L'ex-chef de gouvernement sous Bouteflika, le Dr Ahmed Benbitour, le premier à se prononcer sur son intention de participer à l'élection présidentielle en décembre 2012, a annoncé, hier, son retrait de la course à l'investiture suprême et sa solidarité active avec les partis qui ont lancé un appel au boycott, en l'occurrence le MSP, le RCD, Ennahda et Jil Djadid. M.Benbitour opte pour le retrait et le boycott, nonobstant qu'il a réuni toutes les conditions nécessaires requises par la loi pour être aux starting-blocks: plus de 85.000 signatures de souscription individuelles à sa candidature ont été exposées, hier, au siège de sa permanence à Belle-Vue sise à El-Harrach (Alger). Ces signatures ont été collectées malgré, dénonce-t-il, «la lourdeur administrative et face à une société civile à peine sortie d'une décennie de violence, elle est déjà écrasée par une autre décennie d'autoritarisme et le fait du prince». Dans sa lecture de l'actualité politique, Ahmed Benbitour note qu'«aujourd'hui la déliquescence de l'Etat est reflétée par le fait qu'un nombre restreint de personnes prennent des décisions au lieu et place des institutions habilitées. Ces entités ont totalement disparu de l'espace politique et administratif». De multiples raisons ont motivé sa décision.«Nous avons travaillé pour que ces élections soient l'opportunité pour un changement pacifique», rappelle-t-il. Cependant, explique-t-il, «tous les canaux et moyens permettant la mobilisation du peuple autour des idées et des actions pour la sauvegarde de la nation algérienne, sont verrouillés». En réalité, affirme-t-il «les urnes en Algérie ne seront qu'un leurre et une piraterie légalement soutenue». Dans son réquisitoire, il a sérié d'autres abus caractéristiques rendant ces élections comme «une rupture du pouvoir avec le peuple», estime-t-il. Il s'agit entre autres, de «l'usage inconsidéré des deniers publics», «le maintien d'un gouvernement dont les membres sont notoirement connus pour leur allégeance au candidat président», «la vassalisation de l'administration» et «la confiscation des médias audiovisuels publics». Devant ce genre de transgression de la constitutionnalité et de la légalité, Benbitour avertit qu'«il ne reste rien d'autre au peuple que le parallèle à l'Etat et la disqualification de tout ce qui émane du pouvoir». Et d'ajouter: «Une fois de plus, les forces de fraude auront pris le dessus sur l'argumentation convaincante.» A une question sur les actions qu'il compte mener sur le terrain, il indique que «son équipe poursuivra son travail de façon à ce que les gens puissent s'exprimer librement y compris à travers des manifestations pacifiques de rue. Et nous serons toujours du côté de ceux qui réclameront le changement pacifique». A travers la longue réflexion menée autour de notre position vis-à-vis de cette élection, il est convenu, fait-il savoir que «notre participation à l'élection présidentielle sera non seulement d'un apport négatif au pays, elle aura un mauvais impact sur notre action politique».