Fabius a toutefois souligné que la décision du président François Hollande de «renforcer» le contingent militaire à Kidal «ne remet pas en cause le calendrier général de présence puis de réduction de présence des forces françaises». La France a annoncé hier avoir renforcé son contingent militaire à Kidal, dans le nord-est du Mali, théâtre samedi dernier du meurtre de deux journalistes français, mais a exclu toute remise en cause de son calendrier de retrait de ce pays après les législatives du 24 novembre. «Instruction a été donnée que 150 militaires partent du sud du Mali pour se rendre à Kidal, ce qui a été fait hier soir», a déclaré le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius interrogé par Radio France Internationale (RFI). Quelque 200 soldats français étaient déjà stationnés à l'aéroport de Kidal. Le ministre français a toutefois souligné que la décision du président François Hollande de «renforcer» le contingent militaire à Kidal «ne remet pas en cause le calendrier général de présence puis de réduction de présence des forces françaises». Environ 3000 militaires français sont actuellement déployés au Mali. L'objectif de Paris est de réduire le contingent à 1000 hommes d'ici début 2014 «qui auront en particulier des taches antiterroristes», selon M. Fabius. Les corps des deux journalistes de RFI, Ghislaine Dupont, 57 ans, et Claude Verlon, 55 ans, tués peu après avoir été enlevés à Kidal par des hommes armés, ont été rapatriés hier à l'aube à Paris, alors que la traque de leurs meurtriers se poursuit. Les cercueils, recouverts d'un drap bleu sombre, ont été accueillis à l'aéroport de Roissy par une vingtaine de proches et autant de salariés de RFI. A l'écart des caméras et sans faire de déclaration, le président Hollande était aussi présent pour, selon l'Elysée, «accompagner» les familles «dans leur douleur». Le Mali leur avait aussi rendu hommage la veille. Le président Ibrahim Boubacar Keïta, en larmes, a dit le «choc» de ses concitoyens dans un pays où, comme souvent en Afrique francophone, RFI est un média de référence. «L'enquête avance (...) Je suis en contact avec le président Hollande, nous ferons tout pour que l'enquête aboutisse et qu'on arrête les coupables», a-t-il assuré. Les circonstances et l'identité des auteurs du rapt et du meurtre des journalistes à Kidal, berceau des Touareg et de leur rébellion à 1500 km au nord-est de Bamako, restent à élucider. Les journalistes sortaient samedi en plein jour du domicile d'un représentant local de la rébellion touareg, le Mouvement national de libération de l'Azawad (Mnla), qu'ils venaient d'interviewer, lorsqu'ils ont été enlevés, selon divers témoignages, par des agresseurs parlant tamachek, la langue des Touareg. Une source à la gendarmerie malienne a affirmé lundi qu'une «dizaine de suspects» avaient été interpellés «dans la région de Kidal». Une information non confirmée par Paris, qui a fait état «d'indications permettant de remonter la trace» des assassins. Hier, Laurent Fabius a assuré que la France agirait «en liaison» avec le président malien qui a appelé à la restauration de «la souveraineté du Mali sur Kidal». «Le président IBK élu démocratiquement est celui qui doit prendre les décisions, la France est à ses côtés», a-t-il dit. La France dispose au Mali de «près 3.000 hommes, il a été prévu qu'ils soient maintenus jusqu'au moment des élections», a rappelé M. Fabius en référence aux législatives dont le premier tour est prévu le 24 novembre. «Ensuite, nous diminuerons ce nombre et en rythme normal il devrait y avoir un millier de soldats. D'ici là, les soldats français doivent être relayés par la force des Nations unies au Mali» (Minusma). Sous-équipée, elle plafonne actuellement à 6.300 hommes, soit la moitié seulement des effectifs prévus fin 2013. Lundi soir, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon est arrivé à Bamako, première étape d'une tournée qui le conduira dans trois autres pays du Sahel.