Vladimir Poutine passe outre les menaces du président américain, Barack Obama. Après le OK du Conseil de la Fédération (Chambre haute du Parlement) à sa demande « d'engager les forces armées russes en Ukraine, jusqu'à la normalisation de la situation politique dans ce pays », il annonce son intention de recourir, au besoin, à la force pour « protéger » la péninsule ukrainienne pro-russe, la Crimée (donnant sur la mer Noire) où est stationnée une flotte russe forte de 20.000 hommes. Plus tôt dans la journée, la Chambre basse du Parlement (Douma) a demandé au chef de l'Etat de « protéger par tous les moyens » la population de Crimée. Le nouveau Premier ministre de Crimée, Sergiï Axionov, que Kiev considère comme illégitime, avait sollicité, lui aussi, l'aide de Moscou pour restaurer « la paix et le calme » dans la péninsule. Une demande soutenue après par le président ukrainien déchu, Viktor Ianoukovitch. A Kharkiv, à l'est de l'Ukraine, des dizaines de personnes ont été blessées en marge d'une manifestation rassemblant 20.000 personnes pro-russes qui ont pris d'assaut le bâtiment de l'administration régionale. Obama met en garde Le président américain a haussé le ton, vendredi dernier, contre la Russie. Il l'a mise en garde contre « une intervention armée en Ukraine ». Il a assuré qu'« une intervention armée en Ukraine » aura « un coût ». « Nous sommes profondément inquiets au sujet d'informations sur des mouvements de troupes entrepris par la Fédération russe en Ukraine », a-t-il souligné. Tout en assurant que son administration « restait en contact avec le gouvernement russe » et reconnaît « les intérêts russes » en Ukraine, M. Obama a, néanmoins, estimé qu'une violation de la souveraineté et de l'intégrité territoriale du pays serait « profondément déstabilisante ». Le président US pourrait même renoncer à participer au sommet du G8 à Sotchi, en Russie, « si les forces armées russes sont présentes en Ukraine ». L'administration américaine continue, toutefois, à plaider pour une solution pacifique. Par la voix de son ambassadrice à l'ONU, Samantha Power, Washington a demandé lors d'une réunion du Conseil de sécurité, vendredi dernier, l'envoi d'urgence d'une « mission internationale de médiation » en Crimée pour « commencer à faire baisser la tension et à faciliter un dialogue politique pacifique et productif entre toutes les parties ukrainiennes ». Piqué au vif, le Sénat russe monte au créneau. Il annonce qu'il demandera au chef de l'Etat le rappel de l'ambassadeur de Russie aux Etats-Unis. Son vice-président, Iouri Vorobev, a fait remarquer que le président Barack Obama avait franchi une « ligne rouge » et « humilié le peuple russe » en déclarant que toute intervention militaire en Ukraine aurait « un coût ». Le Conseil de sécurité a convoqué, hier, une réunion à huis clos. Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne se réuniront, de leur côté, demain à Bruxelles. A Kiev, la décision russe a fait l'effet d'une bombe. L'un des principaux responsables politiques du pays, l'ancien champion du monde de boxe Vitali Klitschko, a appelé le Parlement à proclamer la « mobilisation générale » face à ce qu'il a qualifié d'« agression russe ». Robert Serry, l'émissaire de l'ONU en Ukraine, a annulé sa mission en Crimée en raison des tensions.