Soltani, le candidat des islamistes? Pour sauver les apparences, le pouvoir cherche une présence pour la figuration d'un candidat islamiste, même à titre indépendant. La perspective d'une élection présidentielle sans représentants de la mouvance islamiste fait peur au pouvoir. Après la décision du Mouvement de la société pour la paix (MSP) de Abderrezak Makri et celle du Front pour la justice et le développement (FJD) de Abdellah Djaballah de boycotter le scrutin du 17 avril prochain, le pouvoir a paniqué. Pour sauver les apparences et imprimer une certaine crédibilité à cette élection, il cherche une présence pour la figuration d'un candidat islamiste, même à titre indépendant. «Devant l'impossibilité de manipuler Djaballah, le choix est porté sur l'ex-président du MSP, Bouguerra Soltani, avec lequel les négociations ont commencé juste après la décision de son parti de boycotter l'élection», assure une source bien informée. La même source rappelle, à juste titre que Bouguerra Soltani a été reçu par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, au Palais du gouvernement au lendemain de la réunion du conseil consultatif du MSP qui a décidé de boycotter la présidentielle. Il est vrai que M.Soltani avait entretenu l'espoir d'être désigné par le conseil consultatif comme candidat du parti. Tel n'étant pas le cas, les calculs sont faussés. Mais le système politique n'est pas prêt à organiser une élection sans la mouvance islamiste qui est ancrée dans la société. Une telle perspective n'est pas de nature à porter uniquement un coup à la crédibilité de l'élection, déjà entamée, mais elle aura un impact «dévastateur» sur le taux de participation. Pour sauver donc les apparences, «des pressions et même du chantage seraient exercés sur Soltani pour annoncer sa candidature», ajoute la même source. «Pour le moment, il n'y a que la candidature de Ali Benflis qui est sérieuse et qui peut crédibiliser l'élection. Benflis qui dispose de réseaux indéniables, peut paraître comme un concurrent à prendre au sérieux pour le système, mais le système a besoin également d'un candidat islamiste de poids que ne peut représenter que Bouguerra Soltani», explique encore notre source, précisant.que l'élection ne va servir en fin de compte que le système politique. Le président du MSP, Abderrazak Makri, qui a indiqué que la rencontre de Soltani avec le Premier ministre ne posait aucun problème si Soltani a expliqué la position du parti doute-t-il des véritables intentions de ce dernier qui n'a pas caché son ambition? Bouguerra Soltani «à qui la dernière fuite de la Suisse où une plainte a été déposée contre lui a été rappelée» va-t-il céder à toutes les pressions pour se porter candidat et passer outre une décision souveraine du conseil consultatif de son parti? Difficile de répondre pour le moment à ces questions. On le saura dans les jours ou les semaines à venir. En tout cas, la loi électorale accorde à toute personne désirant de présenter sa candidature à la magistrature suprême le délai allant jusqu'au 4 mars prochain pour le faire.