Les retards enregistrés dans les livraisons du programme 2001 risquent de donner un sérieux coup à la crédibilité d'une formule, à l'origine d'un immense espoir. Lancée à grands renforts médiatique vers la fin de l'été 2001, la formule location-vente a suscité un engouement sans pareil au sein de larges couches de la société. On se souvient qu'à l'ouverture des guichets pour le retrait des formulaires de souscription, des dizaines de milliers de citoyens ont pris d'assaut les sièges des Opgi où se déroulait l'opération. Cet intérêt pour la formule d'accès à la propriété immobilière a eu un succès tel que les pouvoirs publics se sont vu une option stratégique dans le traitement de la question de la crise de logement que vit avec acuité la classe moyenne de la société. L'espoir mis par les Algériens dans la location-vente a fait de cette dernière la formule vedette et a permis d'entrevoir une petite révolution dans le mode de gestion du dossier du logement en Algérie. En effet, la démarche mise sur pied par les promoteurs de la location-vente, permet un maximum de lisibilité pour les citoyens et les pouvoirs publics, d'un côté et donne à l'Etat l'opportunité de réinvestir l'argent récolté à travers les loyers payés par les acquéreurs pour lancer d'autres programmes du même type. En d'autres termes, la location-vente est une formule réellement viable, au sens que chacun y trouve son compte. Les citoyens qui ont réagi positivement à l'annonce de la nouvelle formule, ont vu leur confiance renforcée à la vue des premiers chantiers lancés en mars 2002, et surtout lorsqu'ils ont constaté toute la rigueur dans le traitement des dossiers. La corruption, le copinage et autres méfaits qui ont participé à la décrédibilisation de l'administration n'avaient pas droit de cité à l'Aadl. En fait la location-vente a connu de grands moments, avec notamment la convocation des souscripteurs pour le versement de la première tranche de 10% de la valeur du logement pour les bénéficiaires du programme 2001 et 2002. Mais depuis, l'attente des Algériens se fait longue et les logements promis en décembre 2003 pour une partie d'entre eux et en mars 2004 pour le reste, n'aura pas été concluante. En effet, après plusieurs mois de retard sur le calendrier, ce sont à peine 1/6e des souscripteurs qui auront la joie d'ouvrir les portes de leurs nouveaux logis. Une bonne majorité est, quant à elle, réduite à attendre encore que la promesse soit tenue. Une déception en fait pour les Algériens qui ont tant espéré disposer de leurs logements quelques années après en avoir fait la demande. En fait, les bénéficiaires ne sont pas les seuls à être déçus de cet état de fait. Même les promoteurs de la formule doivent méditer cette occasion quelque peu gâchée. En effet, il est clair que pour une première expérience, l'Algérie n'a pas réussi un coup de maître. Les retards enregistrés dans les livraisons du programme 2001, risquent de donner un sérieux coup à la crédibilité d'une formule, à l'origine pourtant d'un immense espoir, que ce soit au niveau des couches moyennes de la société ou des sphères dirigeantes qui ont misé sur la location-vente pour redorer le blason terni de l'administration. Cela dit, de nombreux spécialistes du domaine relèvent que malgré les insuffisances constatées et qui ont conduit à cette situation, il n'est pas trop tard d'y remédier dans le futur. Une expérience, même malheureuse, peut être capitalisée de sorte à ne pas commettre les mêmes erreurs. Ainsi, aussi grand que soit le désespoir des uns et des autres, il est tout de même permis, assurent les spécialistes, d'entrevoir un bel avenir à la formule location-vente, à condition de corriger les imperfections remarquées pour le programme 2001. Il reste, en effet le programme 2002 et le très important chantier que lancera la Cnep dans les mois à venir. Dépassant le simple cadre strictement social, la situation présente de la formule location-vente a toutes les chances d'interpeller le président de la République en personne qui, à travers le lancement de cette formule a gagné en sympathie auprès de l'opinion publique nationale. Cette dernière le tiendra sans doute pour responsable en cas d'échec de la démarche. Autant dire donc que si la déception de nombreux citoyens n'est pas été prise à sa juste mesure par les pouvoirs publics, l'Algérie fera un énorme bond en arrière en matière de confiance gouvernants-gouvernés.