Le remède n'est ni compliqué ni impossible: il suffit d'obliger les enseignants à avoir de la qualité dans les salles de cours Comment peut-on contrôler les enseignants qui ont recours à cette pratique? En questionnant les élèves ou leurs parents? «Ce mercredi, nous apprend la presse nationale de la bouche du ministre lui-même, une instruction ministérielle interdisant aux enseignants de donner des cours particuliers aux élèves de façon obligatoire a été généralisée.» Cette circulaire est bien partie, malheureusement, pour n'avoir aucun effet, sinon perturber quelque peu le secteur et risquer de lui donner une excuse de plus pour le replonger dans ses turbulences habituelles car, pour le dire franchement, il s'agit d'un coup d'épée dans l'eau, rien de plus. Explications. Sur le plan de la forme d'abord, il est aisé de constater que cette circulaire demeurera simple lettre morte. En effet, s'il s'agit d'empêcher «les cours de soutien obligatoires» cette décision du ministre ne pourra rien empêcher du moment que l'aspect obligatoire est difficilement démontrable dans le cas d'espèce. Lorsqu'un élève (ou ses parents) voit que les autres, ceux qui prennent des cours chez l'enseignant, ont de bonnes notes en classe, il ira de lui-même faire ces maudits cours sans lesquels il continuera à avoir de mauvaises notes, non pas parce qu'il est pire que ses collègues mais parce que, soutient-on, la distribution des notes ne se fait généralement pas de la même manière selon que l'on émarge dans les salles de cours privés ou pas et comme nul n'a envie de voir ses enfants redoubler à cause de la défaillance du système en place, alors tout le monde accourt «volontairement» s'inscrire à ces cours ou y inscrire ses enfants. Les enfants et les parents sont des victimes prises en otage par le système éducatif en place avant de l'être par les enseignants! De ce fait donc, il sera impossible de démontrer que les enseignants obligent leurs élèves car il faut d'abord, préciser ce que «obliger» signifie ou peut signifier. L'obligation sous-entend adhésion volontaire, et l'on peut affirmer qu'il y a bien adhésion volontaire de la part des élèves et de leurs parents à ces cours du moment que l'on n'a jamais encore vu un enseignant venir frapper à la porte des gens et les obliger, sous la menace, à inscrire leurs enfants dans ses cours privés. Qui peut parler de contrainte ou d'obligation? Personne! Sur le plan de l'applicabilité aussi, la circulaire ministérielle pose problème. Comment peut-on contrôler les enseignants qui ont recours à cette pratique? En questionnant les élèves ou leurs parents? En interrogeant les enseignants eux-mêmes? Ni l'une ni l'autre de ces possibilités n'est réaliste car aucune des deux parties n'a intérêt à se dénoncer. Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'il faut être deux pour cette pratique: les élèves d'une part et les enseignants de l'autre et aucun des deux n'a intérêt à dénoncer cette pratique car chaque partie y trouve son compte. Les élèves ont de bonnes notes à l'école et les enseignants ont des fins de mois arrondis. Sur le plan contenu cependant, la décision du ministre, qui vient d'être généralisée, nous donne une idée bien plus grande sur la mauvaise manière qui nous est propre lorsqu'il s'agit de résoudre les problèmes. Chaque fois que nous avons un problème à résoudre, nous courons vers le symptôme et commençons à le tripoter oubliant que le symptôme n'est que l'effet d'une cause qui, elle, est ailleurs. Jamais soin ne réussit s'il a lieu au niveau des effets alors qu'il a beaucoup de chance d'être efficace lorsqu'on s'en prend aux causes réelles. Donner du paracétamol pour des maux de tête est une manière erronée de traiter le malade, car non seulement on ne peut savoir d'où provient le mal mais, en plus, on lui donne le temps de progresser tranquillement. Interdire les cours «obligatoires» ou les cours de soutien tout simplement est une mauvaise décision car elle ne s'attaque pas aux raisons qui ont fait que ce phénomène se généralise et devienne, chez nous, quelque chose d'absolument banal et totalement général. D'ici quelques années, on aura, à coup sûr, des cours de soutien pour les enfants de la crèche. Si les cours de soutien ont pris cette ampleur c'est parce que quelque chose dans le système le leur a permis et, sans être des génies, nous pouvons agir sur ces cours en mettant fin à ces failles du système. Mais, pour cela, il faut avoir la volonté réelle de le faire et le courage d'y aller réellement et sérieusement. Le remède n'est ni compliqué ni impossible: il suffit d'obliger les enseignants à avoir de la qualité dans les salles de cours, à l'école. Améliorer et obliger l'amélioration de la performance dans les écoles, telle est la seule et unique solution car ce n'est que de cette sorte que les élèves ne seront point obligés d'aller prendre des cours qui, soyons honnêtes, ne sont même pas corrects la plupart du temps! Or, pour perfectionner la performance des enseignants en classe, il faut commencer par revoir les critères de recrutement des enseignants, les critères de leur promotion, les méthodes de leur formation à la pédagogie. Il faut avoir des critères évaluables de la performance et, surtout, le moyen objectif de l'évaluation de la qualité de l'apprentissage des élèves. Ce n'est pas difficile, il suffit de le vouloir réellement et au lieu de nous mener d'histoire en histoire et de barque en barque dans ce secteur si vital, prenons enfin les bonnes décisions!