Les messages de satisfaction et de félicitations pleuvaient, hier, sur Alger. La réaction la plus importante et la plus attendue, comme de juste, est celle de Washington. Or, elle ne s'est guère fait attendre. Hormis le message téléphonique de félicitations qu'a adressé vendredi soir George Bush à son homologue algérien, le département d'Etat a mis le holà aux récriminations de ceux qui évoquent la fraude en annonçant, et dans un communiqué, ne trouver «n'avoir aucune raison de douter de la victoire du président Bouteflika». Les USA, qui avaient déjà désavoué le groupe des dix en publiant un rapport favorable à l'Algérie quelques jours après la rencontre de Lorn Craner, sous-secrétaire d'Etat aux droits de l'homme, avec les animateurs de ce groupe, enfoncent ainsi le clou en affichant clairement leur sympathie en faveur du président Bouteflika, mais aussi du processus démocratique, renforcé grâce à cette élection présidentielle. Il est vrai que cette position est nettement appuyée par les rapports préliminaires dressés par les observateurs étrangers venus suivre le déroulement de ce scrutin en Algérie. Ainsi, souligne Adam Ereli, porte-parole adjoint au département d'Etat, «des informations préliminaires communiquées par les observateurs indiquent que le processus électoral a été en général transparent et dénué de fraude». Le président américain, en plus des félicitations d'usage, est allé plus loin en ajoutant que «cette élection représente une nouvelle étape dans la démocratie en Algérie». Paris, loin de demeurer en reste, y est elle aussi allée de ses «félicitations chaleureuses» par la voix du président Chirac. Ce dernier, premier chef d'Etat français à effectuer, en 2002, une visite d'Etat à Alger et à évoquer la conclusion d'un pacte avec notre pays, ajoute qu'«il nous revient de poursuivre ensemble la construction d'un partenariat d'exception, à la hauteur des attentes de nos deux peuples et à la mesure des défis communs auxquels nos deux pays sont confrontés dans un monde toujours plus incertain». La sénatrice belge Anne-Marie Lizin, en mission d'observation, n'a pas été par quatre chemins pour décrire ce qu'elle a vu. «Pour nous, c'est clair. Ce que nous avons vu lors de cette élection correspond, au niveau des procédures, au standard européen.» Elle tente même d'expliquer dans ses analyses la déferlante populaire déclenchée sur le sillage de la candidature de Bouteflika : «Le taux réalisé par (lui) est très lourd (mais) je suis obligée de constater qu'il reflète totalement, pour Bab El-Oued, le dépouillement que nous avons constaté.» Dans un communiqué rendu public hier, la délégation européenne ad hoc, conduite par la socialiste Pasqualina Napoletano, il est relevé que cette mission «n'a nullement la prétention de procéder à une observation électorale en bonne et due forme, faute de temps et de moyens humains et matériels», mais il a surtout été question «d'assurer une présence parlementaire avisée». Le verdict, relativement positif, salue «tout particulièrement les progrès réalisés dans le déroulement de ce scrutin, à savoir la présence des représentants des différents candidats dans la très grande majorité des bureaux de vote, ainsi que la non-ingérence de l'armée qui ne fait plus exception aux règles en vigueur». Cette annonce tombe ainsi comme un cinglant démenti à ceux qui avaient émis des doutes sur la neutralité effective de l'institution militaire en Algérie. Bouteflika, investi de plus de pouvoir, et partant, de plus de responsabilités, est ainsi interpellé afin d'aller vers une plus grande ouverture, comme le suggère le dernier paragraphe de ce communiqué : «Nous espérons vivement que cet événement électoral important puisse constituer la base solide pour une ouverture et un pluralisme démocratique accrus dans ce pays, assortis d'une véritable liberté de la presse et des médias. Au président Bouteflika, reconduit dans ses fonctions, nous demandons à ce que soit sérieusement reconsidéré le bien-fondé de l'état d'urgence en Algérie, dans la mesure où sa levée constitue une étape obligée sur le chemin de la démocratie.» Il est à signaler que les observateurs représentant les autres institutions internationales ont fait montre de la même satisfaction. Le président Bouteflika, pour sa part, a reçu des dizaines de messages de félicitations émanant aussi bien des capitales occidentales, que des voisins maghrébins, arabes et même asiatiques.