La livraison des logements piétine et les responsables cafouillent tandis que les bénéficiaires ressentent un vif dépit. Cinq mille logements sur les 20.000 inscrits au programme de 2001, est le nombre insignifiant d'unités livrées jusqu'à présent. En d'autres termes 15.000 souscripteurs sont toujours en attente de leur appartement qu'ils ne verront pas de sitôt, puisque plusieurs chantiers sont à l'arrêt et que d'autres n'ont pas encore démarré. Ce simple calcul mental renseigne sur l'incapacité de l'agence à honorer ses engagements vis-à-vis de ses clients qui commencent à perdre patience et se disent lésés par le non-respect du calendrier. L'opération lancée en grande pompe, il y a quatre ans, a tout l'air d'être un véritable fiasco au regard des retards dans les délais de livraison et de construction. Ce qui devait être un palliatif à une crise de logement aiguë n'est de toute vraisemblance qu'un cautère sur une jambe de bois. Ce constat peut se faire de visu et il n'est point démenti par les récentes sorties des responsables qui cafouillent et ne savent plus comment démêler cet imbroglio. Les retards enregistrés dans la livraison des logements commencent à ébranler sérieusement le moral des souscripteurs qui trouvaient dans la formule un exutoire et un espoir de posséder enfin un toit. Ces derniers sont compris dans une catégorie qui d'un côté, n'ouvre pas droit au logement social et d'un autre ne disposant pas d'un compte en banque conséquent pour acquérir une habitation décente que propose le marché immobilier. Il est aussi troublant de constater que l'organisme continue de fonctionner depuis 2003 avec un directeur général intérimaire qui n'a donc pas les coudées franches pour prendre les décisions importantes qui s'imposent. Ce dernier, a dans une déclaration récente à l'APS fait savoir que «la livraison des 20.000 logements du premier programme, qui devait se faire avant la fin de cette année, connaîtrait un petit glissement sur l'année 2005, notamment pour les sites de Boumaâti, Ouled Fayet bis, Souidania et la Concorde.» Il n'a donné aucune autre précision quant à la date exacte de la remise des clés se contentant d'un vague «incessamment». Ce qui n'est guère rassurant pour les concernés. Idem pour une partie du second programme que M.Kamel Maïche a affirmé qu'elle sera livrée prochainement. Le même responsable a insisté sur le fait que «des inspections régulières des chantiers sont effectuées afin de suivre pas à pas l'évolution des travaux». La situation est loin d'être reluisante car sur le terrain , la réalité est tout autre. Le dispositif de gestion mis en place ne fait pas correctement son travail et on a pu constater des actes de vandalisme ciblant des sites, tels celui de Bab Ezzouar II qui est toujours en chantier. La colère gronde dans certaines bases-vie, notamment celles des manoeuvres n'ayant pas perçu leurs salaires depuis des mois comme c'est le cas de nombreux Chinois qui ont préféré retourner dans leurs pays ou travailler chez des particuliers. La main-d'oeuvre que les pouvoirs publics n'arrivent pas encore à assurer, est un écueil important qui s'ajoute à la panoplie de problèmes auquels sont confrontés les responsables de l'agence. Les informations fournies par l'Aadl, indiquent que 4789 logements en location-vente ont été livrés au niveau national, durant le premier semestre 2004 en exécution des deux programmes 2001 et 2002. Face à l'impossibilité pour l'organisme de réaliser son programme, la Cnep a été sollicitée pour être un partenaire qui apporterait une aide technique vu son savoir-faire. Rappelons que 35.000 logements Cnep ont été affectés en faveur des bénéficiaires de la formule location-vente. L ‘esprit même de l'Aadl est ainsi dévoyé car ce programme devait en outre résorber la crise du logement et constituer également une architecture à travers les fameuses tours qui trancheraient avec les constructions hybrides qui prolifèrent sans aucune vision ni culture urbanistiques. Le succès spectaculaire prédit à cette grandiose opération n'est finalement qu'un énorme flop.