L'Etat consacre annuellement 46 milliards de DA pour la filière du lait Encore une solution de «replâtrage» comme pour la pomme de terre, la tomate, la viande ou même l'orange. Comme pour la pomme de terre, la semoule, la viande ou même l'orange, rappelez-vous, ramenée d'Espagne, l'Algérie a de nouveau recours à l'importation pour tenter de juguler la crise qui s'est installée dans le secteur du lait en sachet et qui empoisonne au quotidien la vie du citoyen. Pour parer un tant soit peu à cette situation scabreuse, les pouvoirs publics se tournent de nouveau vers l'extérieur en programmant une importation globale de 75 000 tonnes de poudre de lait pour tenter de juguler une crise, récurrente du reste, qui a sérieusement perturbé la disponibilité du sachet de lait à Alger, notamment et dans plusieurs autres wilayas du pays. Le site britannique Dairy Market a indiqué hier que l'Algérie est actuellement en train de négocier sérieusement, sur le marché international, l'acquisition de 35.000 tonnes de poudre de lait sans graisse, et 40.000 tonnes avec matière grasse entière, soit au total 75.000 tonnes. Cette imposante quantité serait livrable avant la fin du mois de janvier courant. Le site prévoit également que les prix vont connaître une baisse durant les prochains jours. Dans ce contexte, des rapports officiels révèlent que le volume des importations algériennes de lait en poudre de lait ont baissé durant l'année écoulée. Le bilan de la Douane algérienne indique, de son côté, que durant les 10 premiers mois de 2013, les importations algériennes de poudre ont baissé de 15,4%, pour passer de 262.830 tonnes à 222.371 tonnes par rapport à 2012. Cette politique d'importation n'a donné aucun résultat positif dans le domaine. En effet, cette baisse des importations et la faible production intérieure de cette matière de large consommation ont engendré la rareté du lait en sachet, ainsi que la hausse des prix des dérivés du lait. C'est pourquoi le Premier ministre a instruit, dernièrement, les ministères de l'Agriculture et du Développement rural et du Commerce de trouver une solution à cette crise qui a explosé depuis presque un mois dans tout le pays. Le prix du lait conditionné en carton tetrapak a atteint 90 DA, alors que le prix du yaourt a augmenté de 5 DA l'unité, s'ajoutant à une hausse notable des prix de toutes les qualités de fromage. Cette hausse est survenue à un moment où le gouvernement a rassuré le citoyen que le prix du lait n'augmentera pas. L'Etat consacre annuellement 46 milliards de DA pour subventionner la filière du lait et encourager la production intérieure dans le but de réduire la facture des importations. Dans une tentative de trouver une solution radicale à ce problème, et d'aboutir par là même à l'autosuffisance (un rêve!), le gouvernement a ouvert la porte aux investisseurs étrangers pour investir dans les grandes terres agricoles, dans le but d'assurer le transfert d'expériences de gestion. Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Abdelouahab Nouri, a déclaré récemment que des concertations sérieuses sont menées entre son département et des investisseurs britanniques dans la perspective de conclure un accord concernant l'installation d'une ferme d'élevage de vaches laitières à Menaâ, relevant de la wilaya de Ghardaïa. Il a été ainsi décidé d'étendre la ferme sur une superficie de 120.000 hectares, alors que le ministère a donné son accord de principe pour mettre à leur disposition 5000 hectares. Cette ferme sera exploitée par pas moins de 12 investisseurs dont chacun disposera de 3000 vaches laitières dont la production devra servir également à la confection de yaourts et dérivés. En attendant la concrétisation de ce projet ambitieux, ne serait-il pas judicieux d'améliorer la collecte de lait à l'échelle nationale et de pourvoir en quantités suffisantes de lait en poudre les 153 laiteries conventionnées (en 2012) dont 15 publiques relevant de Giplait? La majorité des laiteries reçoit de l'Onil du lait en poudre subventionné à 159 DA/kg pour la fabrication du lait pasteurisé semi-écrémé vendu au prix administré de 25 DA/l. A ces laiteries conventionnées avec l'Onil, s'ajoutent des laiteries privées qui fabriquent du lait UHT (traitement à haute température) avec de la poudre de lait importée et qui est vendu au prix libre. Il existe une dizaine de laiteries privées qui ne fonctionnent qu'avec du lait cru pour la fabrication du lait pasteurisé et qui reçoivent une subvention d'intégration de 6 DA/litre. De pénurie en pénurie, d'une hausse à l'autre, le tout ponctué par des pannes de transport ou d'alimentation en énergie électrique...le lambda algérien n'en peut plus. Il est fatigué de continuer à vivre ainsi dans l'incertitude des lendemains. La récente perturbation dans la distribution du lait en sachet constatée à Alger, a semé de nouveau le désarroi chez le simple consommateur, notamment à bourse moyenne. Diverses raisons ont été évoquées par des ministres du secteur pour tenter ces derniers jours de justifier l'injustifiable. Hausse du lait en poudre sur les marchés internationaux, grèves anarchiques dans certains secteurs inhérents à cette activité... tout était bon pour tenter de «tromper», encore une fois, le citoyen algérien. Ce dernier en a marre de supporter toutes ces vicissitudes désagréables souvent dues à des responsables incompétents qui continuent, derrière leurs bureaux luxueux, à leurrer sans vergogne un peuple fatigué par leurs mensonges débités à profusion pour se maintenir sur leur «koursi». Pourtant, l'Etat subventionne le lait, tout comme plusieurs denrées alimentaires de base comme l'huile, le sucre, la semoule et les légumes secs. Aussi, malgré la «hausse évoquée» du prix de la poudre de lait sur le marché international, la subvention devrait suivre pour que la hausse précitée ne soit pas répercutée sur le prix du sachet de lait. Celui-ci devrait valoir toujours 25 DA l'unité, que le coût de cette fameuse poudre diminue ou augmente sur le marché international, il en est de même pour tous les autres produits commercialisés en Algérie. De toute façon, il ne faut pas filouter, les prix pratiqués sur le marché national sont toujours orientés vers la hausse et jamais vers la baisse, quelles que soient les variations de prix à l'international.