«La question a été et pour la première fois abordée par le Conseil des droits de l'homme sous l'angle de l'impact du versement de rançon sur la jouissance des droits de l'homme.» Dans un entretien au mensuel Afrique Asie, le chef de la diplomatie algérienne Ramtane Lamamra, souligne l'importance d'agencer le consensus moral et politique relatif au paiement de la rançon dans une juridiction internationale de portée universelle. Il affirme à ce propos que «même si un consensus moral et politique existe, sur le plan régional et international, quant à la condamnation de la prise d'otages et de l'extorsion de rançon, il n'a cependant pas encore été codifié dans un instrument juridique international de portée universelle». Des propos bien pesés qui mettent en évidence l'absence d'une forme matérielle au processus correspondant à la criminalisation du paiement de la rançon, ce qui constitue, d'ailleurs une opportunité pour certains Etats qui prétendent lutter contre le terrorisme, à continuer à user de cette voie pour libérer leurs concitoyens. A leur sens cette voie est légale. Néanmoins, cela n'empêche en rien, souligne encore le ministre des Affaires étrangères que «la diplomatie algérienne continue de s'employer concrètement, et depuis ces quatre dernières années à engager la communauté internationale sur la démarche de la criminalisation du paiement de la rançon aux groupes terroristes en contrepartie de la remise en liberté de personnes retenues en otage». Dans ce même contexte, le diplomate connu pour son objectivité et sa perspicacité, précise que «l'Algérie a agi dans ce sens au niveau africain pour une mobilisation autour de la prise en charge de cette question par les Nations unies». Dans ce même entretien, il ne manquera pas de rappeler à qui veut l'entendre que «l'Union africaine a pleinement soutenu cette initiative» et que «des progrès notables ont dès lors été enregistrés, notamment au niveau du Conseil de sécurité de l'ONU qui a adopté, en décembre 2009, la résolution 1904 introduisant une disposition incriminant, même de manière allusive, le paiement de rançon». Ramtane Lamamra note également que la question a été et pour la première fois abordée par le Conseil des droits de l'homme sous l'angle de l'impact du versement de rançons sur la jouissance des droits de l'homme». Il ajoute à ce même sujet, que les efforts de l'Algérie ont abouti au sein du Forum global contre le terrorisme (Fgct), à l'adoption du mémorandum d'Alger. En abordant ce chapitre, le chef de la diplomatie algérienne, explique que «ce mémorandum contient les bonnes pratiques en matière de prévention des enlèvements contre des rançons par des terroristes et l'élimination des avantages qui en découlent». Dans cet entretien qui semble avoir fait le tour complet de la question, le ministre qui domine parfaitement son sujet rappelle que les dirigeants du G8 se sont engagés, lors de leur dernier sommet en juin 2013, à refuser de verser des rançons en cas d'enlèvements de leurs ressortissants par des terroristes et ont appelé les entreprises à respecter ce principe». Sauf peut-être quelques pays européens comme la France, qui appellent à une chose et appliquent son contraire. Pour libérer ses otages détenus par un groupe d'Al Qaîda au Maghreb islamique, au nord du Mali, la France s'est, en effet, servi de l'argent. En s'inclinant devant le chantage, l'Hexagone alimente les terroristes, sans être conscient des conséquences encore plus fatales. Le ministre assure cependant que l'Algérie compte à ne pas en douter, à préserver dans ses efforts consentis en collaboration avec ses partenaires engagés dans la lutte antiterroriste à s'appliquer davantage pour parvenir au lancement rapide de nouveaux pourparlers au niveau de l'ONU sur l'adoption d'instruments et mécanismes contraignants, qui permettraient d'avancer vers une évolution clairvoyante et d'aller plus loin dans ce consensus afin d' assurer d'autres acquis, car pour le ministre, le paiement de la rançon ne constitue en termes de lutte contre le terrorisme qu' «une partie de la problématique du financement du terrorisme». Pour Lamamra la jonction entre le terrorisme et le trafic de drogue et d'autres manifestations du crime organisé transnational, sont des facteurs générateurs de sources financières qu'il juge plus importantes. Du point de vue du diplomate «il importe que la coopération antiterroriste internationale adopte une approche d'ensemble de la problématique du financement du terrorisme, et en soumette tous les gisements à des instruments juridiques, de même nature et de même valeur obligatoire, dans un effort de grande envergure mené par toute la communauté internationale», notamment ceux qui affrontent le terrorisme.