Le procès d'une filière de recrutement de combattants pour le jihad en Somalie et en Syrie s'est ouvert hier devant le tribunal correctionnel de Bruxelles, placé sous haute sécurité, en l'absence de trois des principaux prévenus, emprisonnés au Kenya. Dix-neuf Belges -15 hommes et quatre femmes- sont jugés, en principe jusqu'au 21 mars, pour être partis combattre aux côtés des islamistes shebab somaliens, avoir tenté de rejoindre la Somalie ou la Syrie, ou avoir apporté un soutien logistique à la filière en organisant notamment des collectes en Belgique. Ils sont tous accusés d' «appartenance à un groupe terroriste». Parmi les dirigeants présumés de la filière, seul Hassan Khafi, un coiffeur bruxellois de 39 ans, était présent au tribunal. Il a reconnu être parti rejoindre les shebab somaliens, alliés à Al Qaîda, en avril 2011 avec quatre complices. Arrêté au Kenya en mai 2012, il avait été extradé vers Bruxelles un an plus tard. Hier, il a assuré n'avoir «pas participé aux combats» aux côtés des miliciens islamistes. «Les Shebab étaient accueillants mais méfiants. Ils nous avaient pris nos passeports et donc je n'ai pas pu partir plus tôt. Il faisait chaud, on mangeait mal, j'ai été malade,... J'ai rapidement voulu rentrer», a-t-il expliqué, cité par l'agence Belga. Ses trois compagnons ont été interpellés en juillet 2013 à Malindi, au Kenya. Condamnés à un an de prison pour séjour illégal, ils se trouvent toujours en prison au Kenya mais pourraient être extradés vers la Belgique dans les prochains jours. L'un d'eux, Rachid Benomari, considéré comme le plus influent, adressait de Somalie des photos sur lesquelles il apparaissait en armes, brandissant parfois un couteau «pour trancher la gorge des infidèles», relevait hier le journal Le Soir. Selon l'enquête, trois autres Belges ont également vainement tenté, en 2012, de se rendre en Somalie, puis en Syrie, avant d'être arrêtés à Paris sur le chemin du retour. Les autorités belges s'inquiètent depuis des années du départ de combattants jihadistes, d'abord vers la zone pakistano-afghane puis vers la Syrie, plus rarement vers la Somalie. Plusieurs filières ont déjà été démantelées depuis 2001. Six membres d'une cellule de recrutement ont notamment été condamnés en juin 2012 à des peines allant jusqu'à huit ans de prison.