Les logements poussent comme des champignons, le trafic aussi Annaba est la seule wilaya du pays où la crise du logement persiste en dépit de 40.000 unités réalisées en 2013. Ne disant pas son nom, la crise du logement dans la wilaya de Annaba ne cesse d'être à l'origine de plusieurs foyers de contestations citoyennes. Il ne se passe pas un jour sans que le siège de la wilaya ne soit assiégé par les demandeurs de logements sociaux, notamment ceux occupans les baraques des bidonvilles. Ces derniers dont le nombre n'a pas baissé d'un cran. C'est dire que les principaux postulants au logement social sont ceux installés dans des constructions illicites. Cette masse de demandeurs de logements s'est tracé un objectif, décrocher une unité sociale vaille que vaille. Hors de la wilaya de Annaba, ces demandeurs de logements ont fait en sorte que les occupants d'habitations menaçant ruine dans les différents quartiers de la ville, ont vu leur droit octroyé à autrui... Comme c'est le cas des habitants des cités Ausas, la Colonne, Saint-Cloud, le marché au blé, pour ne citer que ces quartiers dont les constructions remontent à l'ère coloniale, voire même ottomane. Seuls les occupants des baraquements sont à la devanture des revendications, occasionnant ainsi moult mouvements de contestations et rassemblements, comme ce fut le cas des habitants de Boukhadra 3, dans la daïra d'El Bouni qui ont observé, hier, un rassemblement devant le siège de la wilaya. Une action engagée pour exiger des autorités locales une date fixe quant à leur relogement censé s'effectuer le 15 janvier écoulé. Selon certains contestataires, l'ex- chef de l'exécutif de la wilaya de Annaba, Mohamed El Ghazi en l'occurrence, avait fixé cette date pour mettre fin à leur calvaire. «L'ex-wali nous a promis que le 15 janvier sera la date ultime pour occuper nos nouvelles maisons situées à Bouzaâroura, sauf que la promesse n'a pas été honorée.» En effet, la veille de leur relogement, les bénéficiaires dont les préparatifs quant à leur déménagement étaient finalisés, ont été surpris par l'annulation de l'opération. Ce qui a suscité une colère qui s'est traduite par plusieurs rassemblements dont le dernier remonte à hier, pour s'enquérir des raisons de cette annulation. Cette dernière s'est avérée sur ordonnance du ministère de tutelle, à savoir le ministère de l'Habitat. Par ailleurs, les représentants des 1000 familles concernées par le recasement ont été reçus par les responsables de la wilaya où des éclaircissements leur ont été fournis, portant notamment sur la vérification des listes des bénéficiaires par une commission ministérielle. Dans ce sens, il est à signaler que l'affichage de la liste des bénéficiaire des 1000 logements du site de Bouzaâroura, remontant à plus d'une année, avait fait des mécontents au sein des exclus et même dans les rangs des bénéficiaires. Ces derniers ont dénoncé des attributions à des non-ayants droit. Des noms et des situations ont été donnés. Une situation restée conflictuelle, occasionnant de sempiternels rassemblements. Ainsi, et à l'issue de cette perturbation citoyenne, une commission d'enquête avait été dépêchée par le ministère de l'Habitat, à l'effet de superviser la distribution des 1800 unités sociales. Composée de six membres, la commission d'enquête a tenu une réunion avec le premier responsable de la wilaya, Mohamed Sandid et le directeur de l'Opgi ainsi que les représentants des daïras concernées par l'attribution des 1800 logements. A l'ordre du jour de cette commission, contrecarrer l'attribution arbitraire de ce quota de logements à l'origine de la grogne citoyenne. Il est à noter que ladite commission a été dépêchée par le département de M. Abdelmadjid Tebboune, ministre de l'Habitat, suite au report de l'opération de recasement des occupants des habitations précaires de Boukhadra, Bouzaâroura et Beni M'haffer. Une décision qui a fait sortir des centaines de familles dans la rue pour faire parvenir leurs doléances aux responsables dont le ministère de tutelle. Abdelmadjid Tebboune n'est pas resté indifférent à la situation de Annaba, seule wilaya dont la crise du logement demeure la plaie de tous les dangers, vu le nombre de demandeurs et de mouvements de contestations. Une conséquence directe des représailles du département de Tebboune, qui met en garde contre tout trafic dans l'attribution des unités de logements tous segments confondus, le social surtout. Dans ce sillage, le ministre promet de remettre les pendules à l'heure avec des mesures pouvant atténuer la forte demande, mais surtout mettre fin à tout trafic. Dans ce sens, le commis de l'Etat, chargé de l'Habitat, a décidé de mettre en place des commissions spéciales pour superviser les listes d'attribution préparées par les soins des services des APC et ceux des daïras. Lesdites commissions seront chargées d'assainir les listes de tous les noms suspectés d'avoir bénéficié de logements frauduleusement. Par ailleurs, le ministre de l'Habitat a instruit le wali de Annaba, de prendre en charge le dossier du logement, et de le suivre personnellement pour éviter que les dépassements ne se reproduisent plus.