L'Association des résidents de Canastel a été donc contrainte de saisir le tribunal administratif suite à l'octroi du permis de construire et du lancement des travaux. En l'espace de moins de 24 heures, le mouvement associatif citoyen de la ville d'Oran s'est illustré par deux victoires judiciaires. La première a été arrachée hier à l'issue du procès qui a opposé, devant la chambre administrative de Yaghmouracen près la cour d'Oran, le groupe Mehri Djilali et l'association des occupants de l'immeuble du 11 boulevard de la Soummam. Le plaignant est le groupe Mehri qui, en déclenchant la machine judiciaire, demandait la dissolution de l'Association des habitants de l'immeuble de boulevard de la Soummam. Le verdict prononcé hier matin, octroie de plein droit à l'association de poursuivre ses activités, c'est-à-dire l'action intentée par le Groupe Mehri a été déboutée par la chambre administrative N°05 du tribunal. «C'est une victoire», a affirmé le président de la Ligue des droits de l'homme, Kaddour Chouicha. Avec un tel succès, le Groupe Mehri aura donc à affronter l'association dans l'une des plus rudes batailles focalisées autour de la propriété de l'immeuble occupé depuis plus de 50 ans par les familles menacées d'expulsion par le Groupe Mehri. La deuxième victoire n'est pas des moindres étant donné que le procès a opposé les résidents de Canastel à l'administration locale autour de l'urbanisation de la forêt de Canastel. Celle-ci ne sera pas urbanisée au grand bonheur des défenseurs des espaces verts et du cadre environnemental. Une telle mesure a été décidée par la chambre d'administration d'Es Sedikia qui a prononcé mardi dernier son verdict en décidant de l'annulation des permis de construire et la remise en l'état de la forêt de Canastel. Les défenseurs du cadre environnemental se sont félicités par le biais de tous les canaux dont les réseaux sociaux dont Facebook et Twiter. Avec une telle mesure judiciaire, l'Association des résidents de Canastel vient de remporter une grande victoire judiciaire après une longue bataille. Cette victoire s'ajoute après celle arrachée par les deux associations oranaises, El Bahia de la commune de Bir El Djir et celle des résidents de Canastel, (ARC), qui ont vu, mi-juillet dernier, leur activité suspendue durant six mois de la part du wali de la capitale de l'Ouest. La mesure a été décidée l'été dernier. A la fin du mois d'août, le tribunal administratif d'Es Sedikia près la cour d'Oran a décidé, hier, d'autoriser l'association ARC de reprendre ses activités. Il s'agit d'un des volets judiciaires opposant l'association des résidants de Canastel à l'administration de la wilaya d'Oran, suite à sa suspension de six mois de toute activité en se conformant à l'article 39 de la nouvelle loi sur les associations. Les magistrats se sont prononcés en référé sur le fond du gel de l'ARC qui a saisi la justice pour contester la décision dudit gel en ce concerne son opposition à la construction sur deux lots de terrain sur les 28, en pleine forêt de Canastel. L'ARC a été donc contrainte de saisir le tribunal administratif suite à l'octroi du permis de construire et du lancement des travaux, alors qu'il existe des textes interdisant toute construction sur un domaine forestier, en plus de la circulaire du wali d'Oran, n°10 836 du 19 août 2006 ordonnant l'interdiction de toute construction sur ledit site, aujourd'hui objet de convoitise. Ayant obtenu dans un premier temps gain de cause avec l'annulation des travaux, l'association a été suspendue en pleine bataille judiciaire dans le but de faire appliquer la loi en matière de préservation du domaine forestier. Ainsi donc, les défenseurs de la nature, convaincus de leur action, ont eu gain de cause après un procès que les sceptiques redoutaient sans issue. Mais, faut-il le dire, le crime commis aussi bien sur la forêt de Canastel et les deux associations est impardonnable. «La forêt ne doit pas être urbanisée tandis que les deux associations ne méritent pas le gel de leurs activités», a affirmé un citoyen résident de Canastel. Les défenseurs de l'urbanisation du poumon d'Oran, forêt de Canastel, ne voyaient qu'une seule variante, la dissolution pure et simple des deux associations avant de passer à leur besogne en urbanisant l'espace vert. Au départ, aucun, notamment du côté des fatalistes et des habitués du renoncement. D'autant que les plus dociles sont allés dans le fond de leur défaitisme depuis que les deux associations ont subi l'anathème et les foudres du premier responsable de la wilaya qui leur reproche...une «ingérence dans les affaires intérieures du pays». «Depuis quand et dans quelle région du monde considère-t-on la réplique d'une association à un détournement de foncier dans sa commune soit comme une ingérence dans les affaires dans la gestion de la cité?» se sont demandé plusieurs membres du mouvement associatif d'Oran. En tout cas, cette trouvaille n'a pas manquer d'être la risée des habitants de la cité. Comme elle ne manquera pas de jeter un surcroît de discrédit sur l'administration algérienne étant donné qu'elle a attenté au mouvement associatif militant pour la préservation de l'environnement deux semaines après la visite à Oran du grand acteur américain, Arnold Schwarzenegger et la signature avec la wilaya d'Oran d'un accord de partenariat pour lancer un programme pilote d'économie verte.