L'Egypte a «besoin de sang neuf» a indiqué Hazem al-Beblawi, expliquant sa démission et celle de son gouvernement Abdel Fatah al-Sissi, le militaire égyptien le plus gradé, ministre de la Défense et vice-Premier ministre, devrait lui aussi démissionner, pour «répondre à l'appel» du peuple en se présentant à la magistrature suprême. Le gouvernement égyptien, installé par l'Armée après la destitution de l'islamiste Mohamed Morsi, a démissionné lundi à l'approche de l'élection présidentielle à laquelle son commandant en chef, le nouvel homme fort du pays, pourrait être candidat. Le Premier ministre Hazem el-Beblawi est apparu à la télévision d'Etat pour annoncer la démission de son cabinet dont il a loué le travail en temps de crise, faisant référence à la situation «sécuritaire» et aux difficultés «économiques» que traverse le plus peuplé des pays arabes, entré dans un engrenage de la violence avec la destitution et l'arrestation du premier président élu démocratiquement du pays, renversé le 3 juillet par l'Armée. Depuis, ses partisans sont réprimés dans un bain de sang, de même que toute manifestation de l'opposition, tandis que le chef de l'Armée, le puissant ministre de la Défense et vice-Premier ministre du gouvernement Beblawi, le maréchal Abdel Fattah al-Sissi, architecte de la chute de Morsi, ne cache plus son intention de briguer la présidence. Nommé au plus haut grade de l'Armée et mandaté par l'institution militaire pour répondre à «l'appel du peuple» en se présentant à la magistrature suprême, il devait également démissionner du gouvernement pour annoncer sa candidature. Il ne lui reste plus désormais qu'à quitter l'Armée ou à prendre sa retraite de militaire pour remplir toutes les conditions pour être éligible. L'élection doit se tenir au printemps, selon la «feuille de route» annoncée par l'Armée lorsqu'elle a destitué M. Morsi. Le maréchal Sissi, de loin la personnalité la plus populaire du pays, semble en bonne position pour l'emporter. «Le gouvernement a décidé au vu des circonstances actuelles dans le pays (...) de présenter sa démission au président de la République Adly Mansour», affirme un communiqué officiel du gouvernement, réuni «en urgence» lundi. «Le gouvernement a assumé pendant les six ou sept derniers mois sa responsabilité et son devoir», a souligné M. Beblawi, et «n'a pas épargné ses efforts pour sortir l'Egypte de la mauvaise passe où elle se trouvait». «Ce n'est pas le moment des intérêts personnels, la nation est au-dessus de tout», a-t-il poursuivi, se félicitant de la tenue du référendum constitutionnel mi-janvier, qui avait marqué avec l'adoption de la Loi fondamentale, la première étape de la «transition démocratique» promise par l'Armée début juillet. Avec un pourcentage de «oui» supérieur à 98%, ce scrutin a été boudé par la jeunesse mais a malgré cela mobilisé près de 39% des électeurs. Le porte-parole du gouvernement, dirigé de facto par l'armée, Hani Salah, a affirmé que cette démission avait été motivée par le «sentiment qu'il fallait du sang neuf» au sein du gouvernement. «L'Egypte va de l'avant, cette décision n'aura pas d'impact sur les relations extérieures et sur la stabilité en interne», a-t-il promis, ajoutant qu'il n'avait pas encore été déterminé quels ministres seraient maintenus.