Le HCR tire la sonnette d'alarme sur le bain de sang provoqué par les affrontements entre les shebab et les forces gouvernementales. Plus de 230 civils ont été tués et au moins 400 blessés ces deux dernières semaines à Mogadiscio, lors d'un redoublement des combats entre troupes gouvernementales somaliennes et insurgés islamistes shebab, s'est alarmé hier le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR). «Les combats de ces deux dernières semaines entre le gouvernement de transition et les shebab ont coûté la vie à plus de 230 civils et fait au moins 400 blessés et 23 000 déplacés», estime le HCR, évoquant une «détérioration» continue de la situation dans la capitale. Les islamistes shebab qui se réclament d'Al Qaîda et contrôlent presque tout le centre-sud de la Somalie, ont lancé depuis le 23 août une offensive à Mogadiscio qui leur a permis de progresser en direction du Parlement, à proximité directe de la présidence Villa Somalia. Selon les estimations du HCR, plus de 200 000 personnes ont fui leur maison cette année. Mais en raison d'une insécurité croissante à Mogadiscio et sur les routes somaliennes, «il devient de plus en plus dangereux de fuir» et nombre d'habitants sont «bloqués» chez eux, a indiqué une porte-parole du HCR, Melissa Fleming lors d'un point de presse à Genève. «Quitter Mogadiscio devient en soi de plus en plus dangereux et difficile. Les gens se séparent de leurs derniers biens pour une place dans un bus qui quitte la ville», poursuit le HCR. Les civils somaliens quittent la Somalie pour la région autonome somalienne autoproclamée du Puntland, pour l'Ethiopie, le Yémen ou le Kenya, où 6500 nouveaux réfugiés ont été enregistrés le mois dernier, le chiffre le plus élevé depuis juin 2009. Le haut commissaire des Nations unies aux réfugiés, Antonio Guterres, a entamé hier une visite de trois jours dans ces camps de réfugiés au Kenya, commençant par celui de Kakuma (76 000 personnes, nord-ouest du pays) avant de se rendre à celui de Dadaab, près de la frontière somalienne, réputé être le plus grand camp de réfugiés du monde avec près de 300 000 personnes. à l'ombre de l'Irak et l'Afghanistan 68 000 Somaliens ont fui vers des pays de la région depuis le début de l'année. 614 000 Somaliens au total sont aujourd'hui des réfugiés, et 1,4 million de leurs compatriotes restés en Somalie ont dû fuir leur maison. En proie au chaos depuis la chute du dictateur Siad Barre en 1991, la Somalie est, après l'Afghanistan et l'Irak, le pays qui génère le plus grand nombre de réfugiés au monde, rappelle le HCR. Hier, un procès d'un Norvégien d'origine somalienne accusé d'avoir contribué au financement d'«activités terroristes» s'est ouvert à Oslo. Abdirahman Abdi Osman, 40 ans, est soupçonné d'avoir recueilli 200 000 couronnes (25 400 euros) en 2007 et 2008 et d'en avoir versé 135 000 aux shebab somaliens, selon l'acte d'accusation. Lors de l'ouverture de son procès, il a plaidé non coupable, rapportent les médias norvégiens. Cet homme, installé en Norvège depuis 11 ans, avait été arrêté en février 2008 en même temps que deux autres personnes sur des soupçons de financement d'activités terroristes. Le procès, le premier en Norvège à utiliser une disposition adoptée en 2002 sur le financement des activités terroristes, doit durer jusqu'au 29 octobre. Selon le procureur chargé du dossier, l'accusé encourt jusqu'à 20 ans de prison. Les shebab, qui ont proclamé leur allégeance à Oussama ben Laden, contrôlent presque tout le centre-sud de la Somalie et une grande partie de la capitale Mogadiscio, où d'intenses combats ont fait plus de 230 morts dans la population civile ces deux dernières semaines, selon l'ONU. Le mouvement radical a revendiqué plusieurs attentats sanglants ces dernières années, dont les plus récents en juillet dans la capitale ougandaise, Kampala, ont fait 74 morts.