Militante pour l'indépendance de l'Algérie, Jeanine-Nadjia Belkhodja s'est éteinte dimanche dernier, à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière après une longue maladie. Son enterrement aura lieu aujourd'hui après la prière du Dhor, au cimetière de Sidi M'hamed à Alger. Née à Alger le 2 avril 1928, elle figure parmi les premières étudiantes algériennes à entamer des études médicales dès la fin des années 1940. Jeanine-Nadjia Belkhodja milita dans de nombreuses associations estudiantines. Membre du Parti communiste algérien, elle participa aux négociations entre le PCA et le FLN en 1956, et rejoignit le Front de libération nationale. Le 14 mars 1957, elle a été arrêtée à Alger par les Bérets verts et transférée à la villa Susini où elle aura à subir tous les sévices avant d'être transférée à la prison de Serkadji. Elle fut jugée lors d'un procès fin mars 1957 où la seule charge retenue contre elle était l'envoi de médicaments et de tracts au maquis, via les frères Tamzali, dans des fûts d'huile. Elle est alors condamnée à cinq ans de prison avec sursis. Le 23 juin 1957 grâce à sa famille et à ses avocats, elle réussira à se réfugier en France et rejoindre le FLN en Tunisie. Dès son arrivée, elle est affectée à l'hôpital Seddiki à Tunis pour y soigner les djounoud. Elle en profitera pour organiser des visites régulières aux frontières auprès des djounoud et des réfugiés. En 1959, elle créa une maison d'accueil à Tunis destinée aux djoundiates démobilisées. De 1960 à 1962, elle est nommée responsable du service médical au ministère des Combattants au sein du Gpra. Après le cessez-le-feu du 19 mars 1962, elle est envoyée en avril auprès de l'Exécutif provisoire. Elle rejoindra la 2e Zone autonome d'Alger dirigée par le commandant Azzedine, Ali Lounici et Boualem Oussedik. Dès l'Indépendance, elle optera pour la santé publique et l'hôpital Mustapha Pacha. Professeur en gynécologie obstétrique, elle dispensera des cours à de nombreuses générations d'étudiants en médecine. Durant les années 1965/66, elle contribua à l'instauration du planning familial en Algérie et à la création, en 1967, du premier centre de régulation des naissances au sein de l'hôpital Mustapha Pacha. Elle consacra toute sa carrière au service exclusivement de la santé publique. Jusqu'à sa retraite, elle exerça à la clinique Gharafa (ex- Durando) à Bab El Oued en qualité de chef de service où elle mit au monde plusieurs générations. Elle eut également à prendre en charge des situations dramatiques des mères célibataires abandonnées. Elle fut l'une des premières militantes à soutenir le journaliste et écrivain Abdelhakim Meziani, alors SG de la Fédération algérienne des ciné-clubs, dans son action de créer des ciné-clubs exclusivement réservés aux femmes au foyer des quartiers populaires.