Il aura fallu quatre expertises médicales pour qu'enfin on leur reconnaisse le préjudice subi. De sources sûres, treize des blessées lors de l'expédition punitive qui a ciblé en juillet 2001 des célibataires du quartier El-Heicha de Hassi Messaoud, auraient été transférées à Alger le 20 juillet de la même année. Ce serait Khalida Toumi-Messaoudi, alors députée et militante de l'association d'assistance aux en détresse, Rachda, qui aurait demandé qu'une contre-expertise soit pratiquée pour les besoins de l'enquête, le médecin généraliste de Hassi Messaoud ayant délivré des certificats médicaux minimisant les préjudices. Le médecin de service à l'hôpital Mustapha, contre toute attente, aurait confirmé la première expertise en affirmant que ces «ne souffrent de presque rien». Khalida Messaoudi aurait alors alerté le Président de la République qui ordonna la réquisition de la clinique d'Etat Durando. La troisième expertise qui y fut pratiquée ne donnera rien de nouveau puisque le chef de service par intérim décrète que les victimes «n'ont rien». Le 7 août, nouvelle expertise. Cette fois c'est une gynécologue, le professeur Jeanine-Nadjia Belkhodja, qui s'en occupera. Elle confirme que les ont été rouées de coups et que six d'entre elles ont été effectivement violées, souvent dans des conditions atroces: viols collectifs, accompagnés d'actes de barbarie. 15 juin dernier, à la cour de Ouargla, seulement huit des agressées ont assisté au procès contre leurs agresseurs. Les peines dérisoires prononcées contre eux, de cinq mois à trois ans de prison et la relaxe d'une dizaine d'entre eux, ont surpris le procureur de la République qui disait s'attendre à «un verdict à la mesure de la gravité de l'événement.» Le retrait des plaintes pour agression et viol a fait que le juge n'a pu retenir que des délits d'attroupement et d'atteinte à l'ordre public. Les présentes au procès se sont dit prêtes à pardonner à leurs assaillants. Après un retour sur les lieux, il s'est avéré que les victimes ont été menacées par les familles des prévenus. La partie civile a engagé un pourvoi en cassation.