La remémoration et la commémoration sont un devoir envers nos chouhada. La Journée nationale du chahid est une occasion de retourner dans le passé. Une conférence historique sur les chouhada sans sépulture a été animée, hier, par l'association Machaâl Echahid au forum du quotidien El Moudjahid. Cette conférence a été animée par des veuves et des filles de chouhada, qui ont partagé des témoignages poignants, sur leurs maris tombés au champ d'honneur. Le président de l'association, M.Mohamed Abbad, a tenu à faire savoir dans son allocution, que le choix de la journée du 18 février comme Journée nationale du chahid n'était pas un choix hasardeux. Selon lui, la date serait plutôt choisie pour un contexte historique précis, celui de la création de l'Organisation nationale des enfants de chouhada (Onec) le 18 février 1989, à savoir après l'adoption de la loi relative à la création d'associations. La journée du 18 février fut adoptée comme Journée nationale du chahid par l'Assemblée populaire nationale en 1991. Prenant la parole, la veuve du chahid Si Meftah, est revenue sur l'histoire de son mari et son exécution par l'armée française. «Trois jours avant sa mort, il m'a dit je suis fatigué et je vais partir sans revenir», a-t-elle indiqué. Il a été exécuté trois jours après par les balles sifflantes de l'armée française. Pour sa part, la veuve de Ali Rabah qui est tombé au champ d'honneur en 1957, a fait part d' un témoignage particulièrement poignant où elle a raconté comment son mari récupérait les armes qu'on lui amenait au profit des moudjahidine. Quand un indicateur l'a livré à l'armée, selon elle, il avait déjà distribué les armes, et il ne lui restait que son fusil personnel. Ali Rabah a été appréhendé dans son domicile après que ce dernier ait été entièrement encerclé par les paras français. Il a été tabassé sous les yeux impuissants de sa femme, Puis emmené et torturé, «Depuis ce jour-là, on ne l'a plus jamais revu» déplore-elle, tout en pleurant. «J'ai parcouru toutes les prisons à sa recherche, en vain, je ne l'ai jamais retrouvé» a-t-elle dit. Mme Hadji Ouardia, veuve du chahid Rasouri Mohamed de la wilaya de Blida, s'est remémoré les dernières paroles de son défunt mari qui lui a dit avant de rejoindre ses frères au maquis: «Le jour où tu sauras que je suis mort sur le champ de bataille, je te demande de ne pas pleurer». Pour sa part, la veuve de Ali Melah a insisté sur le fait que «la liberté a été obtenue par le sang et non pas par les sous». Interrogé sur le nombre de chouhada sans sépulture, le président de l'association Machaâl Echouhada, Mohamed Abbad, nous a affirmé: «On ne dispose pas de statistiques.»