La multiplication d'attaques particulièrement sanglantes depuis le début de l'année fait craindre un retour au niveau de violences de 2006-2007 lorsqu'un conflit dévastateur avait occasionné des dizaines de milliers de morts. Au moins 12 personnes ont péri hier dans un attentat suicide visant un enterrement au nord de Baghdad, dernier épisode en date des violences en Irak qui ont fait près de 950 morts en novembre malgré les tentatives des autorités de les juguler. La multiplication d'attaques particulièrement sanglantes depuis le début de l'année fait craindre un retour au niveau de violences de 2006-2007 lorsqu'un conflit dévastateur entre chiites et sunnites a fait des dizaines de milliers de morts. Elles ont poussé les autorités irakiennes, qui semblent impuissantes face à l'effusion de sang, à demander notamment l'aide des Etats-Unis pour y mettre un terme. Mais hormis quelques communiqués de l'ONU et du département d'Etat américain condamnant les violences, la réaction de la communauté internationale est restée très timide. Les autorités irakiennes se disent particulièrement inquiètes de la résurgence de groupes liés à Al Qaîda, enhardis par le conflit en Syrie voisine, et accusent des insurgés sunnites liés au réseau extrémiste de la plupart des attentats. Elles tentent de mettre en place des mesures - limiter la circulation dans Baghdad, inviter les propriétaires de cafés, particulièrement visés, à instaurer de nouvelles normes de sécurité...- mais les violences continuent. Depuis le début de l'année, plus de 6100 personnes sont mortes dans les attaques, selon des chiffres officiels. Hier encore, un kamikaze a fait exploser sa bombe dans le cimetière où allait être enterré Mouzher al-Shallal al-Araki, fils d'un chef tribal membre des milices anti-Al Qaîda, tué dans un attentat samedi au nord de Baghdad, selon des responsables. Vingt-huit personnes ont été blessées dans l'explosion contre le cortège funéraire près de Baâqouba. Les hommes de la famille Araki combattent au sein des milices anti-Al Qaîda, les Sahwa, crées en 2006. Les Sahwa ont été recrutées à l'origine par l'armée américaine pour combattre Al Qaîda dans les régions sunnites et assurer la protection des oléoducs qui traversent les zones tribales sunnites, notamment dans l'ouest du pays. Considérés comme des traîtres par les insurgés sunnites, les miliciens sont régulièrement la cible d'attaques et d'attentats. Baâqouba, capitale de la région multi-confessionnelle de la province de Diyala, est l'une des zones les moins stables d'Irak. A l'ouest de Baghdad, quatre autre personnes sont mortes dans des violences, selon des sources de sécurité et médicale. Un habitant de la ville de Baghdad, a jugé inadéquates les mesures de sécurité prises par les autorités. «Des mesures plus sévères doivent être mises en place autour de la cité plutôt que d'installer des barrages routiers à l'intérieur de la ville». Ces nouvelles attaques interviennent alors que les ministères de la Santé, de l'Intérieur et de la Défense ont publié hier le bilan des violences du mois de novembre: au total, 948 personnes - 852 civils, 53 policiers et 43 soldats - ont péri dans des attaques. Ce bilan est légèrement en baisse par rapport à celui d'octobre, où 964 personnes avaient perdu la vie. Ce mois était le plus meurtrier en Irak depuis avril 2008. Les attentats visent indifféremment policiers, militaires ou civils, cafés, mosquées, terrains de football ou restaurants... Des dizaines de cadavres ont été découverts dans des charniers ces dernières semaines, rappelant encore une fois les violences ayant ensanglanté le pays après l'invasion menée par les Etats-Unis en 2003 et qui avait abouti au renversement du président Saddam Hussein. Analystes et diplomates étrangers s'accordent à dire que le gouvernement ne parvient pas à gérer la frustration de la minorité sunnite, qui s'estime discriminée par le gouvernement de Nouri al-Maliki dominé par les chiites.