Des milliers de manifestants sont sortis hier dans les rues de Donetsk, fief du président déchu, Viktor Ianoukovitch Des milliers de manifestants se sont mobilisés hier dans les rues des bastions russophones de l'est de l'Ukraine, alors que les tensions restent vives entre soldats ukrainiens et forces russes en Crimée. A Donetsk, une foule de plusieurs milliers de manifestants s'est rassemblée en début d'après-midi sur la place Lénine, brandissant des drapeaux de la Russie ou de la «Russie de Kiev», berceau historique des Etats slaves d'Ukraine, de Russie et du Bélarus. «Je suis venu de Russie, nous sommes prêts à vous aider. Nous ne vous lâcherons pas», a lancé un homme sans se présenter, immédiatement salué par la foule qui crie «Russie!» et «Poutine!». «Nous sommes des gens pacifiques, nous voulons la paix», a déclaré une retraitée en doudoune et bonnet rose venue manifester. «Nous voulons un référendum pour rejoindre la Russie parce que nous savons que le niveau de vie est bien plus haut là-bas qu'ici. Chez nous, c'est la misère», dit-elle. Alexeï, 37 ans, a, lui, la dent dure contre les régions de l'ouest ukrainien qui «vivent avec l'argent» des régions minières et industrielles de l'est, frontalier de la Russie. «L'Ukraine est une partie vitale d'un grand pays (la Russie), des traîtres nous ont séparés, (l'ancien président soviétique Mikhaïl) Gorbatchev a divisé notre patrie en 15 parties», dit-il en référence à la dislocation en 1991 de l'Union soviétique. Plusieurs centaines de manifestants ont ensuite pris la direction du siège de l'administration régionale, protégé par des dizaines de policiers. Donetsk, capitale du Donbass, un bassin minier frontalier de la Russie, a déjà connu plusieurs jours de tensions entre partisans de Moscou et défenseurs de l'unité de l'Ukraine. Les partisans d'un ralliement à Moscou ont occupé pendant trois jours l'administration régionale et avaient hissé le drapeau russe blanc bleu rouge, avant d'être délogés par la police jeudi. Signe que les autorités prennent la menace au sérieux, la justice a ouvert une enquête sur l' «atteinte à l'intégrité nationale» contre Pavel Goubarev, un homme d'affaires local propulsé leader des pro-russes, au même titre que les dirigeants de Crimée qui ont demandé le rattachement à Moscou. Il avait été arrêté jeudi et risque dix ans de prison. A Kharkiv, autre centre industriel de l'Ukraine, plus de 4.000 manifestants pro-russes manifestaient également samedi dans le centre de la ville en agitant des drapeaux russes ou du «Bloc russe», le mouvement politique pro-russe auquel appartient le «Premier ministre» de la région séparatiste de Crimée, Sergiï Axionov. Dans la péninsule de Crimée, passée fin février sous le contrôle des forces pro-russes et où le Parlement local a annoncé un référendum le 16 mars pour le rattachement de la région à la Russie, une manifestation a réuni 300 partisans de l'intégrité de l'Ukraine. Le chiffre peut paraître faible mais les manifestations anti-séparatistes sont très rares en Crimée. La plupart des manifestants à Simféropol étaient des femmes, sorties «dans la rue avec leurs enfants pour protester contre l'intervention des forces russes en Crimée», selon l'une d'entre elles. Sur la scène diplomatique, malgré d'intenses consultations toute la semaine, Occidentaux et Russes n'ont pas réussi à trouver une issue à la pire crise dans leurs relations depuis la chute de l'URSS. Et alors que chaque protagoniste réfute l'idée d'une nouvelle Guerre froide, la Russie a annoncé hier réfléchir à une suspension des inspections étrangères de son arsenal d'armes stratégiques, y compris les missiles nucléaires, en réponse aux «menaces» venant des Etats-Unis et de l'Otan. Les inspections ont lieu dans le cadre du Traité de réduction des armes stratégiques (START) passé avec les Etats-Unis, et dans celui du Document de Vienne entre les pays membres de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE). Kiev a répété être prêt à «des contacts à tous les niveaux» avec Moscou. Et le nouveau pouvoir a évoqué de nouveau la création d'un «groupe de contact» avec les Européens et la Russie pour trouver une sortie de crise. «Il y a une compréhension par les Russes de la nécessité de créer un groupe de contact», a affirmé le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andrii Dechtchitsa. Vendredi soir, le président américain Barack Obama et la chancelière allemande Angela Merkel avaient évoqué au téléphone «la nécessité pour la Russie d'accepter rapidement la formation d'un groupe de contact», selon la Maison-Blanche..