Sur le terrain, l'armée syrienne a bombardé hier le bastion rebelle de Yabroud, zone stratégique au nord de Damas. La Syrie a évacué ou détruit un tiers de son arsenal chimique qui doit être détruit aux termes d'un accord international avec Damas, a déclaré hier la coordinatrice de la mission chargée de superviser le processus. «Un tiers des produits chimiques syriens a été soit évacué soit détruit», a déclaré Sigrid Kaag au conseil exécutif de l'Organisation pour les armes chimiques (Oiac). «C'est un bon développement et je compte sur une accélération soutenue et une intensification de l'effort». La Syrie a déjà manqué plusieurs dates intermédiaires pour l'évacuation ou la destruction de son arsenal chimique. Selon un programme approuvé par l'ONU à la suite d'un accord russo-américain, les armes chimiques auraient dû être complètement détruites au 30 juin. Après avoir indiqué récemment vouloir terminer l'évacuation pour la fin mai, la Syrie a proposé une nouvelle feuille de route qui prévoit une évacuation pour la fin avril, a indiqué hier l'Oiac dans un communiqué. Une évacuation fin mai aurait représenté un retard de plusieurs mois, le procédé qui doit permettre de détruire les agents chimiques sur un navire de la marine américaine devant en effet durer 90 jours. Il y a deux semaines, Damas n'avait évacué que 11% de ses agents chimiques, alors que les agents de catégorie 1 et 2 auraient dû être évacués au 31 décembre et au 5 février, respectivement. La Syrie a déclaré posséder 700 tonnes d'agents chimiques de catégorie 1, les plus dangereux, 500 tonnes d'agents de catégorie 2 et 122 tonnes d'isopropanol. Grâce à deux chargements la semaine passée et l'un «d'un volume important» prévu cette semaine, la Syrie aura évacué «plus de 35% de tous les produits chimiques qui doivent être évacués». «Ce pourcentage couvre les 23% de produits de priorité 1 et les 63% de produits dits de priorité 2 évacués à ce jour», a indiqué l'organisation. La Syrie a de plus détruit sur son territoire 93% de son stock d'isopropanol, qui est nécessaire à la production du neurotoxique sarin. «Compte tenu du temps qui s'est écoulé depuis les dates butoir initialement fixées, il est important que la Syrie maintienne le nouveau rythme», a précisé le directeur général de l'organisation, Ahmet Üzümcü. Le 6 février, le Conseil de sécurité de l'ONU avait adressé un avertissement au régime syrien, lui demandant de «respecter ses obligations» et d'accélérer le transport hors de Syrie de ses armes chimiques. Sur le terrain l'armée syrienne a lancé mardi des barils remplis d'explosifs près du bastion rebelle de Yabroud, zone stratégique au nord de Damas, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH, basé en Grande Bretagne). Yabroud est située dans la région montagneuse de Qalamoun, sur l'autoroute stratégique liant Damas à Homs, troisième ville de Syrie. Les raids interviennent au lendemain d'une explosion dans une usine de munitions tenue par le Front al-Nosra, branche du réseau terroriste Al Qaîda en Syrie, dans la province d'Idleb (nord-ouest), a indiqué l'OSDH selon qui l'explosion a tué trois femmes, qui habitaient le secteur. La veille, au moins 15 rebelles ont été tués dans des combats dans la région de Qalamoun, proche de la frontière libanaise, selon l'OSDH. Lundi, le gouvernement syrien avait annoncé la reprise de la localité de Sahel, aux portes de Yabroud. Selon l'OSDH, l'armée a progressé dans des secteurs de la localité. «L'armée est sur le point d'assiéger Yabroud, le plus grand et le dernier bastion des terroristes dans la région du Qalamoun, en prenant le contrôle des collines stratégiques entourant la ville», écrivait hier le journal syrien Al-Watan. Plus de 140.000 personnes ont été tuées et des millions d'autres ont fui leur foyer, depuis le début du conflit syrien en mars 2011.