Cette affaire a suscité une vive polémique dans les rangs de la corporation Le caricaturiste est poursuivi pour les chefs d'inculpation suivants: abus de confiance vis-à-vis de son ex-patron et utilisation indue du réseau de l'entreprise qui l'employait. Le sort du caricaturiste, Djamel Ghanem, sera connu aujourd'hui. Le tribunal de première instance d'Oran rendra son verdict dans l'affaire opposant le caricaturiste et son employeur l'ayant poursuivi en justice pour un dessin qui n'a pas été publié. Djamel Ghanem encourt un emprisonnement de 18 mois. Jugé par le tribunal de premiere instance le 11 février dernier, le procureur a, dans son plaidoyer, requis, une peine de 18 mois de prison ferme et une amende de 200.000 DA. Djamel Ghanem, caricaturiste de profession, a exercé pendant de longues années dans le quotidien régional La Voix de l'Oranie. Il a été dénoncé par son employeur dans une affaire peu ordinaire, une caricature qui n'a jamais été publiée. La justice, qui s'est donc autosaisie, s'est mise en branle en convoquant Djamel Ghanem avant de le mettre en examen, après que son propre journal eût porté plainte contre lui pour une caricature portant quelque insinuation sur la santé du chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika. Le caricaturiste est poursuivi pour les chefs d'inculpation suivants: abus de confiance vis-à-vis de son ex-patron et utilisation indue du réseau de l'entreprise qui l'employait. Or, la caricature, objet du litige, n'a été ni terminée ni signée. Son procès a été prévu le mois dernier, il a été reporté par décision du juge, quand celui-ci a constaté l'absence du plaignant, à savoir le directeur du journal. Le 13 novembre 2013, l'ex-caricaturiste de La Voix de l'Oranie a comparu en première instance devant le juge d'instruction, à l'issue de son audition il a été placé sous contrôle judiciaire. Cette affaire a suscité une vive polémique dans les rangs de la corporation la scindant en deux catégories, certains estiment que l'action intentée par l'employeur de Djamel Ghanem n'a pas lieu d'exister. Une rivalité d'ordre financière serait à l'origine du conflit qui oppose les deux hommes. D'autres sont allés loin en indiquant que «l'employeur aurait agi de la sorte en vue de s'attirer la clémence des détenteurs de la manne publicitaire publique». La même affaire a sérieusement secoué la famille journalistique et a poussé le Syndicat national des journalistes (SNJ) à passer à l'offensive en dépêchant à Oran un avocat, maître Dilem, pour prendre en charge la défense de l'accusé, Djamel Ghanem. Lors du procès, tenu le 11 février dernier, la défense réclame «l'acquittement pur et simple». Les internautes ne sont pas restés bras croisés en lançant, dès le 14 février une pétition sur la Toile et autres réseaux sociaux. Quelque 800 signatures ont été récoltées. «Il est proprement scandaleux qu'un caricaturiste soit condamné à la prison ferme, qui plus est pour un dessin qui n'a jamais été publié», s'indigne un internaute. Quelques journalistes, ahuris par l'ampleur de l'affaire, ont, eux aussi, observé un sit-in devant le siège de l'antenne régionale de l'Entv et de l'Enrs. D'autres déboires sont venus se greffer à son histoire. Tout récemment, il a été victime d'une agression perpétrée par quatre jeunes l'ayant violement tabassé. «Ils m'ont demandé de sortir du café avant de s'en prendre à ma personne en me rouant de coups», raconte Djamel Ghanem ajoutant que «les quatre individus ont alors pris la fuite». L'agression a eu lieu en plein centre-ville dans un café de la rue Khemisti. Quatre individus, portant des capuches, l'ont passé à tabac, le frappant dans les parties intimes, et le dos. L'histoire de Djamel Ghanem ne s'est pas arrêtée à ce niveau surtout après que la police soit intervenue. Il indiquera en ce sens que «la police, qui est intervenue bizarrement très vite, m'a embarqué». Et là, dira-t-il, «un autre traitement exceptionnel m'attendait». Des policiers l'auraient empêché de prendre attache avec son avocat. Du moins, c'est ce qui se répand à Oran. Djamel Ghanem a ajouté: «Ils m'ont dit qu'on n'est pas en Amérique ici.» Il prend alors son mal en patience et se rend dans une clinique en vue de soigner ses blessures très douloureuses au niveau de son genou.