«L'arrivée au pouvoir de José Luis Zapatero et la réélection du président algérien Abdelaziz Bouteflika ouvrent, en effet, de réelles perspectives pour un dialogue triangulaire débarrassé des coups bas et des machinations de bas étage» écrit le journal marocain El Bayane sur un ton tendancieux et savamment orienté. Avant de poursuivre que c'est là, l'occasion idéale qu'il faut saisir au vol pour mettre fin définitivement au conflit du «conflit du Sahara occidental qui envenime les liens entre les trois pays depuis une trentaine d'années». Notre confrère n'ignore tout de même pas la position de principe de l'Algérie, concernant le dossier du Sahara occidental, qui doit être résolu dans le cadre de l'ONU et des accords de Houston. Le référendum d'autodétermination du peuple sahraoui, que même les autorités marocaines ont approuvé, demeure la seule voie vers un règlement juste du conflit au Sahara occidental, et que toute fuite en avant ne profitera à personne. Même si de leur coté les socialistes marocains estiment que leurs homologues espagnols «ont toujours été plus ouverts que le Parti populaire de M.Aznar, notamment sur la question sensible du règlement du contentieux du Sahara occidental». Des commentaires maladroits, symptomatiques d'un affolement, ayant précédé la visite au Maroc du chef du gouvernement espagnol José Luis Zapatero. Ce dernier est arrivé, hier, en début d'après-midi à Casablanca où il devait, notamment, s'entretenir avec le roi Mohammed VI. L'hôte du royaume chérifien, accompagné de MM.Miguel Angel Moratinos et José Antonio Alonso, respectivement, ministre des Affaires étrangères et ministre de l'Intérieur, entend porter une «attention préférentielle» aux relations avec le Maroc, et surtout «tourner la page de la difficile ère Aznar». Aussi, Zapatero compte, à travers cette première visite d'Etat au Maroc, d'un premier ministre espagnol, mettre un terme à «la crispation maroco-espagnole».Une tension induite par la grave crise qui a opposé les deux pays à propos du statut de l'îlot Leila/Perejil, au large des côtes marocaines. Les attentats du 11 mars dernier à Madrid, qui ont fait 191 morts, ont été attribués à des activistes du Groupe islamique des combattants marocains (Gicm) liés à Al Qaïda. Ce qui n'empêche pas Madrid et Rabat de joindre leurs efforts, dans la lutte antiterroriste, une volonté qui s'est illustrée par l'inauguration, par M.Zapatero, en compagnie du souverain marocain, d'un monument à la mémoire des victimes des attentats perpétrés le 16 mai 2003 à Casablanca - qui ont fait 45 morts, dont quatre Espagnols. Par ailleurs, le Maroc connu pour être la rampe de lancement de l'immigration clandestine vers l'Espagne, est tenu de répondre à l'urgence du contrôle des flux migratoires. Le conflit du Sahara occidental et la délimitation des zones territoriales (enclaves de Ceuta et Melila) ont été au centre des discussions entre le chef du gouvernement espagnol et le roi du Maroc.