L'urne a opposé un niet catégorique à cette mouvance qui fait toujours peur aux Algériens Le bruit de la dernière forteresse qui vient de s'écrouler en Turquie a fait des vagues dans le monde musulman. La colombe s'est envolée «Tar Lahmame, Ndlr». L'espoir de voir les islamistes accéder au gouvernement ou à la présidence de la République en Algérie a fondu comme neige au soleil. A moins de 3 mois de l'élection présidentielle, cette mouvance a du mal à se manifester sur le terrain. Cette disparition des radars de la politique n'est pas une attitude voulue. Essoufflée, elle est devenue inaudible et ne draine plus les foules. Ils y ont cru jusqu'à la dernière minute. Encouragés par le succès de leurs «frères» dans la plupart des pays arabes touchés par les révoltes, les islamistes algériens se sont employés depuis des mois à fédérer leurs rangs en perspective de l'élection présidentielle. Mais... hélas! Le bruit de la dernière forteresse qui vient de s'écrouler en Turquie a fait des vagues dans le monde musulman. Comme en Tunisie, la mouvance islamiste modérée en Algérie avait comme modèle, la Turquie. La prospérité économique de ce pays dirigé par un gouvernement islamiste était un vrai modèle pour le MSP et surtout une caution pour les Européens effarouchés par les dangers d'un islamisme à l'afghane ou l'éphémère expérience algérienne avec le FIS dissous. Bien plus, même la mouvance démocratique algérienne s'est rendu à «l'évidence» en acceptant cette «fatalité» de circonstance. Séduits par le modèle turc, les observateurs les plus hostiles, même les adeptes de la démocratie kaki, ont fini par admettre que l'islamisme modéré peut constituer une alternative crédible à la construction d'un destin national. L'argument de la Turquie était donc inattaquable. Seulement, après les dernièrs événements qui secouent ce même gouvernement, les certitudes ont fini par tomber. Le fatalisme de la dernière heure vient de s'écrouler avec le scandale de corruption dont a été accusé le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan. Des manifestations sont organisées dans une dizaine de villes, notamment Istanbul et Ankara, pour exiger sa démission, M.Erdogan reste cependant inflexible. Eclaboussé par ce scandale politico-financier sans précédent Erdogan tente de résister et demeure. Emportant le rêve du Premier ministre turc de briguer la présidentielle de 2014, ce scandale balaie aussi l'appétit des islamistes algériens grisés par les révoltes arabes, un vieux souvenir, déjà. La tentative «d'unification» a été très sérieusement évoquée lors des législatives de mai 2012. L'opportunité était inespérée au moment où le printemps arabe ne fleurissait qu'en vert. C'était la mode des gouvernements islamistes dans le Monde arabe qui s'est même offert une présidence en Egypte avec l'élection de Mohamed Morsi comme chef de l'Etat. Peine perdue. L'urne a opposé un niet catégorique à cette mouvance qui fait toujours peur aux Algériens. Non seulement nos islamistes n'ont pas réussi leur entreprise de réunification, mais ils ont subi un cuisant échec électoral. Surtout que la conjoncture régionale a vite tourné en leur défaveur avec ce qui s'est passé en Egypte où Morsi a été démis de ses fonctions par l'armée pour graves dérives dans la gestion des affaires du pays. La fissure dans le rêve islamiste a commencé justement avec cette destitution de Morsi en Egypte. Vingt et un ans après l'arrêt du processus électoral en Algérie, les généraux algériens ont fait des émules. Cela démontre par ailleurs que l'Algérie est un cas d'école. Elle a marqué l'histoire des nations en posant un problème strictement philosophique avec l'arrêt du processus électoral. Le 26 décembre 1991, l'ex-FIS bombait le torse, il venait de rafler la mise aux élections législatives en gagnant 188 sièges sur les 231 que comptait alors l'Assemblée algérienne. La question qui se posait alors était: que faire? Laisser des intégristes islamistes prendre démocratiquement le pouvoir et l'exercer? Les démocrates peuvent-ils légitimement refuser le droit de porter sur le trône des obscurantistes qui ne reconnaissent que la tranchante loi du sabre? La question ne sera jamais tranchée. Il reste que l'Algérie a été la défaite des islamistes. Très largement battus par la mouvance dite nationaliste et patriotique, ces mêmes islamistes islamistes ont doublement fait les frais, d'abord de leurs égarements idéologiques en instrumentalisant la religion à des fins politiques qui a abouti à l'action armée durant les années 1990, et de leur louvoiement avec le pouvoir quand le MSP de Mahfoud Nahnah a rejoint le gouvernement en 1995. Assommés par l'urne, ils ne se sont pas encore relevés de leur échec aux législatives de mai 2012. Ayant perdu la boussole, la mouvance islamiste algérienne navigue à vue, face à une échéance présidentielle capitale. Mais on dit souvent que l'hydre islamiste a plusieurs têtes. C'est-à-dire qu'elle n'est jamais morte.