le panafricanisme, une histoire d'avenir» puis dédicacera son ouvrage à 18h. Salah Benlabed publie aux éditions Apic un roman appelé Le dernier refuge. Tarik Ali publie aussi Le Livre de Saladin qui aux côté de Un sultan à Palerme, L'Ombre des grenadiers, La Femme de Pierre et La Nuit du Papillon d'or forment une fresque romanesque du «Quintet de l'Islam», que Tarik Ali a initié au moment de la première guerre du Golfe, ulcéré par le nombre de commentaires tirant argument de l'absence de culture des musulmans. Les cinq romans explorent chacun, de manière indépendante des autres, une période de forte influence politique et culturelle de l'Islam. Habib Tengour poète, romancier, essayiste, auteur de théâtre et anthropologue, un des auteurs les plus importants de sa génération, publie un nouveau roman appelé Le soulèvement Algérie et retour. Il sera au Sila le 5 novembre à l'espace Esprit Panaf pour évoquer «les paroles d'Ancêtres» à partir de 16h30 puis de signer son livre à 17h30. Denis Labayle raconte dans son livre Noirs en blanc comment Zola Méké, jeune Africain issu d'une famille démunie, est-il devenu chirurgien à Paris? (Il sera présent à l'espace Esprit Panaf le 1er Novembre pour assurer une conférence portant sur «La fuite des cerveaux d'Afrique, un aspect du néocolonialisme». Il signera son oeuvre à 17h30). Comme une carpe est enfin un recueil de trois pièces de théâtre de la dramaturge Randa El Kolli (elle sera présente dans le même espace et le même jour au Sila pour une vente-dédicace à 15h30, précédé d'une présentation à 14h). En somme, de belles histoires et analyses pour s'évader et s'instruire.