L'ex-président Mohamed Morsi de nouveau devant la justice Au Caire, un général de la police et conseiller du ministre de l'Intérieur a été assassiné par des inconnus qui ont pris la fuite en moto, en pleine vague d'attentats jihadistes visant les forces de l'ordre. Le président islamiste égyptien Mohamed Morsi, destitué par l'armée qui vient de demander à son chef de postuler à la magistrature suprême, comparaît hier devant un tribunal du Caire pour son évasion de prison en pleine révolte contre Moubarak en 2011. Au même moment, un général de police et conseiller du ministre de l'Intérieur a été assassiné au Caire par des inconnus qui ont pris la fuite en moto, en pleine vague d'attentats jihadistes visant les forces de l'ordre. La police et l'armée, elles, répriment implacablement dans le sang, depuis la destitution de Morsi le 3 juillet, toute manifestation de ses partisans. M.Morsi et d'autres leaders de sa confrérie des Frères musulmans, dont le guide suprême Mohamed Badie, sont apparus en uniforme blanc des détenus derrière le grillage d'une cage, selon les images diffusées par la télévision d'Etat. Apparemment en bonne santé, le chef de l'Etat déchu écoutait l'accusation égrener le nom des 131 accusés, en tournant en rond l'air exaspéré. M.Morsi, le seul président jamais élu démocratiquement en Egypte, encourt la peine de mort pour s'être évadé de prison avec, selon l'accusation, la complicité de membres du Hamas palestinien, du Hezbollah libanais et de mouvements jihadistes. Lors de la seule audience d'un autre procès où il a comparu physiquement le 4 novembre, le chef de l'Etat déchu avait qualifié les quatre affaires pour lesquelles il est poursuivi de «procès politiques» intentés par le pouvoir «illégitime» des auteurs d'un «coup d'Etat». Ce nouveau procès s'est ouvert au lendemain de l'appel sans surprise lancé par la toute puissante armée égyptienne à son chef, le maréchal Abdel Fatah al-Sissi - nouvel homme fort du pays qui avait destitué M.Morsi - pour qu'il présente sa candidature à l'élection présidentielle prévue dans les trois mois. Et ce, trois ans presque jour pour jour après la révolte populaire qui, dans la lignée du Printemps arabe, avait mis fin à 30 années de règne absolu de Hosni Moubarak, ex-général lui même propulsé par l'armée à la tête du pays après l'assassinat d'Anouar el-Sadate. Au lendemain du 25 janvier 2011, début de la révolte, Moubarak faisait arrêter les principaux leaders des Frères musulmans dont Morsi, pour éviter la contagion dans la rue. Deux jours plus tard, le 28 janvier, en plein chaos, des dizaines d'assaillants abattaient les murs de leur prison à l'aide de bulldozers et des milliers de détenus s'enfuyaient. M.Morsi est jugé avec 130 co-accusés, dont 70 membres du Hamas et du Hezbollah par contumace ainsi que des jihadistes, pour cette évasion grâce à des «groupes terroristes» étrangers, s'étant soldée par la mort des gardiens et policiers dans les échanges de tirs. M.Morsi, arrêté par l'armée le 3 juillet, encoure la peine capitale dans trois des quatre procès intentés contre lui. Et depuis sept mois, le nouveau pouvoir mis en place par le très populaire maréchal Sissi, vice-Premier ministre, ministre de la Défense et très probable candidat à la présidentielle, mène une implacable répression contre toute manifestation des pro-Morsi. Selon Amnesty International, quelque 1.400 personnes ont été tuées dans des manifestations depuis le 3 juillet, des manifestants islamistes pour l'immense majorité. Dans le même temps, les attentats visant les forces de sécurité se sont multipliés, revendiqués pour les plus sanglants par un groupe jihadiste s'inspirant d'Al Qaîda, Ansar Beït al-Maqdess. Mais le gouvernement intérimaire en accuse systématiquement les Frères musulmans, décrétés désormais «organisation terroriste».