La déclaration du Premier ministre appelle, selon les observateurs, plusieurs lectures dont deux essentielles. Soit il fait la campagne pour un 4e mandat pour Bouteflika, soit il fait sa propre campagne. Plus que toutes les autres, la visite du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, hier dans la wilaya de Mascara, a été consacrée à l'élection présidentielle du mois d'avril prochain. Et l'option d'un 4e mandat pour Bouteflika, malgré tout le flou et l'incertitude qui l'entourent, est annoncée à demi-mot par le Premier ministre. Ce dernier a annoncé, à l'occasion de la traditionnelle rencontre avec les représentants de la société civile que «le corps électoral sera convoqué dans les prochaines semaines». «Nous allons à cette élection la tête haute et je souhaite qu'elle se déroulera dans le calme», a-t-il dit, précisant que ce calme est inévitable grâce à la stabilité et aux moyens matériels et humains dont dispose le pays. Avec l'assurance qui lui est connue, M.Sellal a indiqué que son gouvernement abordera cette échéance sans crainte. Il parle de la poursuite des «réalisations» après la présidentielle, avec la certitude qu'aucun changement n'interviendra. «On a construit l'infrastructure de base et on doit continuer à fournir des efforts dans ce sens sans relâche ni panne», a-t-il souligné. C'est dans ce contexte qu'il annonce à demi-mot la candidature de Bouteflika: «Je suis à l'aise ainsi que mes collègues du gouvernement (il exprime sa confiance quant à l'issue de l'élection, Ndlr) et le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, est notre guide.» La prononciation de cette phrase a fait «vibrer» la salle de l'auditorium de l'université de Mascara qui a abrité la rencontre. «Vive Bouteflika» et «4e mandat» ont été lancés par l'assistance. Et à M.Sellal de reprendre: «Nous sommes déterminés à poursuivre la construction de l'infrastructure de base et à réaliser la justice sociale. Je souhaite que le peuple soit à la hauteur.» Mais la déclaration du Premier ministre appelle, selon les observateurs, plusieurs lectures dont deux essentielles. Soit il fait la campagne pour un 4e mandat pour Bouteflika, soit il fait sa propre campagne. La grande question est là, mais là n'est pas le propos. Le Premier ministre a insisté dans son discours sur la nécessité de préserver la stabilité du pays et les acquis de la Réconciliation nationale. Dans sa plaidoirie en faveur de la continuité, l'hôte de Mascara a expliqué que l'Algérie a réalisé un saut qualitatif en s'appuyant sur deux données «officielles». La première concerne le taux de l'inflation qui a atteint 3,4% en 2013 et la deuxième est relative au taux de chômage de l'ordre de 9,8% en 2013. «On considère cela comme une grande réalisation de l'Etat et on doit poursuivre l'effort pour dépasser le problème de l'emploi», a-t-il dit, sur le ton d'un homme sûr de son avenir politique. Avant l'intervention de M.Sellal, c'est le P/APW de Mascara qui a appelé le chef de l'Etat à briguer un autre mandat présidentiel. Dans un discours de moins de cinq minutes où aucune préoccupation des citoyens qui l'ont élu n'est exprimée, l'orateur s'est contenté de dire que «nous n'allons pas trahir la promesse au grand homme Abdelaziz Bouteflika». «Au nom de tous les citoyens et élus de Mascara, je souhaite que Bouteflika brigue un 4e mandat», a-t-il lancé sous une pluie d'applaudissements de l'assistance, y compris du Premier ministre, du ministre de l'Intérieur et du wali. Parmi les P/APW, celui de Mascara n'est pas le premier à consacrer son discours à un tel «souhait». D'autres comme celui de Chlef, de Tlemcen, Aïn Témouchent... l'ont déjà fait avant lui. Etant tous issus du FLN, il est à se demander si ces élus ont été instruits par la direction du parti dont le secrétaire général en fait un refrain ou agissent-ils selon leur propre conviction. En tout cas, la campagne se poursuit malgré le fait que l'option du 4e mandat semble avoir été abandonnée au même titre que le projet de révision de la Constitution. Bouteflika ne s'étant pas encore exprimé sur la question, le flou reste entier.