Tayeb Louh a sonné le hallali. Il n'était pas venu pour écouter des bla-bla-bla, mais pour faire le plein de la situation La délégation ministérielle a constaté la rareté de terrains d'assiette pour les nouvelles juridictions. Jeudi aura été pour la cour d'Alger, cette tentaculaire juridiction à partager en urgence, une journée particulière pour les magistrats, greffiers et autres auxiliaires de justice et partenaires d'envergure tel le bâtonnat d'Alger, savamment représenté par Maître Abdelmadjid Silini que Tayeb Louh, le ministre de la Justice, garde des Sceaux a salué avec beaucoup de chaleur. Le ministre était, malgré le temps maussade, ravi de visiter la cour. Il était flanqué de son staff mené par les Amara, Aït Aoudia, Tayeb Belhachem Derrar, le directeur des moyens généraux, Mokhtar Felioune, le directeur de l'administration pénitentiaire Akka, le directeur «gâté» de la modernisation, le Dr Chafaï, le directeur général du Centre de recherche judiciaire et juridique (CRJJ) un maillon capital dans l'écrin du programme de la réforme. C'est à 10h45 que la délégation ministérielle arrivait au boulevard Zighoud Youcef où trône la wilaya d'Alger et où Abdelkader Zoukh, le wali de la capitale, entouré des walis délégués et des présidents d'APC de Dar el Beïda, Bir Mourad Raïs et Kouba, avait accueilli les hôtes pour une pause avant de voir le cortège s'ébranler sur le chantier du tribunal de Dar El Beïda qui traîne depuis... 2008 avec sur le panneau accroché au portail du chantier la durée des travaux est de 18 mois sans que l'on puisse relever la date du début des travaux. Une arnaque bien en vue. Sur place, devant des tableaux: probablement pas à jour sur les chiffres du coût total de l'oeuvre, Tayeb Louh a sonné le hallali. Il n'était pas venu pour écouter des bla-bla, mais pour faire le plein de la situation de ce tribunal qui ne veut pas arriver aux finitions et à l'inauguration avant l'entrée en fonction et voir enfin ce bon vieux tribunal d'El Harrach être soulagé. Face aux croquis des tribunaux d'El Harrach, de Bir Mourad Raïs, de Bab El Oued et l'administratif, le ministre a usé d'un ton à la limite de l'ire à la seule écoute des arguments bancals du présentateur des oeuvres attendues. «Les contraintes, oui, je marche et je compatis. Mais il y a des limites à ne pas franchir. Il est impensable de voir de telles réalisations être sous-estimées, voire abandonnées lorsqu'elles ne sont pas négligées. Et je ne veux pas que ce secteur soit le parent pauvre du développement» a martelé Louh qui a ajouté que «certes, le lycée, l'université, l'hôpital sont des priorités, mais n'oublions pas que le tribunal d'El Harrach qui fonctionne depuis 1982 est usé, à la limite du délabrement, «il faut faire en sorte pour qu'El Harrach soit l'objet d'un coup de main avec la prochaine ouverture de Dar El Beïda qui a beaucoup de communes et grosse de localités telles Mohamadia, El Hamiz, Bab Ezzouar, El Djoumhouria et j'en passe» a encore articulé à voix basse Louh. Derrar, le directeur des finances et des moyens généraux est appelé à la rescousse juste après l'intervention de Zoukh, le wali très chaud pour ce qui est de l'accélération des chantiers dont ceux qui relèvent de l'autorité de la justice. Intéressantes, les visites Une brève visite en plein chantier monstrueux tout en béton noir et fer gros calibre a permis au ministre de recommander une rapide reprise des travaux. Puis, le cortège s'ébranla vers le tribunal de Bir Mourad Raïs avec une mention spéciale au service d'ordre tous services confondus qui a ouvert la route de l'axe Dar El Beïda - Zéralda, pas facile à traverser. Les jours qu'Allah fait. Et à Saïd Hamdine, ce fut un accueil des plus chaleureux avec, à l'entrée, les magistrats en robes noires venus saluer un ministre visiblement ravi de voir de jeunes promis à un bel avenir à condition que la formation continue à être à la une de leurs préoccupations. Même si Tayeb Louh ne l'a pas dit, l'étroitesse des lieux a dû le pousser à... pousser un cri de désespoir en voyant une fourmilière évoluer dans un «intestin grèle». L'ordre y était parfait. Djamel Gasmi et Halim Boudra, les deux chefs du tribunal de Bir Mourad Raïs, étaient à jour et le guichet unique fonctionnait normalement comme tous les jours de la semaine. Slimane Brahmi et Belkacem Zeghmati, les deux chefs de cour, jubilaient devant l'intérêt porté par le ministre aux personnels du tribunal. Les avocats eux, libérés momentanément par Samira Kirad, la présidente de la section correctionnelle qui a tenu à être de la réception aux côtés de Fatima Zohra Alloui, Zahia Houari, Yessaâd, Benkhettou Mohamed Lamari, Mourad Belalta, Ali Maârif Mohamed, trimballent, le rabat au vent! Un petit tour, puis s'en va. La délégation se dirigea vers le siège de la cour d'Alger au Ruisseau où une ribambelle de magistrats attendaient, le sourire aux lèvres, Tayeb Louh, pour certains, le fameux compagnon des dures années de lutte pour l'indépendance de la justice. Le plaisir était total. Louh aussi avait un peu envie de mieux regarder ceux qui durant les années 1990 l'avaient soutenu sans contrepartie. Une remarque cependant: ceux de la cour d'Alger qui, fort de leurs position d'adjoints se comportent comme des «bourreaux» poussant la méchanceté jusqu'à faire descendre de jeunes reporters qui tenaient à suivre tout le point de presse donné au guichet unique du bd Emiliano Zapata. Là aussi, après un bref exposé du fonctionnement de la cour et du parquet du Ruisseau donné aisément par Belkacem Zeghmati, le procureur général, devant un auditoire acquis, Tayeb Louh prit la parole devant une trentaine de journalistes pour marteler (encore) que tant que la modernisation n'est pas au rendez-vous, c'est l'échec couronné de toutes les tentatives de réformer la justice. A titre d'exemple, il passera 17 minutes à évoquer la carte judiciaire qui a beaucoup de retard. Il faut que depuis chaque cour, il y ait une carte judiciaire au moins pour établir une «nationale» seul acquis garant dans la modernisation. Il prend deux minutes à mettre en pièces le «sommeil» de telles initiatives et leurs auteurs qui devraient s'y mettre. S'apercevant de la moue éloquente crachée par Belkacem Zeghmati, le procureur général, Louh marmonna: «Je ne vous vise pas vous spécialement!» avant de penser haut: «Il faudra voir avec le secrétaire général comment s'y prendre pour rattraper ce retard car et il est là.» Il élève la voix: «Cela existe ailleurs. Nous n'allons rien inventer, vous savez et c'est simple comme bonjour!» Par contre, Louh n'a pas bronché devant les nombres relatifs aux crimes, délits et infractions, tout comme le bâtonnier, heureux des retrouvailles avec un ministre qui n'aime pas la hogra qu'il combat avec une détermination à briser le marbre gris en automne. La lecture de magistrats A la bibliothèque de la cour, le ministre a eu un intéressant dialogue avec la préposée à la salle de lecture. Slimane Brahmi, le sympathique et dévoué président près la cour, tout heureux que Lemnouar Bengharifa et Brahim Kherrabi n'avaient pas interrompu les audiences des 2e et 11e chambres correctionnelles et l'ordre qui régnait sur tous les étages dont plusieurs ont été empruntés à pied par Louh et son staff suivi du pauvre Abdelkader Zoukh au bord de l'épuisement surtout qu'il avait une visite vers les 15 heures à travers la wilaya. Durant l'échange entre le ministre et les intervenants, la diffusion des arrêts de la jurisprudence a été soulevée. «Il faut publier, les faire connaître car certains arrêts sont importants.» Ce qui fera réagir le Dr Chafaï qui n'a pas hésité à intervenir pour rappeler que les Algériens connaissent mieux la jurisprudence étrangère que la «nationale», en continuant qu'il est malheureux qu'un chercheur fouille dans tout ce qui est étranger plutôt que chez nous. Puis Louh effectua une tournée entre les 9e et 3e étages s'intéressant à la marche des salles de l'informatique. Derrah était encore une fois appelé à la rescousse pour des éclaircissements tout comme Akka, le champion national de la «modernisation» commencée dans d'excellentes conditions par Henni, parti sous d'autres cieux... Mokhtar Felioune, lui, n'a pas ouvert la bouche même pour prendre un verre d'eau car ni Serkadji ni les Quatre-Ha d'El Harrach n'ont été évoqués au moment de l'évocation du nombre d'inculpés, prévenus et accusés en détention... Mokrane, le secrétaire général et Belkacem Boulahia ont joué leur rôle à merveille, allégeant les contraintes nées de pareilles situations surtout que la visite du ministre de la Justice de jeudi était chapeautée par la wilaya à louer pour le sérieux, la préparation de la visite et les facilités accordées aux journalistes fort nombreux pour certains, turbulents et intenables.