La restitution des fusils de chasse, confisqués depuis 1995, les salaires impayés depuis 14 mois, un cadre de vie dégradé, la grogne a été véritablement au rendez-vous hier à Béjaïa. La colère citoyenne s'est de nouveau manifestée hier à Béjaïa où pas moins de six actions de protestation ont été enregistrées, dont cinq rien qu'au chef-lieu de wilaya. Entre ceux qui réclament, qui un meilleur cadre de vie, qui des fusils de chasse confisqués depuis 1995 et leurs salaires impayés depuis 14 mois et ceux qui pressent les élus de l'APW pour jouer leur rôle, la grogne a été véritablement au rendez-vous hier à Béjaïa. Que l'on en juge! Le siège de la wilaya a été à lui seul le théâtre de trois rassemblements, dont les motivations diffèrent en fonction des initiateurs. Les citoyens, dont les fusils de chasse ont été confisqués dans la cadre de la lutte antiterroriste durant les années 1990 sont venus, encore une fois, interpeller le wali pour les leur restituer. Sur les 5000 fusils retirés à leurs propriétaires, 1400 à 1500 restent encore détenus par les autorités. On apprend qu'au niveau de la wilaya, tous les dossiers sont à l'étude et la restitution se fera au fur et à mesure. L'Unpef qui est entrée en grève de protestation a initié un rassemblement devant le siège de la wilaya. Le bureau de l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef), qui se bat pour l'intégration de tous les enseignants du primaire et du moyen sans condition, l'uniformisation du mécanisme d'intégration des corps d'enseignement, la promotion verticale des cycles, la régularisation de la situation des ingénieurs dans les cycles primaire et moyen et des adjoints d'éducation dans la catégorie 10, menace d'aller loin dans sa protestation, dans un débrayage illimité à partir du 25 du mois en cours. Son rival, le Cnapest élargi est venu soutenir lui aussi les 54 enseignants contractuels, qui se sont rassemblés devant le siège de la direction de l'éducation pour revendiquer une régularisation salariale. Sans salaires depuis 14 mois, ces enseignants frondeurs s'interrogent aussi sur l'avenir de leur carrière. En matière de préoccupations liées au cadre de vie, trois manifestations sont à retenir. Le collectif des associations de la commune de Béjaïa est allé presser les élus de l'APW exigeant d'eux plus de volonté dans l'accélération de la réalisation de projets vitaux pour la ville de Béjaïa. Le collectif veut que l'APW presse à son tour l'exécutif de la wilaya dans la prise en charge de nombreuses insuffisances relevées dans de nombreux secteurs. L'hydraulique, les routes, le CHU ont été autant de points sur lesquels s'est articulée la manifestation des associations de Béjaïa. Reçue par le président de l'APW, la délégation du collectif a exposé les revendications. Le P/APW a expliqué que son assemblée n'est qu'un organe délibérant, reconnaissant au passage, le manque de communication de son institution. L'APW se réunira, faut-il le noter, aujourd'hui pour discuter des fermetures de routes dans une session extraordinaire. Le siège de la commune de Béjaïa n'a pas été épargné par la fronde. Les habitants de Takliet sont venus se plaindre de la dégradation de leur cadre de vie. Des eaux usées à ciel ouvert, les eaux pluviales qui débordent partout, un axe routier impraticable, voilà globalement les revendications exprimées à travers le sit-in devant le siège de la municipalité. Même scénario devant le siège de la commune d'Amizour. Les villageois de Labha Ouada sont allés crier au visage des élus locaux leur colère née de la dégradation de la route qui mène à leur village et l'absence d'une école primaire pour épargner leurs enfants des périlleux déplacements quotidiens vers l'école voisine distante de 5 km. Bref, la colère était hier omniprésente sur tous les plans. Alors que la saison hivernale s'est installée, ce sont toutes les failles d'une gestion approximatives qui sont mises à nu. Ainsi va la vie à Béjaïa, une région où la relation entre l'administré et l'administrateur se dégrade chaque jour un peu plus.