«on est secoué par cet accident, ce sont des gens bien, les allées et venues de la petite fille vont terriblement me manquer.» Gisant sur le sol, sa fille entre ses bras, le père n'a pas pu ouvrir la porte. Trop tard, le monoxyde de carbone a eu raison de sa victime. Quand la porte de l'appartement a été défoncée, elle s'est ouverte sur un terrible drame: trois membres d'une même famille (le père âgé de 49 ans, la mère 35 ans et leur fille de 8 ans) sont décédés suite à une asphyxie au monoxyde de carbone, à leur domicile sis cité Omar Khettabi, commune et daïra de Bab El Oued.. 24 heures après le drame qui a secoué la commune de Bab el Oued à Alger, tristesse, mélancolie et consternation; voilà l'état d'esprit dans lequel se trouvaient les voisins et amis des victimes. Mais il y a surtout un traumatisme, et toujours une incompréhension sur ce qui a pu provoquer ce dramatique accident. La tragédie est survenue dans la nuit de dimanche à lundi derniers, pour endeuiller une famille habitant un petit appartement au rez-de-chaussée dans le bâtiment F de la cité. Les victimes ont été surprises dans leur sommeil par le monoxyde de carbone émanant d'un appareil de chauffage à l'intérieur du domicile. Quand la grand-mère est venue chercher sa petite-fille pour l'accompagner à l'école, frappant plusieurs fois à la porte, elle s'est aperçu du calme tombal qui régnait dans la maison, ce qui a éveillé ses soupçons. Elle a averti les voisins qui ont défoncé la porte, et aussitôt ils ont découvert le drame. Les services de police et de la Protection civile alertés ne sont arrivés qu'à 13h. Rencontrée sur les lieux du drame, une voisine attristée nous a déclaré: «On est secoué par cet accident, ce sont des gens bien, les allées et venues de la petite fille vont terriblement me manquer.» L'oncle paternel de la fillette, calme et serein, mais profondément anéanti par cet évènement tragique, nous a par ailleurs confié: «C'est le destin, c'est la volonté de Dieu.» Il est à rappeler que le monoxyde de carbone est un gaz incolore, inodore et très toxique, il est dû à une combustion incomplète, résultant d'une absence d'oxygène, d'où la nécessité d'une aération constante du domicile et d'un contrôle régulier des appareils de chauffage. L'asphyxie au monoxyde de carbone, est devenue un fléau qui terrorise la société algérienne, frappant plus fréquemment. En effet, le bilan établi par la Protection civile indique que depuis le 1er janvier dernier, 231 personnes sont mortes, en inhalant ce gaz tueur. Récemment, le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, a indiqué que plus de 40.000 appareils de chauffage répartis sur 18 containers sont bloqués aux ports du pays pour non-conformité aux normes de sécurité. Le ministre a affirmé aussi que ces mesures entrent dans le cadre des efforts des pouvoirs publics pour la protection de la santé et la sécurité des consommateurs, avant d'ajouter que ces dangers continueront à menacer les familles, «si les efforts de tous ne sont pas conjugués et une culture de prévention n'est pas incluse dans les programmes». Toutefois, un petit tour chez les vendeurs de l'électroménager, permet de constater la vente des appareils de chauffage sans cheminée et contrefaits. ce qui pose problème. D'un côté, le ministre du Commerce indique que son ministère mène une guerre ardente contre la commercialisation de ces produits défectueux, et d'un autre côté, on constate clairement la vente de ces mêmes produits au vu et au su de tous. Bref, le monoxyde de carbone continuera de frapper aux portes des Algériens, si les autorités ne prennent pas les mesures nécessaires pour stopper la vente de ces appareils contrefaits. Il appartient aussi aux citoyens de prendre toutes les précautions.