L'Iran a invité la chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, agissant au nom du groupe 5+1, à se rendre dans le pays, a déclaré hier Abbas Araghchi, le vice-ministre des Affaires étrangères. Représentants de l'Iran et de l'Union européenne sont parvenus à un accord vendredi à Genève pour la mise en oeuvre de l'accord intérimaire sur le programme nucléaire de Téhéran, un projet qui doit encore être ratifié par les pays signataires, selon les négociateurs. «Nous avons trouvé des solutions à tous les points de désaccord mais la mise en oeuvre de l'accord de Genève dépend de la ratification finale des capitales» concernées, a déclaré le vice ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, à la télévision iranienne. «Des progrès significatifs ont été obtenus sur toutes les questions pertinentes. C'est maintenant à un niveau de validation politique dans les capitales», a indiqué dans un bref communiqué Michael Mann, le porte parole de la diplomate en chef de l'Union européenne (UE), Catherine Ashton. M. Araghchi a estimé que ses deux jours de discussions avec Helga Schmid, adjointe de Mme Ashton qui mène les négociations au nom du 5+1 (Chine, Etats-Unis, Russie, France, Grande-Bretagne et Allemagne) avaient été «bons, constructifs et intenses». Les ministres des Affaires étrangères des grandes puissances qui étaient parvenus le 24 novembre à Genève à un accord avec l'Iran vont publier une déclaration, selon le responsable iranien qui a indiqué qu'aucune autre réunion au niveau des experts n'est prévue. M. Araghchi s'est refusé à donner une date pour la mise en oeuvre de l'accord, indiquant que cela dépendait de la décision des pays concernés. Deux précédentes séries de négociations au niveau des experts, d'abord à Vienne puis à Genève en décembre, avaient abouti à proposer la date du 20 janvier pour mettre en oeuvre cet accord, qui constitue aux yeux de tous une avancée importante après plus de dix ans de tensions sur le programme nucléaire iranien. L'accord entre les «5+1» et l'Iran prévoit une limitation de l'enrichissement d'uranium en Iran pendant une période de 6 mois, au cours desquels il n'y aura pas de nouvelles sanctions économiques. L'Iran est soupçonné, malgré ses dénégations, de chercher à se doter de l'arme atomique sous couvert de programme nucléaire civil. Le dernier round de discussions à Genève visait à régler de façon politique trois questions en suspens. Selon des sources diplomatiques, l'une des principales porte sur les dernières générations de centrifugeuses iraniennes pour enrichir l'uranium. Ces discussions de Genève se sont tenues alors que les dirigeants iraniens s'inquiètent de plus en plus ouvertement de la lenteur de mise en oeuvre de l'accord et de ce qu'ils jugent comme des tentatives de le remettre en cause. Dans une conversation téléphonique jeudi avec le président russe Vladimir Poutine, le président Hassan Rohani, qui par sa politique d'ouverture a permis cet accord, a mis en garde contre «la recherche de prétextes pour créer des problèmes dans le processus de négociations», selon l'agence iranienne Isna. Il a aussi appelé, selon Isna, «certains pays à respecter leurs engagements et à éviter certaines structures qui masqueraient leur bonne volonté», une référence assez explicite aux tentatives du Congrès américain de voter des dispositions visant à renforcer les sanctions contre l'Iran en cas d'échec de la voie diplomatique. L'accord porte sur six mois pendant lesquels de nouvelles négociations en vue d'un accord permanent pourront se tenir. L'agence de l'ONU pour l'énergie atomique, l'AIEA, basée à Vienne, va aider dans la vérification du respect des engagements pris par l'Iran.