L'Andalousie, terre de métissage culturel et civilisationnel L'artiste espagnol Eduardo Paniagua et le joueur de luth soudanais Wafer Cheikheddine ont emmené le public en voyage en Andalousie, terre de métissage culturel et civilisationnel. La huitième édition du Festival international de musique andalouse et des musiques anciennes qui prend fin dimanche a permis de créer une osmose musicale et artistique entre les différentes troupes participantes qui se sont accordées à dire que la musique était le langage universel qui rassemblait l'humanité entière. Les troupes internationales et nationales qui ont participé à ce rendez-vous musical ont subjugué le public mélomane venu apprécier les mélodies spirituelles et folkloriques des musiques ancestrales proposées par chaque pays participant. Dans le cadre des soirées animées à l'occasion de ce festival, des poèmes et des quacidate datant de plusieurs siècles sur l'amour, la migration et la nostalgie ont été interprétés, outre des chants religieux à la louange du prophète Mohamed (Qsssl). Lors de la quatrième soirée du festival, l'artiste espagnol Eduardo Paniagua et le joueur de luth soudanais Wafer Cheikheddine ont emmené le public en voyage en Andalousie, terre de métissage culturel et civilisationnel, en interprétant des poèmes datant d'une ancienne époque espagnole écrits en arabe et en galaico portugais (ancienne langue utilisée en Espagne et au Portugal). Lors d'une autre soirée, le groupe mexicain Grifolklor et l'Orchestre andalou de l'Association des beaux-arts d'Alger ont mis en valeur, à travers la musique, les similitudes existant dans les patrimoines musicaux des deux pays. Par ailleurs, les artistes Lila Borsali et Abbas Righi ont présenté en duo des chants interprétés dans le mode Raml maya, marqués par une fusion de l'école El Malouf (Est algérien) et celle d'El Gharnatia (Ouest). Mohamed Rouane a quant à lui, présenté une dizaine de compositions, toutes inscrites dans un registre qu'il préfère appeler Casbah-jazz, un mélange des genres, entre Flamenco, jazz, chaâbi et musique orientale. Accompagné par cinq musiciens, l'artiste à la mandole blanche, s'est constitué guide d'une belle randonnée au coeur des sonorités de la culture méditerranéenne et orientale, interprétant dans la mélancolie des modes Hijez, Huzzam et Saba, des mélodies ouvertes, aux rythmes à mesures composées. A cet égard, le commissaire du festival, Aïssa Rahmaoui a indiqué, dans une déclaration à l'APS, que le brassage culturel qui a marqué ce festival «permet la création d'oeuvres communes entre les différents artistes et constitue une opportunité pour les artistes de se côtoyer et de découvrir les musiques universelles et locales». L'objectif de ce festival est la réalisation du «métissage culturel et la promotion de la musique algérienne au rang des musiques universelles, en préservant son image et son rayonnement et en veillant à son exportation», a-t-il estimé. Contrairement aux précédentes éditions n'ayant pas inclus des musiques algériennes locales et ancestrales, l'édition de cette année a connu la participation de la troupe El-Ferda (Béchar) qui a présenté un ancien genre musical de la région de Kenadsa utilisant des instruments de musique traditionnels. Les soirées du festival ont connu, depuis son lancement à la salle Ibn Zeydoun (Riadh El Feth) à Alger, une grande affluence d'un public mélomane épris de musique ancienne et authentique et conquis par les différentes prestations artistiques. Ce festival a permis au public de découvrir de nouveaux instruments à cordes et à percussion dont le quijada (instrument à percussion utilisant une mâchoire d'âne ou de cheval ou de vache) et el djouza (violon de Baghdad). Huit ans après sa création, le festival attire de plus en plus un public fidèle et passionné par les musiques anciennes, à l'instar d'une dame, accompagnée de ses enfants, qui ne rate jamais ce rendez-vous musical depuis sa création. Ce festival est «une fenêtre ouverte sur les différentes cultures qui convergent vers le langage universel qu'est la musique», a-t-elle dit. Organisée du 20 au 29 décembre, cette édition a connu la participation de 13 troupes de différents pays, outre des associations de musique algériennes. Parallèlement à ces soirées, des communications ont été animées au club Frantz-Fanon à l'office Riadh El Feth et d'autres à l'Institut supérieur de musique (ISM) sur plusieurs thèmes liés à la musique andalouse et aux musiques anciennes dont «La nouba: entre légende et reconstitution», «La musique andalouse et les expressions féminines», «L'histoire de la musique iranienne» et «Les racines du fado portugais».