Berlin attend des décisions diplomatiques européennes lundi avant tout préparatif d'intervention en Afrique, a indiqué hier un porte-parole du ministère allemand de la Défense, affirmant que rien n'était décidé sur la forme que pourrait prendre sa participation à une opération en Centrafrique ou au Mali. «Le ministère des Affaires étrangères et le ministère de la Défense sont parties prenantes de discussions en cours», a déclaré un porte-parole de ce dernier. «La diplomatie doit prendre une décision de fond et après seulement les militaires planifieront». En tout état de cause «il n'y a pas de projet d'envoyer des troupes de combat», a-t-il précisé. Il réagissait à un article du quotidien Süddeutsche Zeitung hier selon lequel la Bundeswehr s'apprêterait à s'engager aux côtés de la France au Mali et en Centrafrique, notamment par le biais de l'envoi de soldats de la brigade franco-allemande. L'armée allemande est sous le contrôle du parlement, pas du gouvernement, et toute intervention dans une zone de conflit est conditionnée à un feu vert des députés du Bundestag, qui le refuserait certainement s'il s'agissait d'aller combattre, la population y étant très opposée. Des discussions sont en cours concernant une éventuelle mission militaire européenne en Centrafrique, en proie à des tueries à caractères religieux. Les ministres européens des Affaires étrangères doivent se rencontrer à ce propos demain à Bruxelles. Selon un scénario qui circule à Berlin, si des troupes françaises pour le moment stationnées au Mali devaient être envoyées en Centrafrique, l'Allemagne pourrait apporter son aide au Mali, par exemple par le biais de la brigade franco-allemande. Des soldats allemands participent déjà à la mission de stabilisation de l'ONU au Mali, la Minusma, ainsi qu'à celle de l'UE consacrée à la formation. Une prolongation du mandat de la Bundeswehr doit intervenir à la mi-février. Le ministère allemand des Affaires étrangères avait martelé vendredi soir que «rien (n'était) décidé» quant à une intervention plus poussée en Afrique, et qu'il n'y avait aucune raison de prendre «des décisions précipitées». Selon le Süddeutsche Zeitung, dont à Berlin on supposait qu'il avait eu entre les mains une version des nombreux scénarios préparatoires qui circulent actuellement, l'armée allemande pourrait proposer d'envoyer des troupes et du matériel dans la capitale centrafricaine Bangui - et non pas dans les pays voisins, comme il était question jusqu'à présent. Au Mali, il s'agirait d'envoyer des forces de sécurité à Bamako et dans «une plus petite localité» pour protéger un site de formation militaire. L'Allemagne s'était isolée sur la scène internationale en 2011 en refusant d'intervenir en Libye aux côtés notamment de la France. Ces dernières semaines, alors que le nouveau gouvernement d'Angela Merkel prend ses marques, les responsables allemands ont eu à coeur de souligner dès qu'ils en avaient l'occasion l'étroitesse du lien franco-allemand.